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21 février 2008

Mulhouse : au PS, les anciens contre le «moderne»

Mulhouse : au PS, les anciens contre  le «moderne»

La trahison de Jean-Marie Bockel, leur ex-chef de file devenu ministre et leader de la Gauche moderne, a obligé les socialistes à se reconstruire. Ils font campagne sur le thème de la fidélité.

Envoyé spécial à Mulhouse THOMAS CALINON

QUOTIDIEN : jeudi 21 février 2008

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Bockel-Freyburger, la rupture. C’est le titre du livre (1) publié cet automne par Pierre Freyburger, ex-adjoint PS au maire ex-PS de Mulhouse (Haut-Rhin), Jean-Marie Bockel (Gauche moderne), entré au gouvernement au lendemain des législatives de juin. Cette rupture, Freyburger, 55 ans, l’explique désormais dans les cages d’escaliers, où il mène campagne pour la municipale et les cantonales, à la tête d’un PS en pleine reconstruction.

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Disponibilité. Vendredi, le conseiller général sortant, tendance Gauche socialiste, visitait les immeubles du quartier de la Fonderie pour distribuer son programme de tête de liste socialiste à la municipale, soutenue par le PCF. Son slogan : «Fidèle à Mulhouse, fidèle à mes idées.» Il développe cette thématique palier par palier, en français ou en alsacien. Au troisième étage, une vieille dame ouvre la porte : «Vous savez ce qui s’est passé avec Bockel, hein ? questionne Pierre Freyburger. C’est important qu’il y ait un certain nombre de personnes qui gardent leurs valeurs et ne changent pas de ligne de conduite en cours de route !» Un niveau plus bas, deux retraités s’inquiètent de la disponibilité de Jean-Marie Bockel : «Il est ministre. On ne peut pas gérer à Paris et ici…» Freyburger : «Moi, je m’engage à être un maire à plein temps pour Mulhouse. Il est important que celui qui est élu puisse venir aux réunions de locataires dans les quartiers...» Autre immeuble, sixième étage. Un homme commente du point de vue de l’électeur le changement de cap de Bockel : «Quand vous commandez une tartine de beurre, vous n’avez pas envie qu’on vous serve une tartine de confiture...» Dans ce quartier où il est bien implanté, les habitants savent que Pierre Freyburger a démissionné de ses fonctions d’adjoint au maire en juin, après vingt-six années de cheminement avec Bockel.

Mais les choses ne sont pas claires pour tous, affirme le candidat : «Plein de gens n’ont pas encore compris le positionnement de Jean-Marie. Ils pensent qu’il est toujours de gauche.» «Les gens ne savent pas que Bockel n’est plus au PS. Il y en a même qui pensent que c’est nous qui avons quitté le parti, poursuit Philippe Barrillon (PS), colistier de Pierre Freyburger et candidat aux cantonales. Notre travail, c’est de montrer que l’on est restés sur nos bases, de prouver à ceux qui ont voté Bockel en 2001 qu’il faut choisir Freyburger en 2008, parce que c’est ça, la tradition.» Sur les pas de portes et les marchés, les militants martèlent que Bockel n’est «ni de gauche ni moderne», en référence au parti qu’il vient de fonder. Mais, pour les socialistes mulhousiens, l’entrée de leur chef de file au gouvernement Fillon a été un véritable déchirement, l’amitié renforçant parfois des années de militantisme commun. «L’hypothèse qu’il fasse ce choix était difficilement crédible, explique Philippe Barrillon, militant PS depuis 1990 et collaborateur au cabinet du maire de 1997 à 2001. Il avait pris la direction du comité de soutien fédéral à Ségolène Royal, puis celle du comité de soutien à Pierre Freyburger aux législatives. Jusqu’au mois de juin, c’était une aberration de l’esprit de penser être contre lui ! Il y avait des rumeurs, bien sûr, mais on n’y croyait pas vraiment. Tout s’est inversé en deux jours...»

Flou. Cette «inversion» provoque la division de la section PS de Mulhouse, forte de 240 adhérents. Certains se positionnent d’emblée contre Bockel, tandis que d’autres, autour de la secrétaire de section Michèle Striffler, lui restent fidèles. Parmi ceux-ci, la plupart des adjoints au maire, sauf deux : les conseillers généraux Pierre Freyburger et Gilbert Buttazzoni. Le flou dure tout l’été. Chez les socialistes du «canal historique», on en vient à redouter une manœuvre des «bockelistes» qui consisterait à désigner une tête de liste PS fantoche aux municipales, pour préparer le ralliement au maire et à sa liste «d’ouverture». «Il fallait clarifier la situation et gommer toutes les ambiguïtés, dire clairement qu’on ne peut pas être socialiste et soutenir Jean-Marie Bockel», raconte la première secrétaire fédérale du Haut-Rhin, Catherine Hoffarth. Alerté, le bureau national du PS décide, début septembre, de dissoudre la section mulhousienne. Une initiative radicale suivie d’un processus de réadhésion qui met sur la touche les partisans du maire. «On a demandé aux adhérents de faire presque un acte de foi, en s’engageant à soutenir la liste conduite par un socialiste aux municipales», détaille Catherine Hoffarth. Dans l’opération, la section est rebaptisée, «Jean Jaurès» est remplacé par «Auguste Wicky». «On a voulu tourner complètement la page, explique Yvan Pollack, le nouveau secrétaire de section, âgé de 32 ans et strauss-kahnien : Wicky, c’est le premier maire socialiste de Mulhouse, entre 1925 et 1947. Jean-Marie Bockel va fleurir sa tombe tous les ans, c’est un symbole fort.»

Adhérents. Désormais, affirme Gilbert Buttazzoni, «les militants sont libérés, l’enthousiasme est de nouveau au rendez-vous. Avant, on sentait que le poids de Jean-Marie et de son entourage sclérosait la section». «On sentait aussi les querelles intestines entre courants», se rappelle Catherine Hoffarth, qui se félicite de retrouver une section«renouvelée et rajeunie». Sur les 166 adhérents revendiqués à ce jour, soit 70 % de l’ancien effectif, 67 n’ont jamais été encartés. «Je me suis précipité au PS dès que Bockel est entré au gouvernement, explique Arnaud, 42 ans, l’un de ces nouveaux militants. J’ai toujours eu le sentiment que ce qui l’intéressait, ce n’était pas nous, mais sa petite carrière personnelle.» «On poursuit encore le travail d’explication pour faire revenir les anciens adhérents qui ne sont plus encartés nulle part. Ce qui s’est passé à Mulhouse, c’est terrible, mais il faut regarder le positif, conclut Yvan Pollack. Pour le tractage, le collage d’affiches, les gens sont motivés comme jamais. Pour l’instant, on est complètement soudés derrière Pierre Freyburger. Le but, c’est d’éviter les divisions entre courants et d’arriver à garder cette cohérence au-delà des municipales.»

 

(1) Edité à compte d’auteur.

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