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22 février 2008

Derrière le droit de grève soldé 1000 €, Francis Mer, Safran et l'Etat

Derrière le droit de grève soldé 1000 €, Francis Mer, Safran et l'Etat

Une entreprise du sud-ouest propose à ses salariés de renoncer au droit de grève contre 1000 euros. Le scandale n'est pas forcément où l'on croit.



malias - Flickr

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La grève est un droit depuis 1864. Et ce n'est pas un gauchiste qui l'a établi, mais l'empereur Napoléon III, dit «le petit»… Certains chefs d'entreprises n'ont pas encore compris, ou même admis, que leurs salariés ont des droits. La société GT Logistics, entreprise de transports routier, sise à Ranos (Landes), a ainsi voulu « racheter » le droit de grève de ses 94 chauffeurs qui menaçaient de cesser le travail. Elle propose une « avance permanente de 1000 euros », remboursable en cas de grève. Autrefois Esaü vendit son droit d'aînesse à son frère cadet Jacob pour un plat de lentilles. Aujourd'hui les salariés sont invités à céder leur droit de grève contre une prime, alors qu'il est inscrit dans la constitution depuis 1946. Une cinquantaine de chauffeurs de l'entreprise l'aurait fait. La moitié du personnel a donc renoncé à revendiquer des augmentations de salaires. Exit la grève. On peut, et on doit évidemment condamner le patron de GT Logistics, trouver peu solidaires ces salariés qui préfèrent le chèque à la lutte syndicale. Mais avant de les accuser de vouloir revenir aux âges obscurs du patronat tout-puissant, on se doit d'interroger le donneur d'ordre, celui qui passe commande à GT, et qui n'est autre que Turbomeca.

Le « bon exemple» ne vient pas de n'importe où...
Celui-ci, rappelle le patron transporteur, «nous fait obligation de maintenir une obligation de prestation». Autrement dit : tu livres ma marchandise ou je te coupe les vivres, quelles que soient tes difficultés. C'est donc la pression du client, puissant et riche entreprise de l'aéronautique, qui est la cause première de cet invraisemblable (et probablement illégale) prime de non grève. Et Turbomeca est une filiale du groupe Safran, dans lequel l'Etat est le premier actionnaire, et dont le président du directoire s'appelle Francis Mer, ancien ministre de l'Economie. Safran, comme nombre de ces grands groupes qui se défaussent de leurs problèmes sur les sous-traitants, et en particulier ceux du transport, a aussi une charte d'éthique «maison», qui stipule au chapitre «responsabilité citoyenne» : «Safran favorise et donne à partager le progrès dans toutes ses dimensions : économiques, sociales et culturelles.» Et si les citoyens demandaient des comptes à Mr Francis Mer ?


Vendredi 22 Février 2008 - 00:03

Hervé Nathan

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