Le PS boycotte le Congrès de Versailles : une autre façon de dire «oui» à Sarkozy
Le PS boycotte le Congrès de Versailles : une autre façon de dire «oui» à Sarkozy
Si François Hollande espérait faire glisser cette décision dans l'ombre
de la conférence de presse présidentielle, c'est raté ! Mardi 8
janvier, à l'occasion de ses vœux à la presse, Jean-Marc Ayrault a
déclaré que les députés socialistes ne se présenteraient pas lors de la
réunion du Congrès du 4 février visant à réviser la Constitution pour
adopter le traité de Lisbonne par voie parlementaire. « Une question de cohérence »,
selon le président du groupe socialiste à l'Assemblée qui a soutenu que
cette position était le meilleur compromis entre l'adhésion du PS au
texte du traité mais le rejet de son mode d'adoption. Paradoxe qu'ont
immédiatement relevé les observateurs : puisque la majorité des 3/5
nécessaires à l'adoption est celle des suffrages exprimés, moins
nombreux seront les socialistes, plus les voix des autres pèseront et
plus le vote favorable sera massif. Autrement dit, ce boycott est la
meilleure façon de soutenir le refus de référendum de Nicolas Sarkozy.
Henri Emmanuelli à un meeting du « non » en 2005.
Confusion et malaise dans le « non » comme dans le « oui »
Claude Bartolone indiquait que la prise de position n'avait même pas
été discutée en réunion de groupe mardi 8 au matin. Sur la nature même
de cette déclaration, les avis sont nombreux au PS : « ce n'est pas une consigne puisqu'il n'y a pas eu d'accord au sein du groupe », assure un député, « c'est juste une recommandation », ajoute un autre pendant qu'un troisième clame que ce n'est « qu'une position personnelle ! »
Immédiatement soutenue par François Hollande, la déclaration de
Jean-Marc Ayrault n'a pour l'instant rallié que Bruno Le Roux, qui
avait fait part lundi de son choix de boycotter le Congrès.
Partout ailleurs, c'est un certain malaise qui ressort : « nous vivons un grand moment de perplexité »,
commente-t-on dans l'entourage d'Henri Emmanuelli. Ce dernier, Claude
Bartolone, Laurent Fabius et Jean-Luc Mélenchon ont déjà dénoncé ce qui
apparaît comme une pantalonnade au service de Sarkozy. Mais il n'y a
pas que les « nonistes » historiques qui font de la résistance : Manuel
Valls et Jack Lang ont fait part mercredi 9 de leur surprise. « Je voterai deux fois oui », a assuré l'ancien ministre de la Culture.
Les socialistes verront-ils la galerie des Glaces ?
Un coup non, un coup rien, un coup oui…
Comble de la schizophrénie, le même Jean-Marc Ayrault assurait dans sa
conférence de presse que les socialistes voteraient en faveur de [la
proposition de loi constitutionnelle]url:http://
par laquelle le groupe parlementaire GDR (communistes, écologistes et
radicaux) comptait militer pour le recours au référendum pour valider
le traité de Lisbonne ! « La gauche
est minoritaire à l'Assemblée, or le texte étant voté à la majorité
simple, même si nous faisons front uni, nous ne seront jamais assez
nombreux », résume Jean-Claude Sandrier, président du groupe GDR.
Autrement dit, la direction du PS propose de dire « oui » à l'Assemblée
quand cela ne change rien et de s'abstenir au Congrès quand elle
pourrait faire bouger les choses sur le référendum. « Si vous trouvez une cohérence, faites-moi signe ! » ironise un assistant parlementaire.
Réunion de crise des socialistes référendistes
Une surprise attendait Alain Vidalies, député PS et vice-président de la commission des lois, lors de l'examen de la proposition communiste mercredi 9 : «
Personne ne voulait aller débattre de ce texte en commission au PS.
Finalement, Manuel Valls a voté contre, avec la droite, et Caresche
s'est abstenu. » C'est bien la peine de donner des consignes !
Devant la Bérézina, Henri Emmanuelli a envoyé une lettre à tous les
députés du groupe (ainsi qu'aux sénateurs) pour fixer un rendez-vous :
mardi 14 janvier, veille de l'examen de la modification de la
Constitution à l'Assemblée, le député des Landes a convoqué tous les
partisans d'un référendum pour « cadrer l'action » des trois semaines qui s'écouleront jusqu'au Congrès. Il serait question de doter ce « front » d'un porte-parole. Alain Vidalies, qui s'est joint à l'initiative, pense qu'une faille pourrait jouer en leur faveur : «
Lors de la réunion du Congrès, chaque groupe a un temps d'expression :
comment s'exprime-t-on quand on boycotte un vote ? Autant avoir un
porte-parole en réserve. »
© SL