Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon Mulhouse2
15 janvier 2008

Ces ministres en instance de divorce

rue89_logo

Ces ministres en instance de divorce
                                   

      

La passe d'armes entre Boutin et Amara sur le plan banlieues a mis en lumière d'autres petites rivalités entre collègues.

A l'heure des bulletins de notes et à quelques mois d'un remaniement annoncé, le match entre certains ministres et leurs secrétaires d'Etat s'annonce serré. Pour les personnalités de l'ouverture, il est parfois difficile de contenir des coups de gueule. A chaque fois, le même scénario: les élus UMP font mine de s'offusquer avant que Nicolas Sarkozy explique sereinement que c'est cela "l'ouverture": une opposition neutralisée.

Dans les duos Borloo-Kosciusko-Morizet, Kouchner-Yade et Boutin-Amara, on grapille quelques points dans les sondages, on fait tout pour être plus populaire que l'autre et, parfois, on tire le tapis sous les pieds de son collègue.

    Fadela Amara et Christine Boutin à l'Elysée le 20 juin (Philippe Wojazer/Reuters)

Boutin vs Amara: l'icône des cités et celle des clochers

L'idée n'a pu naître que dans un esprit tortueux. D'abord finaude, la prouesse de marier la vedette des banlieues et celle des cathos BCBG pour prendre en main le dossier incommode du logement se fait de plus en plus calamiteuse.

Constamment à la Une pour ses prises de positions fluctuantes, Fadela Amara, la secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la Ville, n'est guère plus rattrapée par sa ministre de tutelle, Christine Boutin.

A la complicité feinte des débuts, bras-dessus bras-dessous dans les jardins de l'Elysée, les deux femmes se donnent désormais de légers coups comme pour mesurer, et faire connaître, l'incapacité d'endurance de l'autre. Dernière scène de ménage publique, le fameux plan "antiglandouille" pour les banlieues dont Fadela Amara doit esquisser les grandes lignes le 22 janvier à Vaulx-en-Velin (Rhône). Dans La Croix, Boutin lâche, perfide

"Le plan 'Égalité des chances' de Fadela Amara est centré sur les banlieues. (...) Je ne crois pas en un plan banlieue, mais en une autre politique de la Ville."

Face au foin déclenché par ses propos, la ministre a candidement soupiré qu'elle ne comprenait pas les raisons d'un tel bruit. Alors que l'ex-présidente de Ni Putes, ni soumises se sait en danger lors du prochain remaniement -Nicolas Sarkozy lui a demandé de revoir sa copie "banlieue" et repoussé la date de présentation du plan- la voilà qui ne peut plus compter que sur elle. En plus de son tacle sur le plan banlieues, Christine Boutin a en effet joué la condescendance (la mission d'Amara est difficile) et le reniement (Amara a travaillé seule et librement sur le dossier).

Quelques mois plus tôt, en septembre, la conseillère pontificale avait été glacée par une pique culotée de sa secrétaire d'Etat:

"Ce qui me choque, c’est de voir qu’on est capable d’aller manger chez Bocuse, d’inviter je ne sais combien de personnes, mais pas de réparer les ascenseurs."

Madame Boutin s'était attablée, deux jours auparavant, à Collonges au Mont d'Or. Depuis, les couteaux se sont affûtés et les deux femmes ne supportent plus la cohabitation.

 

    Borloo et Kosciusko-Morizet en Corse le 31 octobre (Philippe Wojazer/Reuters)

Borloo vs Kosciusko-Morizet: combat de lucioles

Jean-Louis Borloo, super-ministre de l'Environnement et numéro deux du gouvernement, se dispute les lumières avec sa jeune secrétaire d'Etat, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Notoirement exécrables, leurs rapports sont d'autant plus tendus que Borloo, qui n'a jamais fait carrière dans l'environnement, n'a pas affaire à une novice. Avec des compétences reconnues, NKM maîtrise parfaitement les dossiers dont elle a la charge. Pas assez âgée ni expérimentée pour prétendre à un portefeuille, l'ex-chiraquienne se voit également reprocher ses excès d'assurance et de prétention.

