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Mon Mulhouse2
16 janvier 2008

Des Airbus devraient bientôt être construits aux Etats-Unis

lemondefr_grd

Des Airbus devraient bientôt être construits aux Etats-Unis
         

LE MONDE POUR MATINPLUS | 16.01.08 | 07h19  •  Mis à jour le 16.01.08 | 07h20         

TOULOUSE

Toulouse retient son souffle. C'est aujourd'hui que le nouveau patron d'Airbus, l'Allemand Thomas Enders, au cours de la conférence annuelle de résultats, dévoilera les chiffres de commandes engrangées par l'avionneur européen en 2007. On saura alors s'il a repris la tête de l'aéronautique mondiale, devant son éternel rival l'américain Boeing.

Surtout, Thomas Enders devrait confirmer que des Airbus seront probablement construits, dans un avenir proche, aux Etats-Unis. "Il s'agit véritablement d'une annonce historique, aux implications très profondes", a-t-il déclaré lundi lors d'une cérémonie à Mobile (Alabama), où le groupe européen prévoit d'assembler des avions-cargos, dérivés de son gros porteur A330, dans une nouvelle usine en cas de signature d'une commande d'avions-ravitailleurs pour l'US Air Force.

Le ministre allemand de l'économie a tenté, hier, d'atténuer la portée de ces propos, en réaffirmant que s'"il y a certainement un intérêt à envisager de déplacer une partie de la production vers la zone dollar (...), une chose est claire : Airbus est une entreprise européenne et la majeure partie de sa production doit avoir lieu en Europe".

A Toulouse, on s'en doute, la nouvelle n'a pas vraiment ravi. Ni surpris à vrai dire. Voilà des années que les commerciaux d'Airbus, dirigée par l'américain John Leahy, tentent de décrocher cette méga-commande américaine, dont l'estimation varie entre 40 et 200 milliards de dollars ! "Si on fabrique à l'étranger pour conquérir de nouveaux marchés et augmenter le chiffre d'affaires, on protège d'une certaine manière l'emploi en France", reconnaît Bernard Valette, secrétaire général du syndicat des cadres CFE-CGC Aéronautique-Espace-Défense. Airbus construit déjà une nouvelle usine d'assemblage en Chine, à Tianjin, et ses premiers appareils "made in China" devraient sortir des chaînes de montage dès 2009.

Toulouse avait perdu le monopole de l'assemblage des avions d'Airbus dès les années 90, avec la construction d'une deuxième chaîne de l'A320 en Allemagne. Le futur A400 M, avion de transport militaire européen, sera pour sa part construit à Séville, en Espagne. Le grand mécano industriel de la construction aéronautique européenne se joue désormais à l'échelle planétaire. En zone dollar. Pour justifier ces délocalisations hors d'Europe, Louis Gallois, le nouveau PDG d'EADS, la maison-mère d'Airbus, fait valoir que le constructeur, qui vend ses avions en dollars, perd régulièrement de l'argent quand la monnaie américaine baisse par rapport à l'euro. "Un prétexte", dénonce la CGT, qui accuse le groupe de suivre "une logique financière" au détriment des capacités industrielles françaises et européennes.

La pilule est d'autant plus amère à avaler dans les ateliers que l'annonce de la création de nouvelles usines à l'étranger s'accompagne de la vente de sites industriels existants, en France et en Europe. L'annonce par Airbus, en décembre, du choix de Latécoère, sous-traitant toulousain, pour la reprise des usines de Meaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), n'a que partiellement rassuré. Martin Malvy, président (PS) de la région Midi-Pyrénées, s'est publiquement félicité de la victoire de ce fleuron régional face à son concurrent américain Spirit, issu d'un essaimage de Boeing. Mais la fabrication dans ces usines des nouveaux tronçons en matériau composite des futurs Airbus se fera loin de la Garonne.

Airbus, qui veut construire des avions plus légers grâce aux nouvelles technologies, cherche aussi à alléger ses coûts de structure. Le plan "Power 8" prévoit une réduction drastique du nombre de sous-traitants (de 3 000 à 500) et la suppression de 10 000 emplois d'ici 2010, dont 50 % chez les sous-traitants. Une sévère cure d'amaigrissement cependant guère perceptible à Toulouse, où les départs volontaires de "cols blancs", au siège de Blagnac, sont partiellement compensés par l'embauche de "cols bleus" sur la chaîne de montage de l'A380, dont la production prendra enfin son rythme de croisière en 2008, après les déboires à répétition de son lancement.

L'externalisation annoncée de certains services centraux, notamment dans l'informatique, pourrait également bénéficié à des entreprises de sous-traitance spécialisées. Le tissu local de sous-traitants, qui concerne 550 entreprises et 32 000 salariés en Midi-Pyrénées, pourrait ainsi gagner dans le secteur tertiaire ce qu'il risque de perdre dans l'industrie.

Stéphane Thépot

L'usine Socata de Tarbes à vendre ?                                  

La cession de l'entreprise Socata, à Tarbes (Hautes-Pyrénées), est également à l'ordre du jour. Cette filiale d'EADS, qui fabrique des avions légers à hélice et des tronçons de fuselage pour Airbus, pourrait être cédée à un sous-traitant français. Le groupe Daher, qui fait travailler une centaine de personnes sur son nouveau site toulousain, installé à proximité des usines de montage d'Airbus, négocie une entrée dans le capital de Socata. Un porte-parole d'EADS a formellement démenti toute vente de l'usine de Tarbes, et ses 1 150 employés. Mais le groupe reconnaît des "négociations" avec Daher, présenté comme un "partenaire" de Socata.

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