La gauche de la droite ressemble de plus en plus à la droite de la gauche
La gauche de la droite ressemble de plus en plus à la droite de la gauche
La gauche de la droite, c'est un peu comme au village des schtroumpfs,
en plus compliqué. Les fractions y poussent comme des champignons mais,
pour le moment, impossible de réunir ces chapelles naissantes sous
l'égide d'un seul et même grand schtroumpf. Au départ, il n'y avait
qu'une seule petite maison : La diagonale,
club de réflexion créé par Thierry Coudert, ex-directeur de cabinet du
socialiste Kofi Yamgnane passé au cabinet de Brice Hortefeux. En 2006,
avec quelques transfuges du PS, Thierry Coudert et Brice Hortefeux ont
ouvert cette structure destinée à attirer les « sarkozystes de gauche
», tendance bobos-libertaires. Soirée de lancement aux Bains douches,
site Internet, débats, réunions publiques, … La maison a grandi, le
mouvement prétend aujourd'hui réunir 2000 militants dans toute la
France et s'apprête à lancer une revue. Mais la concurrence est rude.
Car depuis l'été dernier, à côté de chez ces sarkozystes de gauche, un
autre club a ouvert ses portes à l'intention des gaucho-sarkozystes : Les Progressistes, d'Eric Besson.
Bonnet schtroumpf et schtroumpf bonnet ?
Cette autre faction organise des débats et envisage, elle aussi, de
publier quelques opus. Mais n'allez pas confondre cette droite de la
gauche avec la gauche de la droite tendance Diagonale : « parce que nous, la différence, c'est qu'on n'est pas de droite »,
avertit Marc d'Héré, secrétaire général de l'association d'Eric Besson.
Rien à voir, donc. Le parcours de cet ancien militant PS est éloquent.
Proche d'un autre ministre d'ouverture, Jean-Marie Bockel, il était,
jusqu'à l'an dernier, secrétaire général de l'association Gauche moderne.
Mais attention, car là, les choses se compliquent un peu. En effet, le
29 novembre prochain, sous l'égide de Jean-Marie Bockel, Gauche moderne
devient un nouveau Parti politique. Et si, au plan idéologique, Les
Progressistes et Gauche moderne ne sont pas éloignées, les deux
factions clament bien fort leur indépendance l'une de l'autre. Et les
deux assurent n'avoir rien, mais vraiment rien à voir avec La
Diagonale. De son côté, La diagonale se sent, elle, très proche de
Gauche moderne et compte même présenter des candidats aux municipales
sous cette bannière. Pas facile d'y voir clair…
Au village de la gauche de la droite
(ou était-ce la droite de la gauche ?), en plus de ces trois petites
maisons, on trouve aussi de nombreuses dépendances. Les Progressistes
assurent que Bernard Kouchner est un sympathisant de leur mouvement, à
La Diagonale, Thierry Coudert observe avec grand intérêt le parcours de
Jack Lang, et Claude Allègre participe régulièrement aux débats qui
animent ces trois factions. Il alterne avec les membres d'une autre
mouvance à tendance gaucho-centristo-sarkozyste, les Gracques, qui se
revendiquent apolitiques et flottent quelque part dans cet entre-deux
des clivages traditionnels. «
La différence entre les Gracques et nous, c'est que nous voulons
changer la droite de l'intérieur alors qu'eux veulent changer la gauche
de l'intérieur. Mais nous partageons beaucoup d'idées »,
poursuit Marc d'Héré. Question : mais pourquoi tous ces groupuscules
éparpillés qui feraient passer le trostkisme pour un paradis unitaire
ne se réunissent-ils pas ? « Principalement des questions de leadership, décrypte Chantal Bockel, de Gauche Moderne. Mais il faudra bien s'y résoudre. » De
part et d'autre, on espère que Nicolas Sarkozy tranchera et obligera
tout le monde à se regrouper. Et d'ici-là, on s'arme pour les
municipales. Avec un objectif en vue : drainer les voies du Modem,
notamment à Paris. Avec autant de schtroumpfs prêts à se battre sous
les couleurs bleues de l'UMP contre lui, le schtroumpf orange a
peut-être du souci à se faire. Quoique...
Jeudi 25 Octobre 2007 - 00:01
A.B