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Mon Mulhouse2
29 février 2008

Un ancien du GUD prof à la fac de Poitiers: le Web partagé

Un ancien du GUD prof à la fac de Poitiers: le Web partagé
                                   

      

Depuis le début du mois, l'université de Poitiers est en ébullition. Le 9 février, Benoît Fleury, ex-chef du GUD, un groupuscule d’extrême droite, a été reçu major de l’agrégation en histoire du droit, lui permettant une affectation à la faculté de Poitiers. La présidence, soutenue par les étudiants et enseignants, se mobilise pour empêcher sa nomination. Une polémique qui relance un vieux débat: faut-il tenir compte de l’appartenance politique des professeurs d'université? Sur la toile, les avis divergent. Radicalement.

Dans un communiqué publié lundi, le conseil demande au président de la République de s’opposer à l’affectation de Benoît Fleury à Poitiers. Les étudiants ont adressé une lettre à Nicolas Sarkozy:

"C’est ici le risque d’un trouble certain de l’ordre public. Certains perturberont ses cours, d’autres s’y opposeront. Cette probable polarisation idéologique et physique est susceptible de nous replonger dans des affrontements qu’a déjà connu cette ville dans les années 90.

"Nous en appelons à votre réflexion, et demandons à ce que vous refusiez l’affectation de Benoît Fleury dans le corps professoral français."

Un passé lourd, rejeté par l’université

Benoît Fleury a dirigé le GUD (Groupe union défense) à Assas. Un mouvement violent créé en 1968 et dissous en 2000, connu pour ses positions clairement racistes et antisémites. Dans une interview donnée à l’Echo des Savanes en 1999, celui qui se faisait surnommer "Lord", clamait son idéologie "fasciste, au sens italien du terme", estimant qu’il fallait "rayer Israël de la carte", et revendiquant son admiration pour le national-socialiste belge Léon Degrelle.

Benoît Fleury est aussi un bagarreur. Ce qui lui vaut à plusieurs reprises l’exclusion d’Assas, pour injures racistes, antisémites et agressions. Il écope même de trois mois de prison en 1998, pour avoir attaqué d’autres militants d’extrême droite. Un passé lourd, que l’université de Poitiers rejette en bloc.

En 2000, le leader du GUD semble se calmer. Chargé de travaux dirigés à Rouen, puis maître de conférence à l’université de Montpellier I, ses condamnations sont amnistiées, ce qui lui permet de se présenter au concours pour l’agrégation d’histoire du droit. Chose faite, il se heurte désormais au refus du cercle universitaire.

Sur la pétition mise en ligne sur Internet contre l’affectation de Benoît Fleury, la faculté estime que son affectation "va à l’encontre des valeurs humanistes et républicaines défendues par l’institution".

Douze professeurs de l’école ont de leur côté signé une déclaration publique, dans laquelle ils rappellent qu’ils ne remettent pas en cause la "souveraineté d’un jury de concours", et font valoir leur attachement à leur "discipline et à son rayonnement":

"La loi française, en accord avec le droit européen, réprime les actes et discours racistes, antisémites et négationnistes. Les enseignants d’une discipline à la fois historique et juridique doivent se sentir particulièrement responsables du respect de ces dispositions destinées à protéger la dignité humaine contre la haine et le mensonge".

"L’hypocrisie de l’université"

L’appartenance politique comme critère pour affecter un prof dans une université ? Une vision qui ne fait pas l’unanimité. Pour Philippe Bilger, avocat général près de la cour d’appel de Paris, le passé politique de Benoît Fleury ne doit pas faire exception à la règle universitaire. Il dénonce sur son blog "Justice au singulier", "l’hypocrisie" de la fac de Poitiers:

"Le président de l'université Jean-Pierre Gesson s'est fendu d'une déclaration qui constitue une merveille sur le plan de l'hypocrisie et de la défausse. (…) Abriter le droit, la liberté d'expression sous la morale, c'est les démonétiser, violer leur essence.

"Je préfère le roc des principes aux fluctuations des affinités dans ce domaine fondamental pour la démocratie. Honte sur Poitiers si Benoît Fleury n'y est pas affecté."

Même son de cloche sur le blog Libertés Internet. Jacques Poumarede, professeur d’histoire du droit à l’université de Toulouse I, considère que les principes démocratiques doivent s’appliquer à tout le monde, dans un post intitulé "L’humanisme sélectif de l’université de Poitiers":

"Bel exemple de l’hypocrisie bien pensante et de la démocratie à sens unique. (…) Si Fleury est amnistié et qu’il a cessé de propager des idéologiques racistes et violentes, de quel droit lui interdirait on de jouir des mêmes droits que tout autre diplômé de l’agrégation? La Démocratie, c’est pour tout le monde, ou alors c’est pour personne…".

La reconnaissance de l'extrême droite

Mais ce qui inquiète surtout les étudiants de Poitiers, ce sont les félicitations des groupes d’extrême droite à Benoît Fleury pour être sorti major du concours d’agrégation. Comme s’il était toujours l’un des leurs. A l’exemple du blog de "l’union des patriotes", groupe d’extrême droite, qui présente ses "sincères félicitations", à celui qu’ils appellent leur "camarade":

"Bien connu de nos milieux comme un sympathique petit rat noir d’Assas à la fin des années 90, Benoît Fleury vient de démontrer, une fois de plus, qu’il avait de nombreuses aptitudes intellectuelles, n’en déplaise aux détracteurs bobo-libéralo-gauchistes, amateurs de poncifs débiles: il vient de réussir le très difficile concours d’agrégation de Droit et, excusez du peu, s’octroie même la première place, celle de major. Toute l’équipe d’Union des Patriotes te présente ses sincères félicitations, camarade!".

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