Bové en grève de la faim: coup de pub ou légitime résistance?

Bové en grève de la faim: coup de pub ou légitime résistance?

                                   

Par Zineb Dryef (Rue89)    19H36    05/01/2008       

Agaçant, inutile, ultramédiatisé, minoritaire... Les adjectifs qualifiant José Bové ne sont pas toujours tendres. Au sein même de la rédaction de Rue89, la décision de traiter le sujet a animé les débats pendant quelques heures. Coup médiatique? Fausse grève de la faim?

"Je bois un coup et je vous rejoins." Comprenez: un verre d'eau. Installé dans le café jouxtant les locaux du Ministère de la crise du logement, José Bové s'entretient avec d'autres faucheurs volontaires venus le soutenir à Paris. Seize militants opposés aux OGM se sont ainsi installés rue de la Banque, devenue le haut lieu des "actions de résistance" médiatiques, pour suivre une grève de la faim.

En dehors de Paris, à Bordeaux, Lille, Clermont-Ferrand et "bientôt ailleurs", promettent les partisans de José Bové, des groupes de grévistes de la faim se mettront progressivement en place, pour donner à leur action l'ampleur médiatique nécessaire. Chloé, 31 ans, retourne ainsi dans l'Aude la semaine prochaine pour y poursuivre sa grève de la faim. Elle pense maintenir "normalement" son activité professionnelle. Un autre militant se plaint, lui, d'avoir "la tête comme de la compote".

Certains se sentent déjà fortement éprouvés par une journée de jeûne et restent allongés sur les matelas disposés dans une pièce du premier étage de l'immeuble. Tous déclarent être décidés à aller jusqu'au bout. Une cause pour laquelle ils sont prêts à mourir? Chloé affirme être prête à continuer sa grève jusqu'à l'hospitalisation, quand d'autres tempèrent:

"Il n'est pas question de faire des martyrs. Dès que la santé d'un des grévistes sera en danger, il recommencera à s'alimenter."

A ceux qui lui reprochent d'être minoritaire mais surmédiatisé, le leader altermondialiste répond tranquillement, en avançant des résultats de sondages indiquant l'hostilité des Français à l'égard des OGM:

L'ancien porte-parole de la Confédération paysanne estime que le Grenelle de l'Environnement a trahi les citoyens, le gouvernement ayant décidé le simple gel des cultures OGM jusqu'au 9 février. Tant que la France n'activera pas la clause de sauvegarde lui permettant d’interdire un OGM autorisé au plan communautaire, José Bové et ses troupes ont annoncé la poursuite du mouvement.

La Haute autorité sur les OGM planche actuellement sur les conditions de mise en œuvre de la clause de sauvegarde concernant le maïs Mon810 et rendra ses conclusions avant la fin du mois de janvier.