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16 janvier 2008

Coopération Bockel: des vœux revus et corrigés

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mercredi 16 janvier 2008, mis à jour à 11:56

Coopération

Bockel: des vœux revus et corrigés

Vincent Hugeux

Ajouts protocolaires, aspérités lissées... Les vœux de Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, ont subi quelques retouches avant qu'il ne les prononce, mardi.


’est un peu la loi du genre. Lorsqu’un ministre ou un secrétaire d’Etat prononce un discours jugé important, il le soumet au préalable à sa hiérarchie, gouvernementale comme élyséenne.

Tel est le cas du laïus volontariste livré ce mardi à la faveur des vœux par Jean-Marie Bockel, titulaire du portefeuille de la Coopération et de la Francophonie. Laïus soumis à Claude Guéant, secrétaire général de la présidence, à la cellule diplomatique de l’Elysée, que dirige Jean-David Levitte, à Matignon et au cabinet de Bernard Kouchner, actuel locataire du Quai d’Orsay.

A l’évidence, chacun des lecteurs de l’ébauche a "suggéré" à l’ancien maire de Mulhouse telle ou telle retouche. Il suffit pour s’en convaincre de comparer la mouture initiale, dont LEXPRESS.fr avait dévoilé l’essentiel dans la matinée, et la version prononcée dans la salle de réunion de l’Hôtel de Montesquiou, siège de la "Coopé".

Des aspérités lissées
Certes, ajouts et retraits n’ont nullement altéré le cœur du message du fondateur de Gauche moderne, que l’on peut résumer ainsi: le moment est venu de donner corps à la rupture promise sur le front des relations franco-africaines. Reste qu’ils ont quelque peu édulcoré la portée de l’adresse, ou, à tout le moins, lissé les aspérités du diagnostic.

Illustration par l’exemple… "On ne peut pas, avançait la version initiale, continuer à tenir un discours convenu; on en mesure chaque jour le décalage avec la réalité que vivent des centaines de millions d’Africains". Passage zappé, au profit du satisfecit que voici : "Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire: la coopération française a réalisé de belles choses en Afrique. Nous pouvons être fiers des milliers d’écoles que nous avons soutenues, des centres de santé et des hôpitaux que nous avons construits. Mais il nous faut reconnaître que l’investissement consenti n’a pas suffi." Plus loin, une autre phrase, portant sur la volonté de Bockel de "renforcer la conditionnalité de l’aide à la gouvernance" a elle aussi disparu.

La patte de Claude Guéant
De même, il est tentant de déceler çà et là la patte de Guéant, atteint comme tant de ses prédécesseurs par le "virus" africain. La version finale précise que "la culture des résultats et de l’évaluation" a été "souhaitée par le président Sarkozy". Lorsque le secrétaire d’Etat préconise une purge des réseaux de la Françafrique, il prend soin d’invoquer, en la citant, une formule employée en mai 2006 à Cotonou par le futur chef de l’Etat.

De même, on repère quelques codicilles protocolaires. Et il y en a pour tout le monde. Voici qu’apparaît une référence à Bernard Kouchner "qui connaît l’Afrique, qui la connaît bien, depuis longtemps, et souhaite lui aussi que les choses changent". Dans son sillage surgit Jean-Pierre Jouyet -Affaires européennes- sur lequel Bockel sait "pouvoir compter pour faire de l’Afrique l’une de nos priorités de notre présidence" de l’Union (à compter du 1er juillet prochain). Et François Fillon dans tout ça? Qu’on se rassure, le Premier ministre, absent de l’esquisse, se glisse au détour d’une allusion à la réforme du Haut Conseil à la coopération internationale.

Au fond, ce discours au gui l’an neuf vaut autant par ce qu’il tait que par ce qu’il dit. Ainsi, soucieux d’agir, donc de durer, le transfuge du PS, qui fut tour à tour chevénementiste puis strauss-kahnien, s’abstient de nommer les régimes et les potentats dont il fustige l’incurie ou le népotisme. Si tel arbitrage budgétaire de Nicolas Sarkozy en faveur du Congolais Denis Sassou-Nguesso l’irrite, il s’abstient de le signifier publiquement. Idem pour l’indulgence élyséenne dont bénéficie le Gabonais Omar Bongo Ondimba, ou la persistance dans la coulisse des "conseillers de l’ombre" à l’ancienne.

"Si je commence comme ça, je fais quoi demain matin? confiait-il voilà peu à un proche. Claquer la porte, et après?" En fait de porte, on l’aura compris : il arrive à l’homme d’ouverture de grincer, mais pas au point de sortir de ses gonds.

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