Le vrai métier de Sarko : manager !
Le vrai métier de Sarko : manager !
« Un patron au contact direct », « un fin négociateur », un « Pdg en CDD de l'entreprise dont nous sommes tous les actionnaires »… le numéro de Management
du mois de mars se penche sur un chef d'entreprise un peu particulier :
Nicolas Sarkozy. Pas moins de 22 pages lui sont consacrées, calées
entre un portrait de la dirigeante de Concorde Hotels & resorts et
un autre du Pdg du groupe LaSer. Tout au long du dossier, une armée de
coaches, consultants et DRH commentent les méthodes d'un Président « polychrome et multitâche » (sic). Et l'on découvre, au fil de la lecture, que Sarkozy a recours à des techniques très « business » : « benchmarking » des idées politiques, « focus group » pour tester la popularité des réformes auprès de panels de consomm… pardon, de citoyens, équipe de conseillers en forme de « comité de direction ».
On apprend même que notre Pdg national a fait appel à un prestigieux
prestataire, le Boston consulting group, pour rendre plus attractif son
projet présidentiel. En somme, il était logique que Sarkozy, qui
organise l'Elysée comme un cabinet d'audit, soit sanctifié dans le
premier magazine de management.
Bien gérer son stress
Seul hic, ce dossier, assez élogieux, a sans doute été élaboré avant
que Sarkozy ne dévisse à grande vitesse dans les sondages. La
périodicité du magazine ne lui a pas non plus permis de prendre en
compte les événements récents. Evidemment, après l'affaire du Salon de
l'agriculture, les éloges du très médiatique consultant George
Chétochine sur la « capacité à rebondir sur une réaction de la salle » de Nicolas Sarkozy perdent un peu de crédit. Lorsque la salle se fend d'un « touche-moi pas », on a pu voir depuis les limites des « rebondissements » présidentiels.
Merci patron !
Autre curiosité : les grands patrons appelés à « évaluer les compétences » de
Sarkozy. Parmi eux, on trouve par exemple Pierre Kosciusko-Morizet,
fondateur de Priceminister et frère de la ministre de l'Ecologie (déjà
présent sur le plateau de Béatrice Schoenberg). Sans surprise, il loue « l'énergie, la capacité de travail et la vivacité »
du chef de l'Etat. Viennent ensuite les panégyriques de Dominique
Desseigne, président du groupe Lucien Barrière et propriétaire, entre
autres, du Fouquet's (« très réactif », « capacité d'écoute », « curiosité bluffante »), de Laurence Parisot, la présidente du Medef (« sens du résultat et de l'efficacité »), de Maurice Lévy, président de Publicis (« agile, rapide, énergique »), de Bertrand Méheut, pdg de Canal + (« force d'entraînement considérable »). Et même d'Anne-Marie Idrac, alors à la tête de la SNCF, qui assure que « c'est un vrai manager ». Depuis, le manager en question l'a virée pour la remplacer par Guillaume Pépy, mais, comme l'explique très bien Management
quelques pages plus loin dans un autre article, c'est aussi le rôle
d'un bon patron de savoir se séparer de certains éléments quand il le
faut. Enfin, à l'heure où Sarkozy se refuse à « vider des caisses déjà vides »,
on méditera sur le commentaire de Geoffroy Roux de Bézieux, le Pdg de
Virgin (lui aussi sur le plateau de Schoenberg), pour qui le président,
ex-roi de la com' « est davantage un marketeur qu'un financier »...
Vendredi 29 Février 2008 - 00:04
Anna Borrel