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Mon Mulhouse2
8 janvier 2008

Dans les cités britanniques, les gangs d'adolescents s'entre-tuent pour des territoires

lemondefr_grd

Reportage

         
Dans les cités britanniques, les gangs d'adolescents s'entre-tuent pour des territoires
         

LE MONDE | 07.01.08 | 14h26  •  Mis à jour le 07.01.08 | 14h26         

LONDRES CORRESPONDANT

Un adolescent tué d'un coup de couteau, deux autres blessés dont un grièvement, à la suite d'une bataille rangée entre bandes rivales sans doute liée au trafic de drogue. C'était le 5 janvier dans le Larner Road Estate, une barre de HLM sinistre de Erith, dans le sud-est de Londres. Le 1er janvier à l'aube, une bagarre éclatait dans le nord de la capitale, au cours de laquelle un adolescent de 17 ans était mortellement poignardé au thorax.

 

Alors, les policiers en ont assez. Assez de cette violence juvénile qui, en 2007, a coûté la vie à vingt-sept adolescents londoniens, la plupart tués à l'arme blanche. C'est pourquoi Bob Carr, commissaire en chef d'Islington, quartier du nord-est de la capitale particulièrement touché par cette vague criminelle, a réclamé une peine automatique de cinq ans de prison pour tout majeur pris en flagrant délit de possession d'un couteau. Les associations de protection de la jeunesse - à l'instar de Knives Destroy Lives Campaign ("les couteaux détruisent des vies") ou Mothers Against Guns ("les mères contre les armes à feu") ont apporté leur soutien à la proposition du commissaire de Scotland Yard.

Le phénomène, qui frappe les quartiers à problèmes des grandes villes anglaises, a été baptisé postcode lottery (la loterie du code postal). Il ne s'agit pas d'une révolte contre les institutions, l'école ou la police. Les "sauvageons" version britannique s'attaquent à d'autres adolescents pour le contrôle de leur cité.

D'après les experts, même si la majorité des assaillants comme des victimes sont d'origine antillaise ou africaine, le territoire transcende la race ou la religion. "La violence des batailles de gangs à Londres a toujours existé, mais c'est leur intensité qui est nouvelle. Les jeunes criminels portent non seulement des couteaux à longue lame, des cutters ou des hachettes mais aussi des revolvers pour défendre un prétendu territoire, comme si c'était la seule chose au monde qu'ils possèdent", explique le commandant Shaun Sawyer, l'un des chefs de l'anti-gang de Scotland Yard. Cette délinquance sévit dans des quartiers populaires en voie d'embourgeoisement où cohabitent sans se mêler jeunes chômeurs et professions libérales, à l'instar d'Hackney, d'Islington ou d'Enfield.

La plupart des incidents surviennent lors de manifestations sportives ou de concerts, devant les boîtes de nuit, pendant des soirées privées et aux arrêts de bus. "C'est Orange mécanique. Ils pensent jouer dans un film de gangsters. Ils ne parviennent plus à faire la distinction entre la réalité et la fiction", s'alarme Harry Fletcher, responsable du syndicat des éducateurs sociaux, en dressant un désespérant constat d'impuissance.

Dans un entretien au Sunday Telegraph publié au lendemain du drame d'Erith, la ministre de l'intérieur, Jacquie Smith, s'est engagée à mettre en place un dispositif musclé pour combattre le trafic qui alimente les cités en armes. Pour le gouvernement travailliste, il y a urgence à agir : selon un sondage, deux Britanniques sur trois estiment que le Labour a échoué sur le plan de la lutte contre l'insécurité.

Marc Roche

Article paru dans l'édition du 08.01.08.

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