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Mon Mulhouse2
3 décembre 2007

PS Blues (4) : Jean-Louis Bianco : « Le blues ne durera pas »

marianne2

PS Blues (4) : Jean-Louis Bianco : « Le blues ne durera pas »

Selon l'ex-directeur de campagne de Ségolène Royal, la crise au PS s'explique par le jeu médiatique et le blues post-présidentielle. Il ne saurait donc être que très passager.



PS Blues (4) : Jean-Louis Bianco : « Le blues ne durera pas »

 

Pourquoi le PS est-il « inaudible » ?
Jean-Louis Bianco : Ces critiques sont entretenues de l'extérieur et de l'intérieur pour servir une stratégie politico-médiatique claire de Nicolas Sarkozy : faire croire qu'il n'y a rien entre lui et Besancenot. On est en présence d'un pouvoir très arrogant. Il n'y a qu'à voir comment il traite nos propositions à l'Assemblée. Les députés PS proposent beaucoup de choses – sur la baisse de la TVA sur les produits de première nécéssité, sur le pouvoir d'achat en général… Nous sommes toujours traités par le mépris.

Vous parlez de « stratégie politico-médiatique ». Pensez-vous que les médias sont responsables du « trou d'air » que traverse le PS ?
Ce n'est pas un trou d'air, je suis d'accord avec l'analyse d'Henry Weber : nous avons perdu une bataille électorale, nous sommes simplement en train d'accuser le coup. Mais concernant les médias, et plus précisément la télévision, leur façon de traiter les socialistes est frappante. A partir du moment où le CSA refuse de décompter le temps de parole d'un Président qui est aussi Premier ministre, ministre de l'Intérieur, de l'Education nationale, etc., il ne nous reste environ que 10% du temps de parole politique. Et comme nous en utilisons la moitié pour étaler nos querelles internes, ça ne fait plus que 5%... Alors forcément, nous sommes « inaudibles » !

Justement, vous évoquez les « querelles internes ». Est-ce que ce n'est pas plutôt cela qui trouble vos sympathisants ?

Je ne crois pas. Que les socialistes ne soient pas d'accord entre eux sur un certain nombre de sujets prouve la vitalité de l'expression dans notre parti. Evidemment, les gens préfèrent souvent voir une seule tête. Mais les réflexions qui se mènent actuellement au sein du PS sur la nation et sur la mondialisation me paraissent très utiles. Même si ça n'intéresse pas forcément les Français, c'est un travail essentiel pour nous. On ne peut pas nier que nous ayons un aggiornamento à faire !

Ségolène Royal s'est tenue, jusqu'à présent, à distance d'un parti qui ne l'avait peut-être pas assez soutenue pendant la campagne…
Dire que le parti n'était pas derrière elle est exagéré. La base du PS, les premiers fédéraux et même les secrétaires nationaux ont vraiment joué le jeu, y compris des gens qui ne l'aimaient pas ou qui lui préféraient Fabius ou DSK. Aujourd'hui, tout en gardant sa liberté, Ségolène Royal veut jouer collectif. Si on lui propose des tâches dans la rénovation du PS, elle ne les refusera pas. Une fois passée le moment de la parution de son ouvrage Ma Plus belle histoire, C'EST VOUS (Grasset), elle va également limiter ses interventions dans les médias. La campagne est terminée.

Comment comprendre alors « Désirs d'avenir » : comme un nouveau courant, un club, un parti… ?
Non, Désirs d'avenir n'est surtout pas un parti bis, ni rien de tout cela. C'est une structure de réflexion et un lieu de réunion. Pendant la campagne, elle a pu décevoir quelques-uns de ses membres, des gens qui n'ont pas compris qu'une campagne présidentielle est une guerre éclair, qu'on n'a pas toujours le temps de prendre connaissance du travail de chacun, de féliciter les uns et les autres parce qu'on est dans l'urgence… Mais depuis la rentrée, Désirs d'avenir est devenu un lieu où, à l'inverse, on prend le temps de réfléchir sur tous les sujets, et pas seulement entre gens du PS puisqu'un tiers des membres ne sont pas des militants socialistes.

Qu'est-ce qui est le plus important pour redresser la barre : la refonte idéologique ou se doter d'un leader ?
D'ici un an, il y aura le Congrès. Est-ce que le premier secrétaire que se choisira le parti socialiste sera aussi son candidat pour 2012 ? Je n'ai pas de religion arrêtée sur la question. Est-ce qu'il s'appellera Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, est-ce que François Hollande souhaite, à l'issue de son mandat, être candidat à la présidentielle… Toutes ces questions sont secondaires. Ce qui est certain, c'est que la période difficile que nous connaissons ne durera pas, d'une part parce que le travail de rénovation idéologique est en train de se faire, d'autre part parce qu'on voit déjà que la popularité de Nicolas Sarkozy s'essouffle.

Pour être plus efficace face à Nicolas Sarkozy, est-ce que l'opposition, et pas seulement la gauche plurielle mais aussi, à votre gauche, la LCR ou à votre droite, le Modem, ne devraient pas resserrer leurs liens ?

Besancenot, c'est « faut qu'on, y a qu'à ». Il tient un discours facile : refuser les licenciements, augmenter tous les salaires, etc. C'est sympathique, mais ce n'est pas une position responsable. Concernant la gauche plurielle, il faut, bien sûr, travailler ensemble, mais pour cela il faut que chacun sache qui il est et précise son projet. Cela vaut pour les Verts, le PC, LO ou même le PS. Enfin, concernant le Modem, je partage l'analyse de François Rebsamen : il ne faut pas s'interdire d'alliances électorales s'il s'avère que nous sommes d'accords sur certains points. Il faudra avoir des discussions et, avant cela, il faut surtout que le Modem sache lui aussi qui il est.


Lundi 03 Décembre 2007 - 00:08

Propos recueillis par Anna Borrel

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