Finances publiques : Jean-Claude Juncker rappelle la France à l'ordre
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"Je ne partage pas totalement l'inquiétude de la Commission mais il est certain que la France devra entreprendre des efforts de consolidation supplémentaires à ceux qu'elle envisage actuellement", explique Jean-Claude Juncker dans "Les Echos", le 4 février 2008.
LEMONDE.FR avec Reuters | 04.02.08 | 09h51 • Mis à jour le 04.02.08 | 10h14
Paris va devoir entreprendre des "mesures de consolidation supplémentaires"
pour stabiliser ses finances publiques, déclare le président de
l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans un entretien publié lundi 4
février par Les Echos. "Malgré toute la sympathie que j'ai pour la France, les règles sont les règles et un seul pays ne peut s'en exonérer", prévient-il après la mise en garde de la Commission européenne la semaine dernière.
Bruxelles a publié mercredi une recommandation invitant Paris à renforcer"considérablement"
sa lutte contre les déficits et à équilibrer ses comptes en 2010 – et
non en 2012 – pour éviter les risques de dérapage. L'exécutif européen
craint que le déficit français ne dépasse bientôt les 3 % du PIB
autorisés par le pacte de stabilité. "Je ne partage pas totalement
l'inquiétude de la Commission, mais il est certain que la France devra
entreprendre des efforts de consolidation supplémentaires à ceux
qu'elle envisage actuellement", explique Jean-Claude Juncker dans Les Echos.
LA FRANCE SAIT QU'ELLE "NE PEUT AGIR SEULE"
Tous les Etats membres de la zone euro doivent avoir atteint l'équilibre de leurs finances publiques en 2010, et la France sait qu'elle "ne peut agir seule et contre l'avis de tous les autres", estime-t-il. Elle "ne peut unilatéralement changer de calendrier". S'il se dit "admiratif devant le cortège de réformes" françaises, il souligne qu'elles auraient dû être faites "plus tôt".
Jean-Claude Juncker estime cependant que cet "accès de faiblesse budgétaire" n'affaiblira pas la présidence française de l'Union européenne, qui débute le 1er juillet. Pour le président de l'Eurogroupe, les chiffres du FMI pour la croissance dans la zone euro – 1,6 % en 2008 – sont "assez peu crédibles". Malgré la crise financière, "il n'y aura pas de récession en Europe", affirme-t-il. "Il n'y a pas actuellement en Europe une quelconque nécessité de lancer un vaste programme de stimulation conjoncturelle."
L'idée française de réunir un sommet des dirigeants des pays de la zone euro "n'est pas une idée absurde" mais il faut en fixer l'ordre du jour, ajoute-t-il. Le flou sur cet ordre du jour explique en grande partie pourquoi l'Allemagne "n'est pas enthousiasmée" par ce projet. "Ceux qui avancent l'idée d'une réunion doivent donner des indications précises sur les éléments qu'il conviendrait de discuter", explique le président de l'Eurogroupe.