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22 janvier 2008

Sarkozy et la Françafrique: l'heure des choix

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Sarkozy et la Françafrique: l'heure des choix
                                   

      

Jean-Marie Bockel n’est pas le "ministre d’ouverture" qui a le plus fait parler de lui depuis sept mois. Le Secrétaire d’Etat à la coopération vient pourtant de déclencher une petite tempête qui, si elle est passée relativement inaperçue en France, fait des vagues en Afrique.

Le maire de Mulhouse a déclaré la semaine dernière, dans une interview au Monde: “La Françafrique est moribonde. Je veux signer son acte de décès". Et d’exprimer son impatience vis-à-vis d’une “rupture [qui] tarde à venir”.

La Françafrique, c’est ce système de connivences, de réseaux affairistes, qui, depuis près d’un demi-siècle, a transformé les relations entre la France et ses anciennes colonies en un univers en partie opaque et corrompu. Selon Jean-Marie Bockel, sur "100 milliards de dollars annuels d'aide à l'Afrique, 30 milliards s'évaporent".

Plusieurs présidents d’Afrique francophone ont aussitôt fait ce qu’ils font chaque fois qu’ils ont un doute: ils ont appelé l’Elysée pour protester. Omar Bongo, doyen des chefs d’Etat africains, placé au pouvoir par la France du Général de Gaulle et de Jacques Foccart, et toujours en place quatre décennies plus tard, a même publiquement dénoncé les propos du ministre français, jugé ignorant et arrogant.

L’attitude de Nicolas Sarkozy déterminera si la sortie de Jean-Marie Bockel sera un feu de paille, ou le début d’une vraie réforme jugée nécessaire depuis longtemps. Vendredi, le chef de l’Etat a semblé apporter son soutien à son Secrétaire d’Etat, lors des voeux au corps diplomatique, en souhaitant, en Afrique, "une action plus proche de la société civile, délibérément tournée vers la jeunesse, soucieuse de répondre à ses attentes".

Mais Nicolas Sarkozy, depuis son élection, n’a guère donné de signes de tourner le dos à la Françafrique comme il l’avait promis lors de la campagne. Son premier voyage en Afrique, en juillet, a été désastreux, avec son discours de Dakar, rédigé par son conseiller Henri Guaino, perçu comme paternaliste et d’un autre temps, par la plupart des Africains. Et il n’a pas dérogé à la tradition de l’étape chez Bongo au Gabon.

Il n’a pas non plus remis en cause le fonctionnement très secret de la cellule Afrique de l’Elysée. Et certains de ses proches, comme l’homme d’affaires Vincent Bolloré, dont l’avion privé transporte régulièrement le président en vacances, ont d’importants intérêts sur le continent.

Jean-Marie Bockel, un ministre aux pouvoirs déjà très réduits, court donc le risque de répéter le scénario d’un autre socialiste, Jean-Pierre Cot, qui pour avoir cru qu’il pourrait défier la règle du jeu de la Françafrique au début de l’ère Mitterrand, avait été démis de ses fonctions. Son tombeur s’appelait alors... Omar Bongo. Nicolas Sarkozy signera-t-il l’acte de décès politique de la Françafrique, ou celui de Jean-Marie Bockel? La réponse est attendue avec intérêt, et pas seulement en Afrique.

Pierre Haski

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