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Altruisme et estime de soi Par Bernard Lombard Posté le: Jeu Fév 14, 2008 3:14 pm |
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Au
bureau de tabac où j’étais allé vérifier mon jeu à l’Euro Millions,
j’ai acheté Sciences humaines (alors que je cherchais un magazine
parlant d’avions), car je n’osais pas demander cette vérification sans
contrepartie. Bien m’en a pris, ça me passionne.
Seulement votre article : « Les sources universelles de la justice
« , ne m’a pas entièrement convaincu pour ce qui concerne l’origine de
l’altruisme. Il me semble que vous devriez y ajouter L’ESTIME DE SOI
qui en est un moteur ultra puissant.
Exemple : je travaille dans une multinationale qui considère
n’avoir que des centres de profits, pas des salariés ; et dont la
gestion du personnel est le cadet de leurs soucis, sauf pour poser
leurs exigences. Il n’y a aucun avantage à travailler là : même pas un
comité inter entreprises, alors que nous sommes plus de 350 000, la
mutuelle la moins chère, les salaires les plus bas possibles et il faut
tout faire.
Pourtant, je travaille du mieux que je peux. Les salons et les
banquets dont j’ai la responsabilité sont toujours très bien faits. On
n’en trouve nulle part ailleurs, dans cette chaîne, d’aussi bien
montés, d’aussi propres. Mes collègues le disent, les clients aussi,
dont ceux d’Airbus qui classent notre hôtel en première ligne de
préférence pour organiser leurs journées d’études, même si nous sommes
plus chers que la concurrence.
Ce n’est apparemment pas mon intérêt, car je m’y épuise. De plus
l’entreprise n’est pas habituée à un service de ce niveau. Ailleurs,
elle se contente d’une moindre qualité ; du coup elle ne me remercie
pas. Je m’y sens même menacé par les derniers licenciements.
Oui mais je m’en fous ! Mon plaisir à moi c’est ce travail, car son
expression bien visible me procure cette belle estime de moi et cette
fierté si nécessaires. Mon bénéfice, c’est quand mes pairs ou des
clients montrent leur admiration. Et c’est ce qui me fait rester dans
cet hôtel ; car ils ne sont pas nombreux, ceux qui ont des salons
adaptés et le matériel adéquat pour me permettre d’épater par la
beauté, l’harmonie, la propreté. Ici, dès que je demande une
fourniture, on me la commande. Je peux avoir ce qu’il y a de mieux.
Si cette estime de soi et cette fierté sont qualifiées d’altruisme
par les autres, vu par moi, elle me sont utiles en de multiples
occasions. Elles m’aident à être plus exigeant et donc à atteindre des
buts que je ne viserais pas autrement.
Exemple : je suis en train de finir les vérifications d’un livre
que je trouve formidable. J’y ai travaillé dix ans, cinq heures par
jour en plus de l’hôtel, y inclus les week-ends, vacances et jours
fériés. Il démontre la formation de la pensée l’organisation du mental.
Il permet même d’en faire l’expérience. Or au départ, je n’avais pas
une estime de moi suffisante pour entreprendre une telle œuvre. Il
visait juste à savoir ce que les rêves avaient à m’apporter.
Eh bien je prétends que ce sont cette estime de soi et cette
fierté, qui s’accumulant un peu plus chaque jour, m’ont sans cesse aidé
à me remettre en question, à recommencer encore et encore jusqu’à jouir
de la sensation d’être allé au bout ; jouissance également nourrie de
l’espoir que ce livre aide ses lecteurs à devenir plus cohérents, à
gérer leurs contradictions pour apaiser leurs pensées et actes.
Et ça marche pour tout ! Exemple adapté : hier, alors que je
parlais avec Prince, notre chef cuisinier, j’ai remarqué dans son
bureau, une photo de femme à la plastique impeccable. Je lui en ai
parlé, lui disant que je la trouvais magnifique. Il m’a répondu : oui,
mais je ne gagne pas assez pour me l’offrir. Et c’est vrai, que
certaines femmes font payer très cher le moindre bisou, qu’elles
poussent leurs hommes jusque dans leurs derniers retranchements,
jusqu’à ce qu’ils aient envie de leur mettre des baffes ! Et il faut
avoir beaucoup de bonne volonté pour résister à ça ! seulement, j’en
connais de généreuses, dont ma sœur, qui se font belles par amour pour
leur conjoint, qui se régalent à faire plaisir, à valoriser par leur
beauté, leur intelligence et leur gentillesse, celui qu’elles ont
choisi d’accompagner.
Eh bien, je pense que ce sont elles les gagnantes, car elles sont
gâtées en retour ! Et puis elles aussi en retirent beaucoup d’estime
personnelle et de fierté, émotions qui les propulsent pour atteindre
d’autres buts plus égoïstes.
Or dans votre exemple, donner plus que nécessaire des dix euros à
partager, augmente le sentiment de valeur personnelle, produit estime
de soi et fierté si utiles à l’acceptation de ses plus belles
ambitions. C’est le rôle de l’altruisme, qui n’est que la face cachée
de ces besoins, et cela ne date pas d’aujourd’hui !
Voilà c’est tout.
Que 2008 vous apporte santé, affection, prospérité ainsi que l’amour propre que vous êtes en droit d’exiger… de vous-même. | |