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14 février 2008

Jean-Pierre Raffarin ne croit pas "que les municipales seront mauvaises pour l'UMP"

Jean-Pierre Raffarin a lancé "à bientôt" en quittant l'Elysée, à l'issue du conseil des ministres, le 25 mai. | AP/JACQUES BRINON                          

AP/JACQUES BRINON

Jean-Pierre Raffarin a lancé "à bientôt" en quittant l'Elysée, à l'issue du conseil des ministres, le 25 mai.

      

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Jean-Pierre Raffarin ne croit pas "que les municipales seront mauvaises pour l'UMP"

LEMONDE.FR | 13.02.08 | 10h19  •  Mis à jour le 14.02.08 | 13h14

      

Le vice-président de l'UMP et ancien premier ministre juge "probable" un remaniement ministériel à l'issue des élections de mars. Et si des personnalistés de gauche devaient rentrer dans ce nouveau gouvernement, il préfèrerait les "jeunes espoirs", comme Manuel Valls, aux "vieilles gloires", comme Jack Lang ou Claude Allègre.

Alain bosquet : Quel est votre sentiment concernant la manière dont se déroule la campagne à Neuilly ? Cela ne reflète-t-il pas le profond désaccord qui existe au sein de l'UMP face à la politique menée par Nicolas Sarkozy ? 

Jean-Pierre Raffarin : Le pataquès de Neuilly est d'abord un pataquès local. A Neuilly, le sarkozysme souffre davantage de ses forces que de ses faiblesses. Là-bas, tous les protagonistes sont sarkozystes. Franchement, je ne crois pas que le président ait été réellement mêlé à d'intenses rivalités locales. 

 

free : Les sarkoboys ou girls parachutés sont à la peine dans leur campagne municipale (Dati, dans le 7e arrondissement de Paris, Cavada dans le 12e, sans parler du destin tragique de Martinon à Neuilly...). Les élus UMP grincent-ils un peu des dents autour de vous ? 

Jean-Pierre Raffarin : Il y a, il ne faut pas le cacher, des dissidences. Cela est normal dans la mesure où la fusion de l'UMP a réduit le nombre de nos candidatures.

Cependant, je ne suis pas inquiet pour des têtes de liste comme Rachida Dati qui ont clairement le soutien, l'investiture et l'engagement du parti. Les dissidents joueront, selon moi, un rôle modeste et non déterminant. 

hello : Sarkozy veut-il vraiment une victoire de Panafieu à Paris ? Pourquoi Sarkozy met-il de l'ordre à Neuilly et pas à Paris, où les listes dissidentes de droite se multiplient ? Sarkozy craint-il que Panafieu lui fasse de l'ombre ? 

Jean-Pierre Raffarin : J'ai vu le président hier soir. Il me semble plus mobilisé sur des questions comme le financement de la suppression de la pub dans le service public de l'audiovisuel ou la laïcité que les questions d'investiture. 

Voilà maintenant de longs mois que Françoise de Panafieu est investie. La campagne est maintenant sous sa responsabilité. 

Dolmen : En cas d'un éventuel changement de premier ministre après des municipales qui s'annoncent mauvaises pour la droite, seriez-vous prêt, à la demande du président, à reprendre la place que vous avez occupée à Matignon durant trois ans ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je ne suis absolument pas candidat à cette fonction. On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. 

Je ne crois pas que les municipales seront mauvaises pour l'UMP. Les électeurs se déterminent maintenant, dans les démocraties modernes, dans les derniers jours. Nos résultats dépendront principalement de la mobilisation de notre électorat début mars. Je reste optimiste. 

Naaba :Neuf mois, c'est le temps de gestation chez l'homme, mais c'est également le temps qu'a passé Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Quel est, selon vous, le résultat de ces neuf mois de gestation ? Une cote en berne et qui plonge de manière inédite, une France qui n'a pas confiance en son avenir ou des caisses vidées par un paquet fiscal dont personne n'ose commander une étude pour mesurer son impact ? 

Jean-Pierre Raffarin : Pour moi, ces neuf mois sont marqués par le succès du traité de Lisbonne, par l'accord des partenaires sociaux pour un nouveau contrat de travail, par l'augmentation significative du nombre d'heures supplémentaires en France, ou par l'autonomie des universités. 

Il est paradoxal que l'on apprenne le même jour ces deux nouvelles : chute de 8 points de Nicolas Sarkozy dans le dernier sondage Sofres et baisse de 200 000 chômeurs dans la France de 2007. En termes de bilan, la baisse du chômage l'emportera. 

Adrien : Un remaniement ministériel est-il à l'ordre du jour ? 

