Nicolas Sarkozy "rêve" de voir Ingrid Betancourt libérée à Noël

reuters

Nicolas Sarkozy "rêve" de voir Ingrid Betancourt libérée à Noël

      

06.12.07 | 13h35      

               ARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a pris une initiative dans le dossier des otages de Colombie en demandant la libération d'Ingrid Betancourt et des autres otages, dans un double message adressé à ces derniers et au chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Cet appel, lancé mercredi soir et annoncé par l'Elysée, a été salué par la famille de la Franco-Colombienne détenue depuis près de six ans dans la jungle, et par ses comités de soutien.

Le chef de l'Etat français a adressé un message télédiffusé et un autre radiodiffusé. Le premier a été montré à la télévision colombienne mercredi soir à 19h00, heure locale, a précisé jeudi le porte-parole du gouvernement.

Le second sera diffusé par Radio France Internationale (RFI), qu'Ingrid Betancourt est parfois autorisée à écouter les lundi, mercredi et vendredi matin, a ajouté Laurent Wauquiez lors du compte rendu du conseil des ministres.

Dans ces messages, Nicolas Sarkozy s'adresse directement au chef des Farc, Manuel Marulanda. "Je forme un rêve : celui de voir Ingrid au milieu des siens pour Noël", dit-il.

"Je m'engage de mon côté à continuer à m'impliquer personnellement dans la recherche d'une solution humanitaire, pour la libération de tous les séquestrés. Au-delà, je m'engage à redoubler d'efforts, si cela est souhaité, pour contribuer à trouver une issue au conflit colombien", ajoute-t-il.

Des vidéos, des lettres et des photographies d'Ingrid Betancourt et d'autres otages ont apporté la semaine dernière la première preuve de vie depuis 2003 de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle colombienne.

"NOUS NE VOUS LAISSERONS JAMAIS TOMBER"

"La flamme est en train de s'éteindre dans cette femme dont l'audace, dont le courage forcent l'admiration de ceux qui la connaissent. Où est donc passé son sourire ?", déplore Nicolas Sarkozy.

"M. Marulanda, vous pouvez réaliser ce rêve, vous pouvez sauver cette femme, vous pouvez montrer au monde que les Farc comprennent les impératifs humanitaires. M. Marulanda, vous portez une lourde responsabilité", ajoute-t-il.

Dans l'autre message, Nicolas Sarkozy s'adresse aux otages.

"La France ne vous oubliera pas", assure-t-il, "elle ne vous oubliera jamais. En ce moment même la France recherche de nouveaux moyens pour vous rendre à la liberté, pour vous rendre aux vôtres et à la vie".

"J'aurai, avec la discrétion qui s'impose, tous les contacts nécessaires pour atteindre le seul objectif qui m'intéresse : votre liberté", ajoute le chef de l'Etat.

S'adressant nommément à Ingrid Betancourt, il déclare : "Je veux vous dire, chère Ingrid, mon admiration pour votre dignité, pour votre courage dans une situation où des êtres plus faibles auraient perdu jusqu'à leur humanité (...) Ingrid, nous ne vous laisserons jamais tomber."

Le président "ira jusqu'au bout" dans ce dossier, a affirmé jeudi la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade.

"On mesure complètement les dangers, mais tout ça se discute", a-t-elle dit à la presse à la sortie du conseil des ministres. "Il réfléchit à la manière d'opérer le mieux possible pour que les otages soient libérés", a-t-elle ajouté.

Ce dossier devrait être au menu du séjour du Premier ministre, François Fillon, en Argentine à la fin de la semaine.

"A cette occasion, il pourra avoir des entretiens avec le président colombien (Alvaro Uribe, ndlr), c'est d'ailleurs prévu, mais (...) ce n'est pas l'objet de cette visite. C'est bien une visite en Argentine", a précisé Laurent Wauquiez.

La mère de l'otage et sa soeur ont remercié Nicolas Sarkozy "avec émotion et espoir" pour son "appel fort, audacieux et empreint d'humanité".

"C'est une opportunité historique sans précédent pour les Farc de montrer au monde entier qu'ils ont une 'face humanitaire'", ajoutent-t-elle dans un communiqué.

La Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt a salué "le geste humain et solennel du président Sarkozy".

"Nous espérons qu'au delà de cet appel, des actions concrètes sont menées", ajoute-t-elle dans un communiqué.

Le comité de soutien à Ingrid Betancourt a déclaré de son côté que "même dans ses rêves les plus optimistes, jamais le comité de soutien n'avait espéré qu'un chef d'Etat prenne le dossier en main aussi admirablement".