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Mon Mulhouse2
18 décembre 2007

Bourse: Euronext a cédé ses bijoux de famille à Wall Street

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Bourse: Euronext a cédé ses bijoux de famille à Wall Street
                                   

      

Le New York Stock Exchange, à Wall Street (Keith Bedford/Reuters).

C'est le dernier épisode qui fait grincer les dents des grands patrons tricolores: NYSE-Euronext vient officiellement de "réinternaliser ses services informatiques". En clair: le traitement informatique des transactions, considéré comme le coeur du métier, jusque-là confié à la société française Atos Origin, quittera l'Europe pour être récupéré dans les mois qui viennent par NYSE Euronext. Moyennant 275 millions d'euros à titre de dédommagement. Six mois après la fusion entre la place européenne et Wall Street, Jean-François Théodore, le numéro 2 de la place boursière, a vendu les derniers bijoux de famille.

Directeur exécutif adjoint de NYSE Euronext, Théodore a confirmé il y a quelques jours dans un communiqué sa volonté de fusionner les deux systèmes informatiques, en cédant les rennes à ses collègues d'outre-Atlantique. Reprendre en direct la technologie donne, selon lui, "une plus grande flexibilité et un avantage compétitif dans un paysage boursier qui évolue rapidement, où la technologie est la clef".

"On nous a fait une promesse un peu légère"

"On s'est fait baiser dans les grandes largeurs", proteste un patron. "C'est lamentable", brocarde un responsable d'entreprise. Car, pour faire passer la pilule de la fusion au monde des affaires français, hostile au scénario NYSE-Euronext, Jean-François Théodore avait promis que le système informatique resterait aux mains des Français. Un engagement destiné à calmer le jeu, alors que beaucoup doutaient que l'opération relevait réellement de "la fusion entre égaux".

CQFD: moins d'un an plus tard, la dernière prérogative qui demeurait de ce côté-ci de l'Atlantique rejoint l'escarcelle de Wall Street.

"On nous a fait une promesse un peu légère", déplore aujourd'hui Gérard de la Martinière, assureur qui s'était exprimé au nom du Medef pour mieux prendre position en faveur de la Deutsche Börse contre Wall Street :

"Nous avions justement protesté à l'époque des négociations en disant que la fusion ne comportait pas assez de garanties. Verbalement, les partisans de la fusion avaient réussi à nous promettre qu'on ne toucherait à rien, et nous présentaient même le système informatique actuel comme une des vertus du deal. En fait, il n'en était rien: c'est une entreprise, qui va évidemment chercher à diminuer les coûts."

"Il fallait être naïf pour imaginer qu'ils garderaient le système français!"

Prévisible, c'est aussi ainsi que Georges Ugeux, pdg de Galileo Global Advisors, voit le fait que l'informatique revienne à 100% dans le giron newyorkais. Lui-même ancien directeur du Nyse, il est basé à New-York mais avait conseillé Deutsche Bose au moment des pourparlers, estimant que le deal avec New York "défavorisait les actionnaires Euronext":

"Il fallait être naïf pour imaginer que Wall Street allait adopter le système français! Les Américains sont, du reste, très centralisateurs, et la maîtrise informatique reste un élément absolument capital, dans un contexte où les bourses sont en concurrence, avec des systèmes de plus en plus sophistiqués qui impactent sur l'efficacité des capacités de trading d'une place."

Outre l'enjeu propre aux systèmes informatiques, que les opérateurs d'Euronext entendaient conserver, c'est en fait une américanisation plus vaste de tout l'environnement boursier que craignent les patrons français.

A commencer par la dimension règlementaire: au moment des passes d'armes pour savoir qui, de Francfort ou de New-York, raflerait la mariée Euronext, c'est la peur de voir le Sarbanes-Oxley Acte et ses contraintes comptables infuser en Europe qui avait largement nourri la préférence des patrons français pour le scénario Deutsche Börse.

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