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Mon Mulhouse2
30 janvier 2008

La polémique turque sur le voile rebondit

lemondefr_grd

La polémique turque sur le voile rebondit

    ISTANBUL  CORRESPONDANCE

Le projet de réforme de la Constitution, déposé au Parlement d'Ankara, mardi 29 janvier, doit être entériné la semaine prochaine. Mais il a d'ores et déjà ravivé la rivalité entre les ex-islamistes au pouvoir et le camp kémaliste qui prépare une nouvelle mobilisation antifoulard. La réécriture de deux articles de la loi fondamentale, soutenue par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, devrait aboutir, en cas de vote favorable, à la levée de l'interdiction du voile islamique dans les universités turques.

 

Techniquement, ce devrait être une simple formalité. Les députés de la majorité (AKP, Parti de la justice et du développement) et les ultranationalistes du MHP (Parti d'action nationaliste), qui soutiennent le projet, occupent plus des deux tiers des sièges requis pour modifier la Constitution. Devant ses députés et une assistance largement composée de femmes voilées, le premier ministre Erdogan a dénoncé les "préjugés rigides" et justifié le bien-fondé de cette réforme, soutenue par une majorité des Turcs : "Nous franchissons un pas important. Notre seul but est de mettre fin au traitement injuste dont sont victimes des jeunes filles aux portes des universités." Le nouveau texte stipule que "personne ne peut être privé de son droit à l'éducation".

ISLAMISATION

En vertu d'une règle, instaurée après le coup d'Etat militaire de 1980 et largement contestée aujourd'hui, toute forme de voile est strictement interdite sur les campus universitaires. Pour parvenir au pouvoir, en 2002, M. Erdogan avait fait de la fin de cette interdiction l'une de ses promesses phares, pour le plus grand plaisir de la frange conservatrice de son électorat, sans toutefois la mettre en application au cours de son premier mandat.

Mais sitôt après sa réélection, en juillet 2007, la question du voile est réapparue au premier rang des priorités, devant les réformes réclamées par l'Union européenne. De quoi irriter les défenseurs intransigeants de la laïcité qui voient dans cette réforme un premier pas vers une islamisation de la société.

Le leader du MHP, Devlet Bahçeli, a toutefois précisé que seul le foulard traditionnel noué sous le menton - basörtüsü - serait autorisé sur les bancs des universités. Le voile islamique qui enserre le cou, le turban, symbolique de la réislamisation des années 1980, reste théoriquement interdit. Tout comme le voile noir qui recouvre le corps ou la burka, considérés comme des attributs plus politiques que religieux. Mais les déclarations ambiguës de plusieurs membres de la majorité ont semé le trouble.

Le député AKP de Konya, Hüsnü Tuna, a estimé que les fonctionnaires devaient également être autorisés à porter le voile, ce qui a obligé son propre parti à ouvrir une enquête. Les "laïcs" craignent effet que l'université ne soit qu'une première étape. Le constitutionnaliste Ergün Özbudun, pourtant nommé par l'AKP à la tête de la commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution, a estimé le projet " dangereux".

Guillaume Perrier

Des femmes voilées défilent à Istanbul, en Turquie, le 25 janvier 2008, pour réclamer la levée de l'interdiction du voile islamique à l'université.       

REUTERS/FATIH SARIBAS

Des femmes voilées défilent à Istanbul, en Turquie, le 25 janvier 2008, pour réclamer la levée de l'interdiction du voile islamique à l'université.

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