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Mon Mulhouse2
20 octobre 2007

PS: où sont passés les nouveaux adhérents?

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PS: où sont passés les nouveaux adhérents?
                                   

      

A Paris, le scrutin de désignation des têtes de liste aux municipales a peu mobilisé. Et la bataille des chiffres fait rage.

Meeting de Ségolène Royal à Brest le 4 mai (Jacky Naegelen/Reuters).

Compter les troupes d’une armée défaite n’est jamais réjouissant. Pourtant, malgré la grève et le manque d’enjeu dans la moitié des sections parisiennes, le vote de désignation des têtes de liste PS aux municipales, jeudi à Paris, avait valeur de test.

"Si nous avons une centaine de votants, c’est pas mal, si ça tourne autour de 60, c’est plutôt décevant", signalait Alain Le Garrec, conseiller de Paris et du Ier arrondissement. Finalement, dans cette petite section où deux candidats s’affrontaient, 79 militants se sont déplacés. Il y a un an, lors de la désignation du candidat à l’élection présidentielle, 115 militants avaient voté.

Des estimations très fluctuantes selon les sources

Que les troupes soient nettement moins mobilisées que pendant la campagne présidentielle, personne au Parti socialiste n’en fait grand mystère. Mais c’est l’absence de fidélisation des "adhérents à 20 euros" qui inquiète le plus. Ces derniers avaient rejoint le parti quelques mois avant la désignation du candidat PS à la présidentielle, profitant d'une campagne d'adhésion à prix cassés. Selon certaines estimations, seuls 10 à 30% d'entre eux sont restés.

"Faux", indique le premier secrétaire de la fédération de Paris, Patrick Bloche. Selon lui, 50% de ceux que l’on appelle encore les "nouveaux adhérents" ont repris leur carte:



Un optimisme que ne partage pas François Vauglin, secrétaire de la section du XIe arrondissement, dont Patrick Bloche est adhérent. Selon ses estimations, seuls 15 à 20% des "adhérents à 20 euros" ont renouvelé leur adhésion, alors que 60 à 70% des anciens l’ont fait:



Des chiffres invérifiables, la faute au complexe système électoral interne

Problème: pour connaître le nombre exact d’adhérents à 20 euros qui ont repris leur carte, il faudra sans doute attendre l’année 2009! En effet, un militant socialiste fait partie du "corps électoral" de sa section jusqu’à un an et demi après la fin de sa cotisation...

Et pour gonfler leurs chiffres, les partis radient rarement les mauvais payeurs. Résultat: dans toutes les sections, l’écart entre le nombre d’inscrits et le nombre de suffrages exprimés le 18 octobre est impressionnant.

Dans la plus importante section, celle du XIe arrondissement, où un seul candidat était en lice, le ratio s’établit à 238 votants sur 1900 inscrits. Même constat dans les sections où plusieurs candidats s’affrontent: dans le XVIe arrondissement, qui a connu une vague d’adhésion très forte en 2006, on compte seulement 144 votants pour 705 inscrits; dans le Ier arrondissement, le ratio est de 73 pour 200.

La comparaison entre le nombre de votants et d’inscrits confirme la tendance: la majorité des adhérents à 20 euros ne semblent pas avoir repris leur carte. Difficile cependant d’en tirer un enseignement plus précis.

Autre indice: la comparaison des taux de participation des deux derniers scrutins internes. Le 16 novembre 2006, environ 14 500 militants ont voté pour départager Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Le 18 octobre 2007, seuls 4 259 militants socialistes se sont déplacés...

Pour Patrick Bloche, "ces scrutins ne sont pas comparables". Non seulement parce que les enjeux sont différents, mais surtout à cause des trois critères que devait remplir tout votant:

  1. Etre adhérent depuis plus de six mois au parti socialiste
  2. Etre inscrit sur une liste électorale à Paris
  3. Militer dans une section parisienne

Cette complexité embrouille même le premier secrétaire fédéral, qui dit ne pas connaître le nombre de votants potentiels:



"L'adhésion à 20 euros n'était en fait que l'achat d'un droit de vote"

Certains, au Parti socialiste, y voient une réponse purement stratégique. Un militant fabiusien, pour qui "l'adhésion à 20 euros n'était en fait que l'achat d'un droit de vote", analyse:

"Les dirigeants du parti sont embarrassés: s’ils reconnaissaient publiquement que les nouveaux adhérents n’ont pas renouvelé leur carte, ils justifieraient la thèse soutenue par les fabiusiens et les strauss-kahniens de l’illégitimité de l’investiture de Ségolène Royal"

Pour Sylvie Wieviorka, tête de liste dans le IIe arrondissement, ces départs ne doivent d'ailleurs pas être analysés comme un échec du parti:



Les bleus du parti à la rose voient rouge

Parfois mal accueillis, souvent déçus par le jeu politique, la plupart des adhérents à 20 euros ont rapidement perdu leurs illusions. Telles sont les conclusions de l’étude menée par Rémi Lefebvre, maître de conférence à l’université de Lille II:

"Ceux qui restent, c’est soit qu’ils avaient déjà une culture politique et étaient impliqués dans un réseau syndical ou associatif, soit qu’ils se sont reconstitués en groupe, ce qui leur permet de se sociabiliser à l’intérieur de la section."

Dans la 11e section, c’est précisément ce qu’il s’est passé. Un petit groupe d’adhérents à 20 euros, qui militent avec ferveur et aiment se retrouver. Ensemble, ils veulent endiguer le reflux, en organisant des réunions réservées aux seuls nouveaux adhérents.

Car même après avoir payé leur cotisation à plein tarif, les adhérents de la campagne présidentielle ne sont pas vraiment des militants comme les autres: il sont toujours considérés comme des "nouveaux". Une appellation péjorative, synonyme de militantisme "light" et consumériste. Mais pas pour tous, comme l'explique Samuel, un de ces bleus.



En partant à la recherche de ses adhérents perdus, le Parti socialiste pourrait bien être confronté à un choix de fonctionnement fondamental: rechercher sans cesse la fidélisation des nouveaux adhérents, ou adopter le modèle des socialistes italiens: distinguer entre ceux qui militent dans le parti, et ceux qui votent lors de la désignation des candidats aux scrutins majeurs.

Une section parisienne du Parti socialiste (Lise Barcellini/Rue89).

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