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Mon Mulhouse2
4 février 2008

Sarkozy se marie… les Français divorcent


Sarkozy se marie… les Français divorcent

Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.



Sarkozy se marie… les Français divorcent

 

Nicolas Sarkozy se marie mais les Français ne sont pas à la noce ! Ce n'est pas seulement qu'ils n'aient pas cette fois été conviés à ses épousailles par photographes et cameramen interposés. La discrétion, voulue, revendiquée, valait même contrition sinon mortification, en tout cas changement de comportement politique radical pour quelqu'un qui a toujours fait le faraud, en martelant « qu'il n'allait pas tout de même pas s'excuser de ce qu'il était ». Le passage de la lumière éclatante à la glorieuse pénombre élyséenne, cette cérémonie célébrée dans la plus stricte intimité… du palais, cet étalage du secret valait critique… publique de l'impavide ostentation précédente et engagement devant Monsieur le Maire à plus de convenance pour l'avenir. Une rupture dans la rupture !...

On s'obligerait désormais au « sérieux » après s'être laissé à la volatilité champagnisée et argentée, après avoir jubilé dans la parade inconvenante du Narcisse adolescent, dans la tumescente fierté du chasseur qui exhibe son trophée. On l'entend encore chanter Johnny à la cantonade : « Regarde un peu celle qui vient, elle est terrible… ». Elle est beaucoup mieux que ma femme qui m'a quitté, plus belle, plus intelligente, plus riche, plus artiste, plus douce. Cette façon déplacée, infantile de prendre la France à témoin d'une revanche privée serait dépassée, même s'il choisit comme témoin de mariage justement Mathilde Agostinelli, celle qui se présentait comme l'une des meilleures amies de sa femme ! On se marie avec quelqu'un, mais aussi contre quelqu'un. Enfin, le président qui chute dans les sondages, se rangerait des voitures… de luxe ! Pour partie : le lendemain, il se faisait photographier avec son épousée dans les jardins de Versailles ! « Comme n'importe quel couple », assure-t-on à l'Elysée, où l'on veut croire et faire croire à un réel changement, à une retenue politiquement bienvenue.
« Ce mariage raisonnable va souffler l'effet bling-bling », veut espérer un de ses proches. Ce que traduisait ainsi Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée sur Europe 1 : « La situation est clarifiée. Les choses vont devenir plus naturelles ». Tu parles, Charles !, comme on disait en 68 à l'adresse du Grand qui perdait pied et mot. Ce mariage à la va-vite - 3 mois après le divorce - et avec une artiste libertaire et libertine n'aura en rien ramené les électeurs de droite à de meilleurs sentiments. Les autres non plus !

Les épousailles à peine expédiées, un peu de campagne sur les marché parisiens banlieusards confirmait le constat sondagier de Libération, accablant pour le président : une partie importante, majoritaire des Français ont divorcé de leur chef de l'Etat qui n'est pas assez « Président ». Bien sûr parce que les promesses sur le pouvoir d'achat n'ont pas été tenues. Il s'en faut. Mais aussi parce que ce reniement s'accompagne d'une désillusion, d'un rejet même de son style clinquant et tintinabulant. Ainsi, les électeurs attrapent-ils Françoise de Panafieu, la candidate UMP à Paris, pour lui dire « J'ai toujours voté à droite mais là, je ne peux pas, avec un président comme ça… » Un président « comme ça », c'est quelqu'un qui « n'est pas à la hauteur de sa fonction », qui « préfère s'occuper de lui et de ses amis milliardaires plutôt que des petites gens ». « Quelqu'un d'instable, d'égolâtre, qui divorce en public de la femme de sa vie pour se jeter sur le premier mannequin qui passe et l'épouser sans aucun délai de viduité... » Commentaires tous plus assassins et plus grossiers parfois, la vulgarité des situations entraîne la vulgarité des remarques de rage sinon de dépit face à ce que Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel, volontiers sorti de son silence pour l'occasion a appelé « un manque de tenue ».

Un peu partout règne le sentiment d'avoir été trompé (on n'avoue jamais qu'on s'est trompé) : le président devait s'occuper d'abord surtout des Français, rien que des Français. La présidence est une vocation sacrificielle, pas une occupation ni un plaisir de jouisseur soixante-huitard. On ne veut pas un manager jet-setteur, ni un trader fou qui s'éclate après un ou deux bons coups de bourse. Ce divorce avec sa façon d'exercer la fonction reste patent et risque de s'aggraver encore si la « dolce vita » reprend au Palais, si « Carlita » poursuit sa carrière et ne la sacrifie pas comme la vedette de cinéma Grace Kelly autrefois pour Rainier à Monaco.

Certes, les temps ont changé et la France n'est pas le Rocher mais la première dame de France, et elle plus encore que dans cette principauté de papier, est impliquée dans cette « vocation sacrificielle » que nous évoquions. Sa fonction est de représentation et d'émotion partagées, d'exigence de fraternité, de solidarité qu'on ne saurait réduire à la charité. Carla Sarkozy participe désormais de ce mythe monarchique et républicain qui fait que le roi porte avec son épouse ce pays sur les épaules. Le chef de l'Etat jusqu'ici a refusé cette conception de la présidence qu'il a voulu plier à lui, à sa modernité, à sa voracité, à son hyperactivité. Les sondés, les électeurs aussi dans les deux législatives partielles de dimanche lui signifient de manière cinglante leur désaveu. Et tous les candidats UMP le confirment : ils ne veulent pas de lui dans leur campagne municipale, que ce soit à Bordeaux avec Juppé, au Puy avec Laurent Wauquiez, à Marseille avec Jean-Claude Gaudin. Le président heureux est devenu un porte-malheur qu'on évite comme la peste. Il est des bonheurs insoutenables…


Lundi 04 Février 2008 - 12:40

Nicolas Domenach

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