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Mon Mulhouse2
21 février 2008

Les m….. volent toujours en escadrille


Les m….. volent toujours en escadrille

Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.



Les m….. volent toujours en escadrille

 

Tous aux abris ! Jacques Chirac en avait fait une philosophie prudentissime de l'action politique : « Les merdes, disait l'ancien président, volent en escadrille ». Mais cette fois, c'est Nicolas Sarkozy qui est le chef d'escadrille. Et ça bombarde comme jamais. Au point que les députés UMP en sont tout sonnés et assommés. Ils crient « grâce, pitié, assez ! ». En vain…

Prenez la journée d'hier, mercredi noir en Sarkozie. Ca n'a cessé de dégringoler. Tout à commencer par une énorme bourde-bombe d'Emmanuelle Mignon, la directrice de cabinet, vous savez, celle qui avait signé une note enjoignant aux collaborateurs de l'Elysée de ne pas bavarder à tort et à travers. Eh bien, c'est la même qui a donné une interview à VSD où cette énarque très chrétienne qualifie les sectes de « non problème en France », où elle moque le travail de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui ne feraient rien que publier des rapports, et enfin, elle ajoute qu'on peut s'interroger sur la menace que représente la Scientologie. La secte s'en félicitait, mais la classe politique s'indignait violemment.

En dépit des Mignons et embarrassés démentis, et alors que VSD confirmait les propos tenus, ça s'enflammait à gauche comme à droite. Les parlementaires de tout bord et même les sarkozystes de choc comme Alain Gest s'indignaient d'un tel mépris, d'une semblable méconnaissance de leur travail présent et passé. A moins qu'il ne s'agisse d'une volonté de favoriser le développement des sectes et des religions en France, ce que dénonçaient la gauche, le centre mais aussi la droite avec virulence. Les rumeurs les plus folles de noyautage du saint des saints élyséen, devenu une aumônerie, repartait de plus belle. On reparlait de l'acteur scientologue Tom Cruise qui avait rendu visite à Nicolas Sarkozy au temps où il occupait Bercy. Mais on s'enflammait parce que c'était inflammable.

Mignon avait craqué l'allumette mais c'est Nicolas Sarkozy qui, depuis des semaines, avait allumé le gaz à fond en mettant en cause la laïcité, en vantant les mérites supérieurs des curés et des pasteurs sur les instituteurs, le président de la République française en charge de la neutralité laïque à Rome puis à Riyad avait déjà suscité la polémique en prétendant remettre l'espérance religieuse au centre de la vie publique. Comme si Dieu n'était pas du seul ressort de la vie privée. Ainsi Nicolas Sarkozy avait-il rouvert la boîte de Pandore. A sa suite, Emmanuelle Mignon venait chatouiller sous les bras les fantômes, les spectres des guerres de religion qui semblaient ainsi réveiller par le Château alors que tous les pompiers élyséens porteurs d'eau et de mots courraient au créneau télévisuel pour tenter de verrouiller l'inverrouillable, de circonscrire l'incendie. Sans résultat.

Car d'autres brasiers repartaient. D'autres scandales élyséens éclataient. C'était d'abord la nomination de Christine Ockrent par Nicolas Sarkozy à la direction de l'audiovisuel extérieur, France Monde. Ce n'est pas sa compétence qui était en cause mais son compagnonnage avec le patron du Quai d'Orsay, Bernard Kouchner. D'où un tollé général dans les rédactions qui craignent les conflits d'intérêt et le soupçon de connivence avec le Château. Quand on songe qu'Ockrent était la championne du journalisme indépendant à l'américaine… Et n'était-ce pas Sarkozy qui s'était engagé à revoir le processus de désignation aux postes importants pour la République ?

Mais on n'en avait pas fini avec la monarchie républicaine et ses frasques. Le même jour toujours, on apprenait que Jean Sarkozy, le fils cadet du monarque républicain, se présentait avec la bénédiction de papa aux élections cantonales à Neuilly Sud, dans le fief familial des Hauts-de-Seine. Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP, inquiet des répercussions nationales d'une telle promotion népotiste avait pourtant conseillé au fiston de se « mettre au vert ». Eh bien, le voilà qui bat la campagne en affirmant avec un toupet tout sarkozyste qu'il s'agit bien « d'une candidature mais pas d'une nomination ». Ce n'était pas fini : le soir même, c'était maman Sarkozy, Dadou, qui, à 81 ans, bon pied bon œil malicieux, apportait son soutien au candidat dissident à la municipale de Neuilly, Arnaud Teullé, qu'elle connaît bien, assurait-elle. On se souvient qu'elle avait également souhaité que son fils Nicolas « ne se remariât point », parce qu'elle « en avait marre des mariées ». Voilà, c'est la petite vengeance, la niche de la reine-mère qui ridiculise un peu plus l'Elysée. Eh oui, la monarchie, fut-elle élective n'est pas sans souci.


Jeudi 21 Février 2008 - 11:11

Nicolas Domenach

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