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Mon Mulhouse2
14 décembre 2007

Condamné à perpétuité, Yvan Colonna fera appel

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Condamné à perpétuité, Yvan Colonna fera appel
                          

 

Ce qui devait arriver arriva. Après cinq heures de délibéré, la cour d’assises spéciale de Paris a rendu son verdict: Yvan Colonna est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans peine de sûreté. Ses avocats ont annoncé qu’ils feront appel de cette décision.

A l'énoncé du verdict, les proches de l’accusé, sa famille, s'effondrent en pleurs. Assommés. Le père, Jean-Hugues Colonna, encore plus abattu que les autres, met longtemps à s'en relever. Côté partie civile, la fille de la victime, Marie-Christophine Erignac, ne peut contenir ses sanglots. C’est désormais officiel: Yvan Colonna est coupable de l’assassinat de Claude Erignac.

La tension, palpable depuis l’ouverture de ce procès, est brusquement montée dans l’après-midi, tandis que les sept magistrats du jury de la cour spécialement composée délibéraient. Cinq heures durant, la foule des curieux et des intéressés s’est agglutinée au pied de l’escalier menant à la chambre d’assises.

Bientôt, une vingtaine de gendarmes prennent position sur les premières marches pour contenir un possible mouvement de masse. D’autres pandores bloquent les accès par les couloirs du Palais de Justice à grand renfort de barrières métalliques. Dans l’imposante ruche des journalistes, l’attente accouche d'estimations qui deviennent vite des rumeurs. L’impatience guette. Soudain, un présage: la presse est autorisée à rentrer. Le dénouement approche.

"Ne pleurez pas"

La cloche retentit à 19h20, alors que la famille Erignac et ses avocats se font encore désirer. Dans l’intervalle, un silence inquiet a gagné l’assistance, les visages se sont crispés, les derniers sourires se sont estompés. L’heure est grave.

Quand la cour s’installe, on épie les signes annonciateurs, le coup d’oeil à l’accusé qui trahirait un acquittement ou le regard fuyant qui se détournerait de celui qu’on ne peut dévisager sans éprouver de remords. Mais rien. Le mystère demeure.

Au moment de se rasseoir, le président Dominique Coujard demande à l’accusé de rester debout. Yvan Colonna écoute son verdict les bras croisés sur le torse:

"Aux trente-six questions sur la culpabilité, il a été répondu oui à la majorité. En conséquence de quoi la cour condamne M. Colonna à la réclusion criminelle à perpétuité."

La cour, qui ne motive jamais ses décisions, ne s’est donc pas prononcée à l’unanimité. Probablement la raison pour laquelle, comme pour Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, la perpétuité n’a pas été assortie d’une période de sûreté, pourtant requise par l’accusation.

Avant qu’on ne le ramène à sa geôle, Colonna lève ses mains menottées vers sa famille, assise au premier rang. Aux proches effondrés, il glisse simplement, en corse: "Ne pleurez pas."

"Le combat ne fait que commencer" 

Stupeur et accablement laissent vite place à la colère. Quelques "liberta!" retentissent dans la salle d’audience, puis à l’extérieur du Palais. Visiblement exaspérés, les partisans du berger expriment leur amertume. Une femme s’exclame: "Bienvenue en République centrafricaine de France!" A côté d’elle, un homme a l’ironie aigre:

"On se sent fier d’être Français! Ils sont tranquilles, maintenant, les métèques vont rentrer chez eux. Les Corses vont rentrer chez eux."

Il est probable qu’ils reviendront, car la défense entend donner suite à l’affaire. "C’est un verdict incompréhensible tant l’accusation nous a paru indigente", s’est indigné Me Gilles Simeoni. Son homologue, Me Philippe Dehapiot, estime que son client "a été condamné au bénéfice du doute".

Pour Me Pascal Garbarini, il s’agît d’une "erreur judiciaire qui est très certainement commanditée par la raison d’Etat". Me Antoine Sollacaro annonce que "le combat ne fait que commencer": "Nous allons faire appel dans les plus brefs délais."

"Ce n’est pas une surprise"

Les parties civiles, elles, se gardent bien d’afficher leur satisfaction. Me Benoît Chabbert, représentant l’Etat, ferait presque preuve de compassion envers le condamné: "Même quand on a plaidé pour, il est lourd de constater un tel gâchis." Me Philippe Lemaire, avocat de la veuve du préfet Erignac, se contente, lui, d’indiquer que la peine prononcée "est à la hauteur de ce qu’était pour elle la perte de son mari".

Me Vincent Courcelle-Labrousee, avocat du frère de la victime, considère que la sanction "est tout à fait légitime et juste par rapport au dossier. C’est une décision qui n’est pas une surprise". La justice est passée. Elle repassera. Dans quelques mois.

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