Jean-Pierre Raffarin : Nous devons éviter d'enjamber les élections municipales comme si le résultat était acquis. Beaucoup de nos militants sont irrités quand, à Paris, on parle du remaniement d'avril plus que des élections de mars. Gagnons donc mars ! 

Cependant, je n'oublie pas votre question et je réponds : probablement. La décision est entre les mains du président. 

Bree : Il semble que la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy ne passe pas bien auprès des élus UMP. Est-ce vrai ? Qu'en pensez-vous personnellement ? Seriez-vous favorable, par exemple, à l'entrée de Jack Lang ou Claude Allègre dans un prochain gouvernement ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je crois que l'ouverture est plus une question de stratégie que d'opportunisme. Même si je ne nie pas qu'il y a une part d'opportunisme. Et je pense qu'il faut faire de l'ouverture une stratégie pour tout le quinquennat. 

Cela passe à mon avis par un renforcement de la relation entre l'UMP et le centre. Quand on veut ouvrir à gauche, il est difficile de contourner le centre. 

Quant aux personnalités, je préférerais que nous rejoignent des jeunes espoirs plutôt que des vieilles gloires. 

cool : Qui sont les jeunes gloires ? 

Jean-Pierre Raffarin : J'ai de l'estime pour des responsables comme Manuel Valls, par exemple. 

geer : A quoi attribuez-vous la chute de popularité du président quand celle du premier ministre remonte ? situation inédite, le premier ministre étant l'homme qui s'use le plus vite traditionnellement (et vous pouvez en témoigner...). Est-ce un danger pour M. Fillon ? 

Jean-Pierre Raffarin : En s'exposant, en effet, le président de la République donne une nouvelle lecture de nos institutions, dont le résultat est une certaine protection du premier ministre. En effet, avec nos institutions, celui qui s'expose protège l'autre. 

C'est pour ça que c'est vrai que, précédemment, le président était protégé par le premier ministre. La situation aujourd'hui inversée me paraît circonstancielle. 

TheYesNeedTheNo : Que pensez-vous des annonces de Xavier Bertrand concernant le lundi de Pentecôte ? Vous sentez-vous déjugé ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je ne me sens pas déjugé, puisque le gouvernement confirme la journée nationale de solidarité. C'est sept heures de travail données par les Français pour les personnes âgées et les personnes handicapées. C'est plus de 2 milliards d'euros par an. Là était l'essentiel de ma réforme.

Personnellement, je pensais que les lendemains de fête religieuse n'étaient pas nécessairement des jours fériés. Le gouvernement choisit une autre organisation de la journée de solidarité permettant aux salariés de répartir autrement sur l'année ces sept heures de travail supplémentaire. Je n'y vois aucun inconvénient. 

 

kiri : Etes-vous en phase avec la politique étrangère de M. Sarkozy ? Ne craignez-vous pas qu'elle expose la France au terrorisme ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je pense que la France a toujours été exposée, comme toutes les démocraties occidentales, au terrorisme. Le plan Vigipirate est d'ailleurs toujours en vigueur aujourd'hui. 

J'ai accompagné Nicolas Sarkozy en Chine, et j'ai noté de réelles convergences avec la politique de ses prédécesseurs quant à la vision multipolaire du monde.

Le fait nouveau est la décrispation des relations avec l'Amérique. Cela me paraît utile. 

Et sur la politique arabe, je considère que Nicolas Sarkozy a raison de placer la résolution du conflit entre Israël et la Palestine au cœur de toute notre stratégie dans la région. L'existence d'Israël ne peut être remise en cause. La nécessité d'un Etat palestinien non plus. 

Quant à l'Iran, la coopération européenne sur ce sujet me paraît également dans la ligne de notre politique. Il est clair que les menaces répétées par les dirigeants iraniens nous incitent à la fermeté, sans abandonner le nécessaire dialogue des organisations multilatérales. 

Antal : Alors pourquoi une telle confusion dans le dossier libanais (diviser Guéant et Kouchner pour mieux régner et ne rien régler) ? 

Jean-Pierre Raffarin : Le dossier libanais ne peut pas, hélas, être réduit à la complexité française. La difficulté est plutôt dans la complexité de la société libanaise et des influences étrangères. 

La politique de la France, comme l'a dit le président, est de se placer comme l'interlocuteur de tous. 

Le travail de Claude Guéant n'est pas incompatible avec celui de Bernard Kouchner ; les deux travaillent sous l'autorité de Nicolas Sarkozy. Je ne vois pas d'opposition entre les deux. 

