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9 novembre 2007

Condi Rice "Américaine venue d'ailleurs": la bourde de Sarkozy

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Condi Rice "Américaine venue d'ailleurs": la bourde de Sarkozy
                                   

      

Sarkozy et Rice le 25 juin à l'Elysée (Martin Bureau/Reuters)

Si ça avait été dit par Chirac, on aurait appelé ça une grosse gaffe. Venant de Nicolas Sarkozy, en pleine lune de miel américaine, c’est passé pour une petite maladresse.

Mardi, devant le French-American Business Council à Washington, le président français a cité Condoleezza Rice au milieu d’une liste de personnalités qui ne seraient pas complètement américaines. "Ça fait plus de vingt ans que votre ministre des Affaires étrangères est un Américain venu d'ailleurs". Peu de temps auparavant, devant la communauté française, il parlait de son amour pour l’Amérique, dotée depuis vingt-et-un ans d'un ministre des Affaires étrangères qui n'est "pas américain du canal historique", accordant la paternité de l'expression à Rama Yade. Déjà, le 21 septembre dernier, il avait inclus la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice parmi des “Américains de l’extérieur".

Passons sur la question arithmétique (Madeleine Albright, la première de la liste, a été nommée en 1997) pour creuser ce "canal historique". Madeleine Albright est effectivement née en République tchèque. Les parents de Colin Powell, né à New York, sont des immigrés jamaïcains. Mais les parents, grands-parents et arrière grands-parents de Condoleezza Rice sont des Américains d’Alabama. Le président français voulait probablement faire valoir que les trois derniers chefs de la diplomatie américaine ne sont pas des "white males" (hommes blancs), contrairement à leurs 63 prédécesseurs.

Condoleezza Rice est la première à y être sensible, c’est sans doute la raison pour laquelle le Département d'Etat n’a pas réagi à la boulette. George W. Bush, fils de président, petit-fils de sénateur, a aussi toujours été très sensible aux carrières de ceux qui se sont faits tous seuls. Il a toujours parlé avec fascination du parcours de son ancien ministre de la Justice, Alberto Gonzales, premier hispanique à ce poste, fils d'immigrés qui a grandi dans un trois pièces avec sept frères et soeurs.

Nicolas Sarkozy, fils d’immigrant hongrois, partage cette fascination.

Dans son interview à CBS, il a confié que son père craignait que son nom, Sarkozy, ne soit un handicap en France et qu’il pensait qu'il aurait plus de chances de réussir aux Etats-Unis. Lorsque Arnold Schwarzenegger avait été élu gouverneur de Californie, en 2003, chacun s’attardait sur la reconversion politique du Terminator; Nicolas Sarkozy s’était d’abord montré impressionné par l’élection d’un immigrant autrichien dans le plus grand état américain.

Quand il part à l’étranger, le chef de l'Etat français se compose des délégations vitrine. Le New York Times a bien noté qu'il était venu à Washington "sans épouse mais avec des femmes pour refléter la diversité de son cabinet". Dans la délégation, on compte ainsi Rachida Dati et la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, d'origine sénégalaise, Rama Yade, "que M. Sarkozy appelle sa Condi Rice".

Ironiquement, les deux femmes noires diffèrent sur un point. Rama Yade dit s’être laissée convaincre par Nicolas Sarkozy parce qu’il soutient la discrimination positive. Condoleezza Rice, qui, contrairement à Rama Yade, en a bénéficié, est bien plus ambiguë sur le sujet et a soutenu le gouvernement Bush lorsqu’il a combattu l”affirmative action” appliquée par l’université du Michigan.


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