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Mon Mulhouse2
10 décembre 2007

Kadhafi à l'Elysée, rififi au Quai d'Orsay

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Kadhafi à l'Elysée, rififi au Quai d'Orsay
                                   

      

L'Elysée et Matignon tentent de contenir Bernard Kouchner et surtout Rama Yade qui ont du mal à cacher leur malaise.

Rama Yade et Bernard Kouchner, en juin à l'Elysée (Philippe Wojazer/Reuters)

En visite officielle, de cinq jours qui plus est. Le colonel Kadhafi ne pouvait espérer accueil plus chaleureux pour sa première visite en France depuis 34 ans. Une visite qui ne fait pas que des heureux du côté du Quai d'Orsay.

Rama Yade a ouvert le feu des critiques dans une interview publiée lundi dans Le Parisien -et relue par l'intéressée. La secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme et aux Affaires étrangères s'est dite "dérangée" que le président de la Libye "arrive un jour de célébration des droits de l'homme", ce 10 décembre. Puis d'ajouter:

"Je serais encore plus gênée si la diplomatie française se contente de signer des contrats commerciaux, sans exiger de lui des garanties en matière de droits de l'homme. C'est un devoir: la France n'est pas qu'une balance commerciale. (...)

"Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort."

C'est pourtant bien toute une série d'accords économiques que Nicolas Sarkozy entend signer avec la Libye, troisième producteur africain de pétrole et source de débouchés importants pour les industriels français. En jeu: pour plus de 3 milliards d'avions Airbus, un réacteur nucléaire et de nombreux équipements militaires.

Coup de fil de Sarkozy et convocation à l'Elysée pour Rama Yade

Un modèle de "realpolitik" que le président français a dû se chargé d'enseigner à sa secrétaire d'Etat, en la convoquant ce lundi matin à l'Elysée. Rama Yade en est ressortie au bout d'une demi-heure sans faire le moindre commentaire.

Déjà, elle avait reçu un premier coup de téléphone présidentiel entre ses deux interventions radiophoniques de la matinée. Interrogée sur RTL, la secrétaire d'Etat réitérait ses propos tenus dans Le Parisien, déplorant se retrouver avec "une Journée des droits de l'homme sur les bras et Kadhafi sur le tarmac d'Orly:



Après quelques minutes et l'appel de l'Elysée, elle entamait une délicate reculade, en modérant sa position au micro de France Info:

"Je n'ai absolument aucune hostilité vis-à-vis d'une visite du colonel Kadhafi, à partir du moment où il a renoncé à tout programme militaire nucléaire. (...) Dans ces conditions, il vaut mieux parler avec lui plutôt que de le marginaliser ou de le rejeter aux confins du terrorisme."

Quoi qu'il en soit, son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, n'a pas caché qu'il "enviait" parfois la benjamine du gouvernement "qui peut parler ainsi des droits de l'homme". Invité lundi de France Inter, le ministre s'est seulement contenté de glisser que c'est par un "heureux hasard -une réunion à Bruxelles- s'il peut échapper au dîner officiel donné dans la soirée à l'Elysée:



Les deux occupants du Quai d'Orsay sont décidément plus loquaces à l'écrit. Le même Bernard Kouchner, dans une tribune publiée le même jour dans La Croix, prévient plus clairement que la France gardera "les yeux ouverts":

"Pas question d’oublier le nom des victimes qui lui furent imputées. Pas question d’oublier quoi que ce soit de leurs souffrances. Kadhafi a abandonné les armes de destruction massive et renoncé pour son pays au terrorisme. Faut-il le croire et renouer avec la Libye? Peut-on, comme le font les autres pays européens, commercer avec lui?"

François Fillon fustige "les donneurs de leçons"

En visite à Buenos Aires, François Fillon éprouve bien des difficultés à tenir ses troupes. Son retour en France s'annonce houleux. Le Premier ministre a prévenu dimanche depuis la capitale argentine:

"Je vois tellement d'observateurs qui jugent de manière péremptoire le nouveau style donné aux relations internationales par le président de la République. Je leur dis : la France parlera à tout le monde en restant fidèle à ses idéaux et à son message universel. (...)

"Que les donneurs de leçons tournent sept fois leur langue dans leur bouche. Laisser les infirmières bulgares croupir dans les geôles libyennes, ça aurait été un crime."

Nicolas Sarkozy est bien ce cet avis, lui qui s'est dit "très heureux" de recevoir le président libyen pour encourager "son retour à la respectabilité internationale", ce week-end à Lisbonne lors du sommet UE/Afrique. Un sommet au cours duquel Mouammar Kadhafi a dans un même temps jugé "normal que les faibles aient recours au terrorisme".

Une pratique de la diplomatie très éloignée des promesses de la majorité. Dans son programme pour les dernières législatives, l'UMP écrivait noir sur blanc sous le titre "Ne pas sacrifier l’homme à la mondialisation":

"Il ne peut pas y avoir de libéralisation des échanges avec des pays qui ne respectent pas des conditions minimales de dignité des salariés. Notre diplomatie doit être moins soucieuse d’attirer les faveurs de nos clients que d’assurer la rigueur de son éthique. Le prestige de notre pays n’y gagne pas, son commerce non plus. Les intérêts de notre balance extérieure ne justifient donc pas que nous soyons silencieux sur les atteintes aux droits de l’homme qui sont commises dans certains pays."

A lire aussi: Kadhafi: le Net crie haro sur le nouvel ami de Sarkozy

Mis à jour le 10/12/2007 à 13h21: ajout de l'appel de Nicolas Sarkozy entre les interventions radiophoniques de Rama Yade.

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