Eloi : Approuvez-vous cette raffarinade de M. Woerth à propos des fonctionnaires de la fonction publique territoriale : "Le statut n'est pas une statue" ? 

Jean-Pierre Raffarin : Cette "woerthinade" n'est pas inexacte, et je continue à aimer les phrases qui disent beaucoup de choses en peu de mots. 

Je pense en effet que l'avenir de la fonction publique n'est pas dans la rigidité des statuts. Et notamment que la notion de mérite et l'évolution des carrières demandent que l'on sorte des rigidités qui enferment plus qu'elles ne protègent. 

ansois : Oui ou non le manque à gagner publicitaire sera-t-il compensé à la télévision sans modification du périmètre de France Télévisions ?   

Jean-Pierre Raffarin : Oui. L'engagement du président de la République est clair : il y aura une compensation à l'euro près. Il est paradoxal de voir le service public en grève au moment où l'on remet en cause sa dépendance du marché. Je ne crois pas que le marché soit l'avenir du secteur public de l'audiovisuel. 

dubai : Quid de la redevance télé ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je ne pense pas que la redevance télé soit la solution aux questions de financement de l'audiovisuel public. 

Les dotations de l'Etat devront se fonder sur d'autres financements, même si l'on peut imaginer qu'une révision de l'assiette de la redevance permettrait de protéger davantage les personnes âgées, tout en faisant appel aux grands utilisateurs des écrans de toutes sortes. 

Aelis : Nicolas Sarkozy propose une aide financière à ArcelorMittal pour "moderniser" son site français et ainsi "protéger" les emplois des ouvriers. Rappelons qu'ArcelorMittal a dégagé 10,36 milliards d'euros de bénéfice cette année. N'y a-t-il pas encore une fois précipitation médiatique pour sauver la popularité de Nicolas Sarkozy ? On joue une nouvelle fois avec l'argent des contribuables pour le donner à une entreprise du privé indienne. 

Jean-Pierre Raffarin : Cette question est grave. Aujourd'hui, les capitaux et les emplois quittent les démocraties de l'Ouest pour se réfugier au cœur de la croissance asiatique. La Chine, l'Inde sont en train de devenir les banquiers du monde. 

Il n'y a pas d'avenir pour l'industrie européenne si nous ne savons pas accueillir les capitaux venus d'Asie. Il faut donc créer les conditions d'attractivité pour ces capitaux et leur permettre de s'investir, notamment dans l'innovation et l'industrie. 

Je pense que, sur ce sujet, l'argent public peut être un levier d'attractivité pour ces investissements. Si l'on ne crée par l'ingénierie financière capable de rendre la France attractive pour ces capitaux et ces emplois, nous assisterons durablement à la fuite des emplois industriels hors d'Europe. 

Le monde aujourd'hui ne manque ni d'argent ni de croissance. La question est qu'ils se localisent tous les deux en Asie. L'attractivité de la France est pour moi la priorité de notre politique économique. 

dubai : Seriez-vous pour une privatisation partielle de l'audiovisuel public ? 

Jean-Pierre Raffarin : Nous avons un débat sur ce sujet au sein de l'UMP, je n'y suis pas personnellement favorable. Je préfère, notamment en ce qui concerne France 3, que le service public puisse s'adapter à ce concept nouveau de République décentralisée que nous avons fait inscrire dans la Constitution en 2004. En clair, villes, départements et régions devraient pouvoir participer au service public de proximité de l'audiovisuel. 

choco : M. Sarkozy veut-il redéfinir la laïcité en France ? 

Jean-Pierre Raffarin : Nicolas Sarkozy développe le concept de laïcité positive pour affirmer son opposition à une conception de la laïcité marquée par trop de sectarisme antireligieux.

Sa conviction est que la laïcité doit organiser le dialogue entre les religions elles-mêmes, et aussi le dialogue avec l'Etat. La religion n'est pas un adversaire de l'Etat, mais elle n'a pas à se transformer en projet politique. 

Les religions vivantes sont donc tout à fait compatibles avec une république moderne, à condition que les règles de la laïcité, celles de 1905, mais celles aussi de la réforme sur le voile à l'école par exemple, soient par tous respectées.

 

guillaume : Auriez-vous pu tenir les mêmes propos que M. Sarkozy sur la place de la religion ? 

Jean-Pierre Raffarin : C'est un sujet sur lequel je suis en accord depuis longtemps avec Nicolas Sarkozy. Il y a des sujets sur lesquels je ne partage pas ses convictions, mais sur celui-là, depuis notre travail commun sur l'organisation en France du culte musulman, nous avons développé de vraies convergences. 

