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Mon Mulhouse2
15 janvier 2008

Trois chercheurs grecs explorent les racines de Sarkozy

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Trois chercheurs grecs explorent les racines de Sarkozy
                                   

      

Des juifs de Salonique en 1917 (archives Elias Petropoulos).

Pour qu'un livre soit présenté, comme ce fut le cas mercredi dernier, par la ministre des Affaires étrangères grecque Dora Bakoyannis, accompagnée de son prédécesseur socialiste Théodore Pangalos, en présence de l'ex-Premier ministre conservateur Costas Mitsotakis et des ambassadeurs de France et d'Israël, il faut bien qu'il ait une importance diplomatique majeure.

"Ego, o eggonos enos ellina" ("Moi, le petit-fils d'un Grec") n'est pourtant pas un savant traité géopolitique, mais une histoire des racines judéo-grecques de Nicolas Sakozy. Rédigé par deux chercheurs et un journaliste grecs, il décrit la destinée de sa famille maternelle, qui appartenait à la communauté juive de Salonique.

Une famille séfarade venue d'Espagne, via la Provence

Ego, o eggonos enos ellinaEdité par la prestigieuse maison Kastaniotis à Athènes, cet ouvrage, dont le titre fait référence à un des premiers discours que Nicolas Sarkozy a tenu le 27 mai 2007 au Havre, évoque l'histoire des juifs de Grèce à la fin du XIXe et au XXe siècle, à travers la saga de la grande famille sépharade des Mallah, établie à Salonique à la fin du XVIe siècle et dont est issue la mère de Nicolas Sarkozy.

Après avoir longuement dépouillé les archives locales, les auteurs ont établi qu’en des temps reculés, la famille de la mère de Sarkozy est arrivée à Salonique -sous domination ottomane jusqu’en 1912-, après avoir quitté la Provence où la famille Mallah s’était installée après avoir été chassée d’Espagne par Ferdinand le Catholique.

Le grand-père de Sarkozy part pour la France et se convertit

L’arrière-grand-père de Sarkozy, Mordechai Mallah, était artisan et il s’imposera rapidement comme un bijoutier talentueux ayant pignon sur rue. Il eut sept enfants de son épouse, Reina. Un des enfants de Mordechai affichera des ambitions politiques (centre-droit) et cherchera à se faire élire au Parlement grec en 1915. Il échouera en raison de ses opinions sionistes qui furent peu appréciés des électeurs de Salonique. Un autre, Aaron (surnommé Benico), deviendra le grand-père de Nicolas Sarkozy. À l'âge de quatorze ans, Aaron et sa mère se sont rendus en France où, quelques années plus tard, il entame des études de médecine.

Lors du premier conflit mondial, Aaron exerce en tant que médecin pour l’armée française. Pendant une permission à Paris, il y rencontre une infirmière, Adèle Bouvieux, et se convertit au catholicisme en prenant le nom de Bénédict pour pouvoir l'épouser en 1917.

Vient la Seconde Guerre mondiale. La famille se réfugie dans les Pyrénées pour échapper aux persécutions du régime de Vichy. Après 1945, Aaron s’engage résolument dans le camp gaulliste. Une des deux filles, Andrée Mallah, épouse un réfugié hongrois du nom de Paul Sarkozy.

Le couple va avoir trois enfants, dont un est nommé Nicolas. Mais en 1960, Paul Sarkozy fait faux bond à sa famille alors que Nicolas n’a que 5 ans, et le jeune garçon est en grande partie pris en charge par son grand-père, dont il est dit qu’il avait l'habitude d’entretenir ses petits-enfants sur l’histoire de Salonique.

Un passé enfoui, jusqu'au décès de "Benico"

Mais Nicolas Sarkozy et ses frères n'ont rien su de leurs racines juives jusqu'au décès de leur grand-père en 1972. Les auteurs du livre affirment que Bénédict ne leur a rien dit à ce sujet afin de les protéger. Traumatisé par l’antisémitisme européen d’avant-guerre, il aurait craint la malédiction d’un nouvel Holocauste (plusieurs membres de la famille Mallah ont été tués).

A 20 ans, Sarko part en Grèce vendre la propriété familiale 

Douloureux réveil pour l’adolescent Sarkozy, qui découvre ce trou noir dans son histoire. Les auteurs révèlent -photocopies de documents notariés à l’appui- qu'à l'âge de 20 ans, il s’est rendu à Salonique pour vendre la propriété familiale afin de résoudre des problèmes financiers auxquels sa famille était confrontée.

Nicolas Sarkozy aurait caché l’argent de la vente dans la doublure de sa veste pour échapper aux douanes grecques. 

7000 exemplaires vendus, un relatif succès

"Le fait que le président français ait des racines juives et grecques suscite un fort intérêt des Grecs", nous a déclaré Christos Raptis, l'un des trois auteurs du livre, avec Georges Anastasiadis et Léon Nar. "Plus de 7 000 exemplaires ont déjà été vendus depuis sa parution il y a deux semaines, un chiffre important en Grèce." L'ouvrage en est à sa troisième impression.

Ce "succès" s’explique par le fait que "les Grecs manifestent un vif intérêt pour l’histoire de la communauté juive de Salonique, longtemps surnommée 'la Jérusalem des Balkans', dont l'histoire a été occultée par les Grecs pendant de longues années", souligne Christos Raptis.

Une communauté massacrée par les nazis

Avant la Seconde Guerre mondiale, la population de confession juive de Salonique était estimée à 53 000 personnes (Raoul Hilberg, "La Destruction des juifs d’Europe"). De 1942 à 1945, environ 50 000 membres de cette communauté vont être massacrés par l’occupant nazi. La communauté juive de Grèce ne compte plus aujourd'hui que quelque 6 000 personnes.

Lors du dernier sommet européen de Bruxelles, le Premier ministre Costas Caramanlis a remis un exemplaire du livre au président français en lui promettant qu’il serait traduit en français pour le printemps. Nicolas Sarkozy a pu prendre connaissance de certains passages, les auteurs lui en ayant fait parvenir une traduction partielle. Lors de la présentation du livre à la presse, Dora Bakoyiannis, la ministre grecque des Affaires étrangères, a rapporté que le président français s'était déclaré "très content" de l’ouvrage.

Photo: des juifs de Salonique en 1917 (archives Elias Petropoulos).

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