Journalistes et politiques font amis- amis sur Facebook
Journalistes et politiques font amis- amis sur Facebook
Les relations entre journalistes et hommes politiques sont complexes,
parfois houleuses, mais nécessaires et inévitables. Grâce à l'arrivée
de Facebook sur Internet tout semble se simplifier. En quelques clics
on peut devenir « l'ami » des hommes et femmes politiques inscrits sur
ce site web de réseau social. Depuis le 24 mai 2007, Facebook permet à
ses 70 millions de membres de s'envoyer des messages, d'échanger des
photos et d'adhérer à des groupes d'intérêts communs.
Après les blogs, dont le succès
s'estompe, il semblerait indispensable pour un homme politique «
branché » d'avoir sa page Facebook. Il y écrit des notes, annonce ses
événements et expose des photos, parfois inédites. Militants, collègues
ou simples citoyens peuvent y laisser des commentaires et connaître
leurs « amis ». La liste des « amis » des personnalités les plus
connues dépasse facilement les mille. Olivier Besancenot a ainsi
accepté 1277 « amis » et Valérie Pécresse 1500, créant à la fois leurs
fans clubs et un espace d'expression libre pour les internautes. Du
coup certains journalistes y perçoivent une opportunité pour se
rapprocher des politiques. Dans la vie réelle, ça ne se fait pas pour
un journaliste de copiner avec un homme politique, vis-à-vis duquel il
doit maintenir une certaine distance. Mais sur le Net, de telles
précautions semblent surannées.
Des amitiés de tous bords
Claude Askolovitch et Matthieu Croissandeau du Nouvel Observateur, Carl
Meeus du Point, le chroniqueur David Abiker et Sylvain Lapoix de
Marianne2.fr font partie de ces journalistes qui s'affichent auprès
d'hommes politiques sur Facebook, gauche et droite confondues. Parmi
les « amis » de Claude Askolovitch, par exemple, on trouve David
Assouline, Olivier Besancenot, Jean-Christophe Cambadélis, Lyne
Cohen-Solal, Laurent Fabius, Valérie Pécresse ou encore Rama Yade, pour
n'en citer que quelques uns. Carl Meeus, lui, compte Georges Sarre,
Julien Dray, Marie-Noëlle Lienemann, François Rebsamen, Laurent
Wauquiez. Est-ce un moyen détourné de créer des liens avec ces hommes
dont ils dépendent professionnellement ? Oui pour certains de leurs
confrères qui y voient un manquement à l'éthique du journaliste et un
mélange déplacé des sphères politiques et journalistiques. Pour les
journalistes concernés c'est un faux problème. «
Ça ne prouve rien, c'est complètement bidon, s'exclame Claude
Askolovitch, ajoutant, les vraies connivences ne s'affichent pas sur
Internet. Je trouve juste ça drôle d'être à la fois « ami » avec
Olivier Besancenot et Valérie Pécresse !»
Plus surprenants encore sont les groupes auxquels adhèrent les hommes
politiques sur Facebook. La secrétaire d'Etat Rama Yade est membre des
groupes « Marre du froid » et « Je suis de droite et je vous emmerde ! » tandis que le socialiste David Assouline, plus poli, fait partie de « Je suis de gauche sur Facebook et je l'affirme ! » et de « Je suis plus gauche kebab que gauche caviar ». Razzy Hammadi a lui adhéré aux groupes « Légalisation du cannabis », «J'ai fait un bac ES et j'emmerde Xavier Darcos » et de i[« I bet I can find one million people who dislike Nicolas Sarkozy»]i (« Je parie que je peux trouver un million de personnes qui n'aiment pas Nicolas Sarkozy »).
Sans parler d'un fils de Ministre récemment invité à s'extirper au plus
vite de son groupe sur Facebook , très scatologique, qui faisait jaser
toute la blogospère. En somme, Facebook leur permet de se lâcher… et
nous de décrypter ce qui se passe dans le monde des élites.
Mardi 04 Décembre 2007 - 00:09
Pauline Delassus