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Mon Mulhouse2
12 janvier 2008

Une réponse d'Eric Zemmour

marianne2

Une réponse d'Eric Zemmour

Eric Zemmour réagit à l'article que Philippe Cohen a consacré à son roman, Petit frère.



Mon cher Philippe,

J'ai lu avec avidité le papier que tu as eu la gentillesse de consacrer à mon livre. D'abord, parce que c'est devenu un réflexe depuis que le site Marianne 2.fr existe. Ensuite, parce que je suis toujours attentif à ce que tu dis et écris sur mon travail, habitude que j'ai prise il y a plus de dix ans, lorsque déjà, tu relisais et corrigeais mes chroniques dans InfoMatin.
C'est pourquoi, si je ne me permettrai pas de contester ton jugement - éloges ou critiques -, je ne peux m'empêcher de corriger ce qui me semble des interprétations erronées. Et en particulier, une phrase qui m'a choqué, tout simplement parce qu'elle me paraît à l'opposé de ce que je pense. Non, Philippe, le livre ne nous dit pas, à travers certains de ses personnages, que les Juifs de France doivent se préparer à partir, car la capacité des Français à tout accepter des jeunes beurs est infinie et qu'elle mènera le pays au désastre.

Ce sont certains personnages qui le disent, pas le livre. Le livre a l'ambition - peut-être trop grande - de ressusciter ces vingt dernières années dans leur globalité. Mythe balzacien qui me tient à coeur du roman total qui reconstitue une époque, un milieu. La vie. Le livre veut, lui, montrer au contraire que l'éloge du multiculturalisme, la dénonciation incessante de la France, la dégradation de l'école, de la langue française, l'affaiblissement du sentiment patriotique, ont poussé chacun à se replier sur ses racines, sa religion, sa communauté. Puisque nous avons voulu détruire la nation, nous aurons les tribus. Et les tribus se feront la guerre. Toutes les tribus, pas seulement les tribus juives et arabes. Cette défrancisation a bien entendu touché les milieux populaires juifs, où un sionisme militant, couplé à un revival religieux, frustre et impérieux à la fois, a tenu lieu d'identité et d'idéal de substitution à l'idéal national et républicain. Mon message, si message il y a, est donc exactement à l'inverse de ce que tu as compris.

Même chose quand tu dis que mes personnages sont parfois des archétypes, l'amusant est qu'ils sont pris sur le vif, et ressemblent beaucoup aux vrais habitants de cet immeuble de la Grange aux belles, où j'ai enquêté. Comme si la réalité était parfois plus caricaturale qu'on ne veut le voir. Même chose quand tu dis que mes personnages sont esclaves d'une théorie, je me permets là aussi de contester ton analyse. Je crois que l'Histoire a des lois, qu'elles sont implacables, meurtrières, et que nous les avons bafouées avec une légèreté coupable. Mes personnages, comme des personnages de tragédie grecque, sont les jouets du destin, mais où les Dieux antiques auraient été remplacés par l'Histoire. C'est pour cette raison que j'ai écrit un roman et non un essai. Pour montrer les ravages de la guerre idéologique sur la vie des gens. Avec toute mon amitié.


Samedi 12 Janvier 2008 - 00:03

Eric Zemmour

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