Les banques, aveugles, échappent à tout contrôle
Les banques, aveugles, échappent à tout contrôle
Faut-il avoir peur d'une contagion de de la crise financière à
l'économie réelle ? Il serait un peu puéril de croire que la sphère
financière est à coté, ou au dessus, et vivrait sa petite vie
indépendamment de l'économie réelle, celle du travail, de la sueur, du
bâtiment et des caissières de supermarchés. Malheureusement l'économie
du travail dépend hautement des décisions de ces messieurs de la sphère
financière, de leurs errements et de leurs incompétences. De
l'incompétence noire des agences de notations, qui n'avaient vu venir
le krach d'Enron et n'ont pas vu venir la crise des subprimes.
Certains diront, oui, mais l'Europe est relativement
fermée, notamment à l'économie américaine. L'Europe commerce à 90%
entre elle. Donc si le navire américain coule, ce n'est pas grave.
Au contraire c'est très grave, car c'est tout le système
financier international qui plonge si l'économie américaine s'effondre.
On n'en est pas encore là. Mais les banques françaises sont engagées
sur les marchés internationaux, et les banques françaises coiffent
l'activité France par le crédit. Le seul pays qui est relativement à
l'écart est la Chine, car son système bancaire et financier est encore
largement « national », autonome. Pendant la crise de 1929, un seul
pays dans le monde n'avait pas souffert, la Russie, précisément parce
que son système financier était totalement replié sur lui-même.
Autrefois, certaines lois permettaient d'éviter la
contagion. D'abord les banques étaient nationalisées. Elles ne
faisaient pas n'importe quoi (à une exception catastrophique près, le
Crédit Lyonnais). On distinguait clairement les banques de dépôt, pour
les classes moyennes et les petits épargnants, et les banques
d'affaires, pour les prises de participations et la spéculation. Les
banques avaient des obligations très sévères concernant leurs fonds
propres par rapport aux crédits. A présent, elles ne sont plus
nationalement contrôlées, elles ont créé un immense marché offshore, un
énorme marché monétaire international hors frontière, indépendant des
Etats, sur lequel elles prêtent et empruntent, créent des structures
financières dans lesquelles elles glissent leurs mauvaises créances
pour faire apparaître uniquement les bonnes dans leurs bilans, afin de
faire monter leurs action, jusqu'à ce que les mauvaises monnaies
réapparaissent...
La phrase du jour : En
économie, la mauvaise monnaie chasse la bonne, comme le mauvais crédit
chasse le bon. C'est la loi de Gresham qui s'applique sous nos yeux.
Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.
Vendredi 25 Janvier 2008 - 07:04
Bernard Maris