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Mon Mulhouse2
1 janvier 2008

David Naudé, économiste senior à la Deutsche Bank "Il n'y aura pas de krach en 2008"

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Des traders à la bourse de New York, lundi 31 décembre 2007. A Wall Street, le Dow Jones a connu une progression de 6,43 % en 2007. La tendance sur les principales places européennes a été plus terne. | REUTERS/BRENDAN MCDERMID

REUTERS/BRENDAN MCDERMID

Des traders à la bourse de New York, lundi 31 décembre 2007. A Wall Street, le Dow Jones a connu une progression de 6,43 % en 2007. La tendance sur les principales places européennes a été plus terne.

David Naudé, économiste senior à la Deutsche Bank

         
"Il n'y aura pas de krach en 2008"
         

LE MONDE | 01.01.08 | 13h59  •  Mis à jour le 01.01.08 | 14h09
Après un début d'année presque euphorique, les Bourses occidentales ont gommé la majeure partie, si ce n'est la totalité, de leurs gains à partir de l'été. A partir d'août, la crise des crédits immobiliers à risque - les subprimes - aux Etats-Unis, a déstabilisé les marchés. L'indice Standard and Poor's (SP) Global 1200, composé des valeurs vedettes de 29 Bourses de la planète, a gagné 7,74 %, contre un bond de 19 % en 2006. Si, à Wall Street, le Dow Jones a connu une progression de 6,43 %, la tendance sur les principales places européennes a été plus terne, exception faite de Francfort (+ 22,29 %).
David Naudé, économiste senior à la Deutsche Bank, fait le bilan de la situation et dévoile ses perspectives pour l'année 2008, alors que la crise des subprimes menace désormais de se muer en crise économique généralisée.

Avec quelques mois de recul, quelle est votre analyse de la crise financière ?

Cette crise est sévère. Aux Etats-Unis comme en Europe, la plupart des économistes estiment qu'elle est encore plus sérieuse que le krach de 1987, que la crise de 1994-1995 ou que celle de 1997-1998.

Personne n'a vraiment compris ce qu'il s'est passé. Les marchés financiers ont témoigné de leur manque de transparence et de leur ignorance des risques relatifs à ces produits financiers sophistiqués. Les banques ont été très affectées. Et le marché redoute encore la déconfiture d'une grande banque américaine. Aujourd'hui la crise n'est pas finie. Nous sommes dans une situation très instable où tout peut arriver. Ce qui explique la forte volatilité des indices.

Pourtant les marchés d'actions n'ont pas plongé, même si une partie des gains du début d'année a été effacée...

La situation actuelle est très contrastée. La sphère financière est touchée mais le reste de l'économie tient. La croissance est restée robuste aux Etats-Unis. En Europe les chiffres ont été étonnants. En outre les entreprises sont encore en bonne santé, peu endettées et profitables. C'est un contexte très différent de celui de 2001 qui explique en partie la bonne tenue des bourses mondiales.

La situation peut-elle se détériorer en 2008 ?

Nous sommes perplexes. La seule question que l'on se pose en ce moment est de savoir si oui ou non les Etats-Unis vont entrer en récession. Pour l'heure, nous sommes plutôt dans le camp du non. Pour nous l'économie américaine va ralentir sérieusement mais la croissance ne sera pas négative. Nous avons le sentiment que les banques centrales sont déterminées à faire ce qu'il faut pour éviter la contagion de la crise. Elles seront même prêtes à oublier les risques d'inflation.

Comment vont-elles s'y prendre ?

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait baisser son taux d'intérêt directeur de 0,25 point à deux reprises en 2008. Cela contribuera à relancer l'économie. En Europe, nous pensons que la Banque centrale (BCE) fera exactement la même chose car il y aura de très mauvaises surprises sur la croissance de la zone euro. Sur le Vieux Continent il n'y a pas que la crise des subprimes, l'euro fort pénalise aussi les entreprises.

Avec les interventions des banques centrales, mi-2008, la crise et les désordres du marché monétaires devraient finalement s'estomper.

Les marchés d'actions pourraient donc progresser cette année ?

Aux Etats-Unis, l'embellie arrivera certainement mi-2008. En Europe la reprise prendra sans doute quelques mois de plus. En tout cas, il n'aura pas de krach cette année !

En 2007 les Bourses des pays émergents, notamment en Asie, ont été quasiment insensibles à la crise. Est-ce le signe d'un nouvel équilibre mondial ?

C'est une tendance lourde que la crise des subprimes a mise en évidence. Désormais, les pays émergents portent la croissance mondiale. Aujourd'hui, les économies du G7 peuvent ralentir sans que cela affecte l'Inde ou la Chine. C'est d'ailleurs un autre facteur de soutien pour l'économie globale. Fin 2007 la China Investment Corp - le fonds d'Etat chinois - est venue renflouer la banque d'affaires américaine Morgan Stanley pénalisée par la crise. Les Chinois se sont donné un nouveau rôle, celui de sauveur du monde !

En 2007 le pétrole a frôlé les 100 dollars le baril, les prix des autres matières premières se sont aussi envolés. N'est-ce pas le signe de tensions, voire de surchauffe, de l'économie ?

Cette envolée n'est pas inquiétante en soi. C'est le fruit d'une croissance mondiale forte mais les matières premières agissent comme un stabilisateur automatique de la croissance. En montant, les prix auront tendance à calmer la croissance. Au contraire si l'économie ralentissait, les prix des matières premières baisseraient et cela relancerait la machine.

La Bourse allemande a progressé de 22,29 % en 2007 alors que le CAC 40 a fait du surplace (+ 1,31 %). Est-ce l'illustration du manque d'ouverture de l'économie française à la croissance porteuse des pays émergents ?

Probablement, mais les investisseurs se trompent. Il y a un effet d'optique. Si l'on regarde les exportations, les entreprises françaises semblent en effet moins aptes que les allemandes à profiter de la croissance mondiale. Mais la France est une économie de services. L'exposition des entreprises ne se mesure pas via leurs exportations, mais via leurs investissements. Et ces cinq dernières années les entreprises hexagonales ont investi à l'étranger - investissements directs (IDE) - trois fois plus que les entreprises allemandes. Certes, elles n'exportent pas mais, pour être au plus près des marchés en forte croissance, elles s'implantent localement. C'est notamment l'exemple de Carrefour en Chine.

Les entreprises françaises ne sont pas aussi à la traîne qu'on l'imagine. En 2008, le CAC 40 pourrait donc rattraper un peu de son retard.

Propos recueillis par Claire Gatinois

Article paru dans l'édition du 02.01.08.

         

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