Surcourf : Pensez-vous qu'il est normal qu'un président s'augmente de plus de 100 %, que des patrons voient leur salaire augmenter de 40 %, quand la majorité de la population souffre ou se serre la ceinture ? Que pensez-vous de l'augmentation de 0,5 % proposée pour l'année 2008 aux fonctionnaires ?   

Jean-Pierre Raffarin : L'augmentation du salaire du président fait partie d'une campagne orchestrée contre la personne du président, qui d'ailleurs aujourd'hui est en train de se retourner contre ses auteurs. Le président n'a fait que rendre transparentes des règles qui ne l'étaient pas. 

Je suis, comme vous, très choqué par la démesure de certains salaires patronaux. Je pense que le monde entrepreneurial devrait aujourd'hui définir des règles de modération de ces rémunérations exceptionnelles, qui sont souvent sans commune mesure avec la qualité de gestion de leurs bénéficiaires. Le cas du président ne peut pas être assimilé à ces extravagances. 

Le salaire des fonctionnaires ne pourra être augmenté qu'en fonction du degré de réforme de la fonction publique. Chacun connaît l'état des finances publiques, donc la seule façon de payer plus les fonctionnaires, c'est d'en payer moins. Le nombre de fonctionnaires dans notre pays est directement lié à la question de leur rémunération. 

greg : A quoi servent les parlementaires UMP ? Avec la batterie de conseillers spéciaux de Sarkozy, votre rôle n'est-il pas amoindri ? Le Sénat et l'Assemblée ne sont-ils pas devenus de simples chambres d'enregistrement ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je pense qu'il y a des exemples contraires. Le travail qu'a fait le Sénat sur le texte sur les tests ADN ou sur le texte sur les tests OGM montre notre capacité législative et notre indépendance. 

Les réactions de la majorité ont d'autre part conduit M. Attali à redimensionner son projet. Il est hors de question pour la majorité d'accepter des décisions auxquelles elle n'adhérerait pas. 

Nous sommes engagés par le projet présidentiel de Nicolas Sarkozy, et nous voulons mettre en œuvre ce projet. Nous ne sommes pas engagés par toutes les propositions du rapport Attali. Nous retiendrons seulement celles qui nous paraissent bonnes. 

olympe : Quel avenir pour l'UMP après les municipales ? Comment tenir compte de la diversité des soutiens au chef de l'Etat ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je pense que l'avenir de l'UMP est inscrit dans le quinquennat. Notre destin est d'être la force de soutien et de participation à l'exécutif pour toute cette période. 

Nous serons dès le lendemain des municipales mobilisés sur l'année européenne qui s'ouvrira en juillet 2008 par la présidence française de l'Union, et dont la clôture sera en juin 2009 le grand débat populaire sur l'Europe que constitueront les élections au Parlement européen. 

Jacques : Cette jolie phrase que vous avez inscrite sur le livre d'or de la bibliothèque de la maison de Jean Monnet en mai 2004 : "La France est grande quand elle inspire l'Europe..... et le monde", pensez-vous qu'elle sera d'actualité à partir de juillet 2008 avec la présidence française de l'Union européenne ? 

Jean-Pierre Raffarin : Je l'espère, mais c'est évidemment une échéance difficile. Nous avons des décisions internes infra-européennes importantes à prendre, notamment  quant à notre défense et la politique agricole. 

Nous aurons aussi des rendez-vous internationaux à ne pas manquer : l'avenir de la relation Europe-Chine, avec le sommet de novembre 2008, et l'avenir des relations commerciales entre le Canada et l'Union européenne, en octobre prochain. 

Je pense que la France, qui va présider l'Union pendant que se mettra en place l'application du traité de Lisbonne, sera en position stratégique pour donner au projet européen l'ambition nécessaire. 

David : Briguez-vous la présidence du Sénat ? 

Jean-Pierre Raffarin : Nous verrons ça en septembre. Ce n'est pas impossible. Je suis en effet préparé pour cette charge. Nous verrons les circonstances après les élections sénatoriales de septembre. 

Ce qui compte pour moi, c'est que la modernisation du Sénat passe par son esprit à la fois de liberté politique et de loyauté à nos institutions. C'est quand le Sénat est libre qu'il sait se faire entendre. 

babybel : Une raffarinade pour la route ? 

Jean-Pierre Raffarin : Pour la route : Quand l'immédiat dévore, l'esprit dérive ; mais comme beaucoup des expressions qui me sont faussement attribuées, celle-ci est d'Edgar Morin.

Chat modéré par Constance Baudry et Philippe Ridet

                

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