Etats-Unis : les caucus de l'Iowa donnent le coup d'envoi des primaires
REUTERS/JASON REED
Barack Obama à l'université de l'Iowa, le 5 décembre 2007.LE MONDE | 29.12.07 | 14h23 • Mis à jour le 29.12.07 | 14h23
WASHINGTON CORRESPONDANTEcinq jours du début du processus de sélection des candidats démocrate et républicain pour l'élection présidentielle de novembre 2008, la plus grande incertitude règne dans les deux partis. Les démocrates sont en proie à un choix cornélien pour tenter de déterminer qui, d'une femme - Hillary Clinton - ou d'un candidat afro-américain - Barack Obama - a le plus de chances de battre le candidat républicain dans la course à la Maison Blanche. Les conservateurs, eux, sont confrontés à un choix existentiel : quel Parti républicain après George Bush ?
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Cette année, la date des caucus tombe pendant les vacances scolaires, alors que M. Obama compte beaucoup sur la mobilisation des étudiants. "Si Obama ne gagne pas, c'est parce qu'il n'aura pas réussi à attirer cette catégorie qu'il a visée : les jeunes, qui vont participer aux caucus pour la première fois", explique Ann Seltzer, la responsable des sondages pour le quotidien de l'Iowa, le Des Moines Register.
Chaque parti compte 1 784 caucus (un par bureau de vote). Au cours de ces réunions, les militants présentent des motions en faveur des candidats et discutent de leurs choix. Les républicains procèdent à un simple vote à main levée. Les démocrates ont adopté de leur côté une particularité qui rend le processus encore plus complexe (certains disent non démocratique). Pour se maintenir en course, chaque candidat doit recueillir 15 % des votes. S'il ne les atteint pas, ses partisans ont trente minutes pour reporter leurs voix sur un autre candidat.
A
ce stade, les tractations sont assez obscures. Si l'on peut penser que
les électeurs du sénateur du Delaware, Joseph Biden, se reporteront sur
Hillary Clinton, le choix des partisans du gouverneur du
Nouveau-Mexique, Bill Richardson, par exemple, n'est pas clair. Sans
compter le fait que les électeurs se décident aussi en fonction de
marchandages plus locaux.
"DÉSESPÉRANCE"
Dans ce contexte, les sondeurs mettent surtout en avant la marge d'erreur. Les derniers sondages montrent une course très serrée entre la sénatrice de New York et ancienne "First Lady" Hillary Clinton, le sénateur de l'Illinois Barack Obama, et l'ancien avocat pénaliste devenu celui des pauvres, John Edwards, qui a axé toute sa campagne sur l'Iowa : ils obtiennent respectivement 29 %, 26 % et 25 % avec une marge d'erreur de 4 points, selon une enquête Bloomberg/LA Times. D'après Ann Selzer, les démocrates sont angoissés. "Ils ne veulent pas se tromper. Ils veulent être sûrs que leur candidat peut gagner la présidence et être efficace à la Maison Blanche."
Mme Clinton espère profiter du retour de la politique étrangère dans la campagne, après l'assassinat, jeudi, de l'ex-premier ministre pakistanais Benazir Bhutto. M. Obama, qui avait trébuché sur le sujet du Pakistan en août, a dû défendre son bras droit, David Axelrod, qui a réussi à lier dans une même phrase l'attentat contre Mme Bhutto et le vote de Mme Clinton sur l'Irak.
Dans un message titré "Désespérance", M. Obama a appelé ses partisans à envoyer de l'argent pour défendre sa candidature face à l'establishment : "Washington contre-attaque avec tout ce qu'il peut, des publicités négatives, des insultes, de la malhonnêteté, des millions de dollars de groupes extérieurs et de donateurs anonymes, pour tenter de nous arrêter en chemin." La campagne Obama a déjà dépensé 8 millions de dollars dans l'Etat, soit trois fois plus que John Kerry, le candidat démocrate choisi par l'Iowa en 2004.
Du côté républicain, les sondages donnent une avance plus nette à Mike Huckabee, ex-gouverneur de l'Arkansas et pasteur baptiste, qui devance son principal rival, Mitt Romney, d'environ 10 points. M. Romney, qui était le favori, se voit maintenant contraint de diffuser des publicités négatives contre M. Huckabee et contre John McCain. Mais le pasteur pourrait lui aussi pâtir de l'irruption du Pakistan dans la campagne. Après avoir demandé que l'état d'urgence soit levé à Islamabad - ce qui était déjà fait depuis deux semaines -, il a vu dans la situation au Pakistan une raison supplémentaire d'ériger une barrière à la frontière mexicaine contre l'immigration illégale. Ce qui n'a pas été vu comme une marque de subtilité.
Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 30.12.07.