A cette entente imparfaite, s'ajoute le besoin raccord du duo d'exister et de s'imposer... chacun de son côté. Installé à ce poste suite à sa bourde sur la TVA sociale, Jean-Louis Borloo a parfois été rappelé à l'ordre par Nicolas Sarkozy, comme en septembre lorsque le radical a, pour la première fois, évoqué le gel des cultures OGM. Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy), avait dû rétorquer:

"La position de la France sera définie à l'issue du Grenelle de l'environnement par le président de la République et le Premier ministre."

La première phase, fructueuse, du Grenelle passée, Borloo comme NKM ont récolté des points dans les sondages, si chers au président de la République. Le duo l'a ainsi accompagné en Chine. Un voyage dont le Canard Enchaîné a relaté les bisbilles d'invitations. Borloo se serait imposé d'un: "L'international, c'est moi."

Parfois autoritaire, Borloo n'hésite pas à mettre NKM dans l'embarras. Lors de la visite du colonel Kadhafi, il s'est décommandé pour une signature de contrats...qu'a paraphés à sa place une NKM ridiculisée: elle n'avait pas pris connaissance du texte auparavant. Quelques semaines avant, elle parvenait à tenir tête à son ministre qui voulait lui imposer une traversée en ferry jusqu'à Ajaccio plutôt que le confort d'un avion. Ecologie oblige.

Elle, réputée ambitieuse, brigue la mairie de Longjumeau (Essone). Lui, ne cachant pas ses aspirations de chef, avait averti en novembre, lors de son élection à la tête du parti radical:

"Ne me demandez pas d'être le leader d'un courant de l'UMP."

  Quelques années le séparent encore de 2012.

 

    Yade et Kouchner à l'Elysée le 20 mars (Philippe Wojazer/Reuters) 

Kouchner vs Yade: l'ouverture verrouillée

Il a retrouvé la parole! Silencieux depuis sa nomination au Quai d'Orsay, Bernard Kouchner a protesté cette semaine contre la proposition élyséenne de suppression des diffusions arabe et anglaise de France24:

"Le chef de l'Etat a donné son opinion très fortement. Il lui semble que concurrencer en anglais CNN, Al-Jazira ou BBC World est inutile. A moi, pas complètement."

Lui ne baisse pas dans les sondages, elle est en couverture, certes improbable, de Psychologie magazine.  Selon l'évaluation de Rue89, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme inexpérimentée, apparaît néanmoins au coude-à-coude avec un Bernard Kouchner qui traîne depuis vingt ans dans les allées du pouvoir.

Elle parvient même à piailler davantage que son aîné, qui n'en finit plus de ravaler des chapeaux, son orgueil et son avis. A tel point qu'on n'entendait guère plus l'ancien Haut représentant de l'ONU au Kosovo. Alors que toutes les caméras étaient braquées sur l'affaire tchadienne, c'est Rama Yade qui prenait les coups et la parole. Kouchner était alors en Asie et prétextait une "répartition des tâches".

Les tâches les plus médiatiques ne semblent jamais échoir au ministre socialiste. Les infirmières libyennes, c'était Rama Yade. Le colonel Kadhafi, c'était toujours Rama Yade. Son coup de gueule cyniquement rattrapé par Nicolas Sarkozy (" elle est secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme et c'est parfaitement normal qu'elle assure une conviction sur le sujet") lui avait même valu quelques galons pour son "courage". Kouchner, lui, s'avère plutôt adepte du "fuyons".

S'enlisant toujours dans sa médiation difficile au Liban, le chef de la diplomatie s'est beaucoup agacé des "secrets" de l'Elysée dans ce dossier. Des discussions ont notamment été menée en Syrie sans que Bernard Kouchner en soit toujours informé. Fatigué de passer pour un figurant, il s'en défend. Parfois mal. Absente du voyage présidentiel en Chine, Rama Yade s'était ainsi vue défendre par son ministre de tutelle:

"Tout le monde courtise la Chine et nous, on serait venus simplement pour leur faire des critiques? Ce n'était pas le but de Rama Yade. Rama Yade ira la prochaine fois."

Pour les affaires du monde, Nicolas Sarkozy est aux commandes et l'ouverture fait potiche. Sans rivalité.

Publicité
Commentaires
Mon Mulhouse2
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité