Quand Le Monde diabolise le référendum sur le Traité
Quand Le Monde diabolise le référendum sur le Traité
Qui veut un référendum sur le Traité de Lisbonne ? La réponse du Monde
a le mérite de la clarté : ce sont les souverainistes et l'extrême
droite. D'ailleurs, c'est Christiane Chombeau, la journaliste
spécialiste de l'extrême droite, qui l'écrit.
Bien sûr, le titre n'est pas faux en soi. Mais en notant
que Paul-Marie Couteaux tout comme Jean-Marie Le Pen et Nicolas
Dupont-Aignant se sont lancés dans une vigoureuse campagne pour
l'organisation d'un référendum, Le Monde désigne implicitement les
éventuels « nonistes de gauche » comme étant à la traîne des nonistes
d'extrême droite. La journaliste reprend en cela la vieille antienne
des « rouges-bruns ».
Son papier prend tout son sens quand on lit celui de Jean-Michel
Normand sur la « conversion » des nonistes socialistes : une partie
d'entre eux, nous annonce-t-il, « basculent en faveur du nouveau traité ». Argument d'Antoine Peillon, chef de file des convertis : «
En 2005, nous avions appelé à voter non au référendum, espérant créer
un rapport de forces qui permettrait de renégocier le traité
constitutionnel dans de meilleures conditions. Cette fois-ci, si le
traité n'aboutit pas, il n'y aura pas de nouvelle renégociation. »
Drôle de cohérence, incompréhensible, sauf pour les journalistes du Monde
: en 2007, Ségolène Royal s'était engagée à proposer un référendum en
cas de rédaction d'un nouveau traité. Pourquoi ne pas réaliser l'unité
du PS sur ce principe-là, de démocratie élémentaire, consistant à ne
pas risquer de faire adopter par le Parlement ce que le peuple a
refusé, quitte par la suite, à appeler à voter oui ? Le rôle d'un
quotidien de référence ne serait-il pas de rappeler que tous les
candidats à la dernière élection présidentielle, partisans du oui ou du
non en 2005, étaient favorables à un référendum en cas de nouveau
Traité ?