Vendredi 12 février 2010. Julien Courbet….

Vendredi 12 février 2010. Julien Courbet…. Dans son dernier livre - très - légèrement fictionnel, Jean-Marc Morandini campe le décor de la télévision en mai 2012. Une vision noire mais instructive. Vendredi 12 février 2010. Julien Courbet…. « Vendredi 12 février 2010. Julien Courbet présente un nouvel épisode de son émission. « Tu vas payer » a atteint des records d'audience. 38% de parts de marché sur quatre ans, 49% sur l'indétrônable ménagère de moins de cinquante ans. A TF1, on était aux anges. La mécanique était d'une efficacité redoutable. Chaque mois, en direct, Courbet réglait les cas de dizaines de couples. Des consultations qui ressemblaient à un numéro d'équilibrisme, les avocats présents sur le plateau traitant des affaires sans avoir lu les dossiers. Une façon comme une autre de remédier à l'engorgement des tribunaux ! (…) Le vendredi 12 février (…) il est un peu plus de 21h30 quand Julien Courbet aborde le cas de Stéphanie. - Bonsoir Stéphanie, c'est un drame que vous vivez. Vous avez décidé de faire appel aux équipes de « Tu vas payer » pour tenter de vous sortir de la voie sans issue dans laquelle vous semblez enfermée. (…) - Stéphanie, votre mari Abdel est parti en Angleterre avec vos deux enfants âgés de huit et onze ans. Il refuse de partager la garde avec vous. Nous allons l'appeler et tenter de lui faire entendre raison. (…) En aparté, Julien Courbet nous détaille l'opération prévue. Un journaliste de l'émission, pourvu d'une caméra, doit aller sonner chez Abdel. En direct, il lui demandera de rendre les enfants. La connexion est établie. L'image apparaît sur les écrans. La caméra se promène dans un escalier sombre. Quelques graffiti sur les murs. Au bout du couloir, une porte. On entend Abdel en ligne avec l'animateur. Tout est prêt pour le coup de théâtre ! Julien Courbet donne le coup d'envoi : - Abdel, c'est fini pour vous, toutes nos équipes sont là. Soudain tout va très vite. Abdel entend sonner à la porte. Il pose le téléphone, ouvre. On distingue à l'image son regard effrayé, ébloui par le projecteur de la caméra. (…) En quelques dixièmes de secondes, il prend son élan et se précipite à travers la fenêtre dans un fracas de verre. Huit étages plus bas, un bruit sourd : son corps vient de s'écraser sur une voiture. Au même instant apparaissent dans le champ de la caméra deux enfants en pyjama. Hagards, ils regardent l'équipe de tournage, cherchent leur père et se mettent à hurler. A Paris, panique dans la tour TF1. En régie, le chef d'antenne interrompt la diffusion. Un logo TF1 apparaît sur fond noir. Dix secondes plus tard, un programme de secours est lancé, un épisode des Experts San francisco que la régie garde sous le coude en guise de dépannage. » Faut-il se rassurer ? Le scénario ci-dessus, qui nous débarrasserait durablement de Julien Courbet, n'est pas arrivé. Ou plutôt il est juste arrivé dans le cerveau de Jean-Marc Morandini, le journaliste d'Europe n°1 et le blogueur le plus populaire de France. Mais attention, son livre-fiction est très proche du réel. On y apprend des tas de nouvelles qui nous pendent au nez – la fusion LCI-I-Télé, le rachat de TF1 par Bolloré, la fin de l'édition papier de Libération – même si elles traduisent surtout pour le moment la vision du PAF de l'auteur, suffisamment noire à notre goût. Jeudi 08 Novembre 2007 - 00:02 Philippe Cohen