Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon Mulhouse2
26 octobre 2007

Grenelle de l'environnement: un final en fanfare

rue89_logo

Grenelle de l'environnement: un final en fanfare
                                   

      

Les ONG ont bien accueilli le discours de  Sarkozy, qui concluait l'ultime table ronde. Récit d'une journée tout en vert.

Personne n'en espérait autant. La table ronde finale du Grenelle de l'environnement s'est achevée en fanfare: le discours de clôture de Nicolas Sarkozy, qui est parfois allé au-delà des attentes des participants, a laissé les membres du Grenelle pantois.

7h30. La journée commence tôt: les 40 participants ont encore beaucoup de sujets à examiner. A 9 heures, accord sur l'objectif de porter à 20% la part de l'agriculture biologique d'ici 2020. 10h30: diminution de 50% des pesticides d'ici dix ans. 11h30: gel des OGM dans l'attente d'une loi, avant l'été.

13 heures. la réforme du Conseil économique et social passe comme une lettre à la poste. Ce n'est pas la mesure la plus spectaculaire, mais c'est une petite révolution pour les associations environnementales puisque désormais, elle sont considérées comme des réels partenaires environnementaux, entrant dans le composition de ce futur CES.

Une grande victoire qui, selon le porte-parole de France Nature Environnement, Arnaud Gossement, n'est pas sans rappeler le Grenelle de 1968:



14 heures. La matinée s'achève sur les problèmes de pollution des mines d'or en Guyane, sujet pour lequel Christian Estrosi, ministre de l'Outre-Mer était présent et s'est exprimé à la presse. Pas d'engagement fort de ce point, mais le nécessaire, c'est à dire l'intensification des recherches:



14h30. Jean-Louis Borloo sort. Le ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables a résumé les points de la matinée, avant de conclure sur le gel des OGM jusqu'en janvier. Janvier? Les négociations portaient plutôt sur une suspension se terminant l'été prochain.

Immédiatement, les inquiétudes pointent. La Confédération paysanne dénonce immédiatement par communiqués de presse un discours à deux vitesses. Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM Greenpeace France, préfère rester patient: "Attendons le discours de Nicolas Sarkozy. On verra alors si Borloo a voulu simplifier pour la presse, ou s'il est revenu sur nos accords."

16 heures. C'est désormais à l'Elysée que tout va se jouer. Sur l'instauration ou non d'une taxe carbone, c'est le Président qui va trancher. La veille, faute d'accord, la mise en place d'une "contribution climat-énergie" a été remise à la décision du président de la République.

José Manuel Barroso est là. Annoncés, devant le président de la Commission européenne, les engagements de Nicolas Sarkozy seront évalués dans une perspective européenne. L'effet d'annonce est-il possible dans ces conditions? Dans un rapide discours, le représentant européen va exprimer son désir de voir la France comme modèle à suivre.

Al Gore est présent également. L'ancien vice-président américain s'exprime plus longuement, pour "féliciter la France et féliciter le peuple français". "We need a Grenelle mondial" ("Nous avons besoin d'un Grenelle mondial"), explique-t-il ensuite, avant d'enchaîner sur une déclaration d'amitié à destination du président français:

"Vous êtes connus dans mon pays comme un ami des Américains (...). Aujourd'hui, vous êtes connu comme un ami des habitants de la planète".

16h30. C'est au tour de ce dernier de s'exprimer. Et son discours va en surprendre plus d'un. Le gel sur les OGM, il l'entérine, allant ainsi à l'encontre de la politique communautaire:



Sarkozy conclut sur la nécessité d'étudier sa création d'une taxe "climat-énergie". Il demande même une TVA à taux réduit sur les produits écologiques, précisant toutefois qu'il est opposé à "toute fiscalité supplémentaire qui pèserait sur les ménages et les entreprises":



Plus surprenant, le Président défend le principe de précaution, pourtant remis en cause par la commission Attali sur la libération de la croissance:

"Je voudrais revenir sur la question du principe de précaution. Proposer sa suppression au motif qu'il bride l'action repose sur une profonde incompréhension. Le principe de précaution n'est pas un principe d'inaction. Au contraire, c'est un principe d'action et d'expertise pour réduire l'incertitude."

André Cicollela, chercheur en santé environnementale et fervent défenseur du principe de précaution durant les groupes de travail, en est resté abasourdi.

Du côté des principales ONG, le constat est le même: "On ne va pas bouder notre plaisir", a expliqué Arnaud Gossement, de FNE:

"C'est un changement de cap clair. Ce n'est qu'un discours, mais notre rôle maintenant n'est pas de critiquer la mise en oeuvre. Il est de pousser derrière pour continuer dans ce sens."

Même son de cloche chez l'Alliance pour la planète. Tous se disent séduits par les ambitions affichées.

19h30. Les réactions politiques tombent. A gauche, le Parti socialiste reconnaît des avancées mais "reste dubitatif", et les Verts se montrent encore plus méfiants: "En matière d'écologie, au-delà des mots, seuls comptent les actes."

20 heures. Invité du journal télévisé de France 2, Nicolas Hulot donne un "18 sur 20" au gouvernement. "Franchement, on est entré dans l'ère de l'écologie. On est passé à l'action. On est confiant, heureux. On donne un prix au carbone qui va permettre des changements de comportement."

Après plusieurs mois de négociations, le Grenelle de l'environnement s'achève dans l'euphorie. Mais tous les intervenants sont bien décidés à surveiller l'application de toutes les mesures annoncées. Et ce débat-là ne tardera pas à commencer.

Publicité
Commentaires
Mon Mulhouse2
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité