Contre l'obésité infantile, un projet de loi limitant la pub
Contre l'obésité infantile, un projet de loi limitant la pub
Un million et demi d'enfants sont obèses et, en 2007, 87 % des
publicités à destination des enfants portaient sur des produits trop
riches en graisse, sucre ou sel. Pour l'Union Fédérale des
Consommateurs Que choisir, seule une loi peut mettre fin au harcèlement
alimentaire des enfants. Un an après la publication de son enquête sur
le rôle de la publicité télévisée dans l'obésité infantile, l'UFC-Que
Choisir démontre, étude à l'appui, que le harcèlement alimentaire des
enfants à la télévision ne faiblit pas. L'absence de progrès notable
(en 2006, 89 % des spots portaient sur des produits gras ou sucrés)
montre, pour l'association, que les annonces de l'industrie au cours de
ces douze derniers mois, « n'étaient que des engagements en trompe-l'œil ».
En concentrant sa communication publicitaire sur des produits
manifestement déséquilibrés, l'industrie agroalimentaire participerait,
aux côtés des cantines défaillantes et des rayons déséquilibrés des
grandes surfaces, à l'augmentation alarmante de l'obésité infantile.
Jusqu'ici, les pouvoirs publics refusaient de se saisir de
ces dossiers, acceptant ainsi qu'avec une augmentation annuelle de 5,7
% la France se rapproche des Etats-Unis où 66 % des personnes sont en
surpoids ou obèses. Depuis le mois de décembre 2007, le député UMP Alain Suguenot a déposé une proposition de loi
la lutte contre l'obésité infantile et notamment contre l'abondance de
publicités pour des produits gras et sucrés durant les programmes
télévisés pour enfants. « Les deux dispositions principales concernent la prévention informative contre l'obésité dans les écoles et la publicité »
explique l'attaché parlementaire de M.Suguenot. Roselyne Bachelot s'est
saisie du dossier et le député est optimiste quant à un travail à la
fois législatif et gouvernemental sur le sujet.
Mobilisation
Aux côtés des autres associations concernées par la problématique de
l'obésité infantile, notamment la Peep, une association de parents
d'élèves, l'UFC Que Choisir demande aux parlementaires de voter une loi
interdisant la diffusion des publicités pour les produits les plus gras
et les plus sucrés, lors des programmes pour enfants. Mais pour l'UFC
cette mesure ne sera efficace que si elle s'inscrit dans le cadre d'une
politique globale de prévention de l'obésité infantile, s'attaquant à
l'ensemble des facteurs identifiés : « Apparemment
le Gouvernement prend le sujet au sérieux. Nous espérons cependant une
grande loi alors que pour l'instant la ministre a indiqué que des
mesures d'encadrement seraient suffisantes. Or ces mesures existent
déjà et elles n'ont aucun effet, il s'agit d'une auto régulation que ne
respectent que certaines entreprises, notamment le syndicat du chocolat
mais quid des autres telles que Nestlé, Haribo ou Danone ?» questionne le chargé de mission nutrition et alimentation pour l'UFC. Il ajoute : « Nous voulons des engagements écrits et réellement protecteurs des enfants ».
L'Association nationale de l'industrie agro-alimentaire (Ania) reste
muette pour le moment sur le problème. Chez Nestlé, on réplique que la
charte européenne mise en place en décembre sur la publicité est
respectée : « Nous ne faisons pas de
publicité sur les barres chocolatées à destination des enfants. De
plus, l'obésité ne se résume pas à la communication, c'est aussi un
problème de comportement alimentaire ». Certes mais 87% des
publicités sur les sucreries n'aident en rien à habituer les enfants à
manger équilibré. D'après l'UFC, cette charte « c'est du pipeau, elle semble aller dans le bon sens mais en pratique elle ne marche pas ».
Ailleurs en Europe, la situation évolue plus vite : depuis avril 2007
en Angleterre, la publicité pour certains aliments est interdite
pendant les programmes « jeunes » destinés aux moins de 12 ans. Il est
donc possible d'imposer aux entreprises agro-alimentaires des règles
strictes et de définir les bons et les mauvais produits. Reste à savoir
si le comportement des consommateurs suivra.
Samedi 05 Janvier 2008 - 07:48
Pauline Delassus