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Mon Mulhouse2
22 décembre 2007

Ultra-riches et nouveaux pauvres

marianne2

Ultra-riches et nouveaux pauvres

Avec la Lettre A, la chronique de Jean-Michel Quatrepoint.



Ultra-riches et nouveaux pauvres

 

En ce Noël 2007, quelques images en disent plus long pour décrire l'évolution du monde que bien des discours. Image, bien sûr, des SDF dans le froid. Image aussi de ces ultra-riches, nomades d'un nouveau genre, prêts à payer n'importe quel prix les biens qu'ils convoitent. D'un côté, des millions de nouveaux pauvres, dont les rangs grossissent en Occident d'année en année. De l'autre, quelques centaines de milliers de nouveaux riches, qui ne savent plus quoi faire de leur argent. Au milieu, cette vaste classe moyenne, fruit de décennies d'un capitalisme bien ordonné, qui se demande de quoi demain sera fait. Avec une hantise : tomber, ou voir tomber ses enfants, dans la trappe à pauvreté.

Le capitalisme sans garde-fou
Le fordisme et le New Deal de Franklin Roosevelt, puis les Trente Glorieuses avaient généré une formidable prospérité. Le partage de la valeur ajoutée s'était fait largement en faveur du travail, au détriment du capital. Et ce, tout simplement parce que le capitalisme avait un concurrent : le communisme. Il lui fallait donc être plus performant pour éviter que les populations occidentales ne basculent du côté de l'adversaire. La démonstration fut éclatante. Non seulement le système généra beaucoup plus de richesses, mieux réparties, mais il avait, comme on dit, un plus produit : la liberté. L'URSS abattue, le communisme décrédibilisé, le concurrent éliminé, le système capitaliste aurait pu trouver une nouvelle source de jouvence, un développement harmonieux. Chassez le naturel, il revient au galop ! Le capital, du moins un certain capital, tenait sa revanche. Grâce à une alliance contre-nature entre l'indice Standard & Poor's 500, la City et le Parti communiste chinois, il allait trouver dans l'empire du Milieu cette gigantesque armée de réserve nécessaire pour faire pression sur les salariés occidentaux.

Transfert de richesses

La Chine, puis l'Inde, et quelques autres grands pays émergents deviennent les principaux producteurs de biens et de services. Avec, pour simplifier, un triple transfert de richesses. Au profit d'une classe moyenne balbutiante dans les pays émergents, des multinationales qui améliorent leurs marges et d'une nouvelle noblesse d'argent. Cette pression sur les salariés occidentaux, rendue possible par la mondialisation, visait à redéfinir un nouveau partage de la valeur ajoutée, plus favorable au capital et un peu moins au travail. Le tout devant, bien sûr, redynamiser des économies occidentales qui avaient tendance à s'ankyloser. L'ajustement a commencé, il y a près d'un quart de siècle, chez les Anglo-Saxons. Les syndicats ont été cassés ; l'ouvrier de la General Motors s'est transformé en vendeur de pizzas.

Nouveau nomadisme
Londres symbolise jusqu'à la caricature cette évolution. C'est la capitale des ultra-riches, qui côtoient une armée d'immigrés prompts à leur offrir toute une gamme de services. Les Britanniques les plus pauvres survivent difficilement, avec de maigres allocations sur le modèle de notre RMI. Mais ils sont, fort habilement, sortis des statistiques. Quant à la classe moyenne, elle émigre de plus en plus. Notamment… en France. Confrontées à une paupérisation relative, les familles se délocalisent. C'est le nouveau nomadisme, fruit de la mondialisation. Celui des ultra-riches, avec leurs jets privés. Celui des immigrés traditionnels, attirés par le miroir aux alouettes de l'Occident qu'ils croient encore riche. Et celui maintenant des classes moyennes occidentales, qui tentent de maintenir leur pouvoir d'achat, en n'habitant plus là où elles gagnent leur vie.


Samedi 22 Décembre 2007 - 00:02

Jean-Michel Quatrepoint

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