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5 janvier 2008

Des agents de sécurité surveillent des cours de récréation berlinoises

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Des agents de sécurité surveillent des cours de récréation berlinoises
         

LE MONDE | 05.01.08 | 13h37  •  Mis à jour le 05.01.08 | 13h37         

BERLIN  CORRESPONDANCE

C'est l'heure de la récréation à l'école primaire Karl-Weise de Neukölln, un quartier berlinois populaire composé d'une importante population d'origine étrangère. Les enfants s'élancent dans le préau en poussant des cris de joie.

Parmi la foule des écoliers, on distingue deux hommes vêtus d'un uniforme bleu foncé. Il s'agit de deux agents de sécurité employés par l'entreprise Germania et chargés d'une mission de surveillance dans l'établissement scolaire depuis le 10 décembre 2007. Ce projet est testé par douze autres écoles du quartier et doit durer jusqu'à l'été 2008. La mairie de Neukölln a imposé cette mesure malgré l'opposition du Sénat de la ville. "Des unités paramilitaires ne sont pas la bonne voie", a critiqué Ehrhart Körting (SPD), le sénateur chargé des affaires intérieures. "Ce pas est incontournable, sinon nous ne pourrons plus garantir aux parents la protection et la sécurité de leurs enfants", a rétorqué Heinz Buschkowsky (SPD), le maire du quartier. Au cours de l'année scolaire 2006-2007, les écoles de Neukölln ont signalé 139 cas de violences corporelles.

"La police intervient seulement après les faits, nous voulions ces agents pour agir préventivement", explique Klaus Hartung, le directeur de cette école âgé de 63 ans. Les difficultés du collège Rütli, situé dans le même quartier, l'ont poussé à prendre cette décision, comme plusieurs de ses collègues des douze autres établissements concernés. En mars 2006, les enseignants de Karl-Weise avaient lancé un appel désespéré à la mairie face à la multiplication des violences au sein de l'école.

Ici, le problème ne vient pas tant de l'intérieur que de l'extérieur. L'établissement, installé dans un immeuble en brique rouge de la fin du XIXe siècle, scolarise 370 enfants âgés de 6 à 13 ans dont les deux tiers parlent une langue maternelle autre que l'allemand. Il y a certes quelques cas d'absentéisme, des tentatives de racket et parfois quelques insultes à l'encontre du personnel enseignant. Le danger vient surtout d'anciens élèves qui viennent rôder à proximité de l'établissement, s'y introduisent et provoquent des conflits.

Le 13 décembre, un incident a eu lieu devant l'entrée de l'école. Une enseignante qui rentrait avec sa classe de CM2 a été agressée par deux anciens élèves. L'un d'eux a secoué l'institutrice et l'a insultée jusqu'à ce que les agents de sécurité interviennent et appellent la police. "Cet événement permettra peut-être de mieux légitimer la présence de ces agents", espère le directeur de l'école.

A l'origine, son idée a rencontré une forte opposition parmi les enseignants et les parents d'élèves. Même si le personnel enseignant a fini par donner son accord, les avis restent partagés dans la salle de réunion des professeurs. "Ce devrait être à l'Etat de protéger les écoles, et non pas à une entreprise privée", commente l'un d'entre eux, responsable d'une classe de sixième. Pour sa collègue Catherine, une institutrice âgée de 46 ans qui refuse donner son nom, "on n'a rien à perdre à tenter cette expérience".

Les parents d'élèves ont fini par temporiser. "Je leur ai assuré qu'il ne s'agissait pas de contrôler leurs enfants", explique M. Hartung. Quant aux enfants, ils ne semblent pas pour l'instant s'émouvoir de la présence de ces agents. "Mes élèves ne m'en ont pas encore parlé", affirme Catherine.

Avant d'arriver dans l'école, les deux agents, qui refusent de commenter leur mission, ont suivi une formation d'une semaine pour gérer les conflits. Leur rôle demande encore à être précisé. D'après le directeur, ils doivent intervenir en cas de bagarre dans l'école ou s'assurer qu'un inconnu ne s'est pas glissé sous le préau. En même temps, le corps enseignant ne doit pas, selon lui, transférer sa responsabilité de surveillance sur les agents. "Nous nous trouvons encore dans une zone grise", reconnaît Klaus Hartung. Selon Catherine, "les agents se montrent pour l'instant professionnels et discrets". "Je remettrai peut-être en cause le bien-fondé de cette expérience si les élèves commencent à me dire qu'ils ne peuvent plus faire un pas sans que quelqu'un regarde par-dessus leur épaule", souligne M. Hartung.

Cécile Calla

Article paru dans l'édition du 06.01.08.

                                 
CHIFFRES
         

Neukölln : 147 832 habitants, dont 51 709 étrangers. Taux de chômage : 23,1 %. Selon une étude publiée par le sénat de Berlin en décembre 2006, les actes de violences déclarés par les établissements ont fait un bond de 76 % au cours de l'année scolaire 2005-2006. Neukölln est concerné au premier plan par ces agressions en milieu scolaire.

Selon les statistiques de la police berlinoise, la délinquance juvénile en groupe a augmenté de 8,4 % en 2006 à Berlin.

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