L'anti-sarkozysme est-il soluble dans la nouvelle année ?
L'anti-sarkozysme est-il soluble dans la nouvelle année ?
Ah, la campagne présidentielle ! Vous vous souvenez ? La muse Sarkozy
inspirait des créations aussi improbables que décalées même à ses
opposants les plus ternes… Combien de sites ? Combien de chansons
rigolotes ou complètement idiotes ? De vidéos tronquées, de tracts
virtuels ? Certains jours, on en recevait des dizaines dans nos boîtes
mail. Pourtant, depuis mai dernier, il faut bien reconnaître que, en
dépit de toutes les promesses de création d'un « observatoire du
sarkozysme » (c'était le grand truc au lendemain de l'élection), eh
bien… les chants se sont tus et la plupart des vocations sont allées
exercer leurs talents ailleurs. Après avoir été jouer trois ou quatre
fois de la trompette pour les habitants de Neuilly à 6 heures du matin,
les courageux membres du collectif de la France qui se lève tôt
ont fini par rester au lit, sans doute cloués de rage et d'impuissance
depuis que leur ennemi a remporté la victoire. Même silence du côté des
riverains du Xè arrondissement de Paris, qui manifestaient devant le QG
du candidat de l'UMP. A leur décharge, depuis son élection, on n'a plus
beaucoup vu les têtes de gondole de la majorité présidentielle hanter
ce quartier pourtant populaire... Mais alors, six mois après, que
reste-t-il ?
Après l'esprit potache...
Quelques incontournables. Les facétieuses « manifs de droite » essaiment un peu partout en France et même au Canada, aux cris de leurs fameux slogans : « Jésus revient, avec Jean-Pierre Raffarin ! » et autres « Moins d'Assédics et plus de domestiques ! ». Toujours au soixante-douzième degré, le site bravepartie
continue d'alimenter la Toile en scoops inédits. Cette semaine, on y
apprend par exemple que Nicolas Sarkozy a passé le réveillon dans un
secte sataniste pour faire preuve d'ouverture après sa visite au
Vatican et que Carla Bruni est une taupe des réseaux anarchistes. La
routine, quoi. Dans le même esprit, les sarkostiques
poursuivent leur travail de sape de l'image présidentielle : dessins
plus ou moins humoristiques, dénonciation politique… le ton est aussi
acide que lors de la campagne et la révolte n'a pas pris un bémol. Le
groupe Torapamavoa Nicolas, auteur d'un tube maison
(c'est à dire fait à la maison : deux voix, un bontempi) au printemps,
s'est mis, lui, à faire des cartes de vœux maison (un ordinateur,
photoshop, et hop) pour 2008. Bref, les plus motivés semblent bien
partis pour tenir jusqu'à 2012. Derrière ces grands anciens de
l'anti-sakozysme potache, on remarque également l'arrivée de nouveaux
venus, comme Les chanteurs du dimanche.
Chaque semaine, grâce à myspace, ces deux échevelés abîment leurs
cordes vocales et celles de leur guitare sur l'actualité. Leurs
standards : Le Super pouvoir d'achat, Petit cheminot, Standing ovation (pour Muammar Kadhafi), Rachida et Nicolas…
L'esprit est encore artisanal, la nouveauté, c'est que ça cartonne.
L'anti-sarkozysme pourrait bientôt être soluble dans la Major. On ne
les verra peut-être pas chez Drucker tout de suite, mais Canal+ les a
déjà repérés.
Gardien de la paix (La Chanson du Dimanche / saison1-11)
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...le temps de la réflexion
Et puis, il y a ceux qui ont évolué. En fait, l'observatoire du
sarkozysme tant attendu n'a certes pas vu le jour mais, une fois passée
l'urgence de l'élection, certains sarkophobes ont détourné leur
attention d'un Président trop présent pour se recentrer sur le
problème…d'une gauche très absente. En témoigne l'évolution du site re-so,
animé, entre autre, par le militant strauss-kahnien Maxime des Gayets.
Finie la croisade anti-Sarko, re-so a pondu un opuscule très sérieux
intitulé La gauche dans le texte
(à commander sur le site) et propose aux internautes de commenter et
d'évaluer les propositions de gauche. La réflexion va dans le même sens
chez le Sarkophage.
Le rédacteur en chef de ce petit journal créé au lendemain de
l'élection, Paul Ariès, politologue dans le civil, affiche l'ambition
de fédérer toutes les forces républicaine, des gaullistes aux
gauchistes historiques, pour mener une grande réflexion sur la refonte
de l'opposition au sarkozysme. Si, en 2007, le candidat de l'UMP a bien
amusé la galerie, il semble qu'en 2008, ce soit à la gauche de donner
le change. Moins marrant, peut-être. Mais pas forcément inutile ?
Mercredi 02 Janvier 2008 - 00:10
Anna Borrel