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Mon Mulhouse2
2 décembre 2007

L'agression contre Védrine ou les excès de la justice militante

marianne2

L'agression contre Védrine ou les excès de la justice militante

Aucun grand média n'a signalé l'agression contre l'ancien ministre des Affaires étrangères. Il y avait pourtant beaucoup à dire.



Les médias n'ont rien vu ou rien voulu voir: ni les agences de presse, ni les quotidiens et encore moins les télévisions. L'agression dont a été victime Hubert Védrine, le mercredi 28 novembre à l'entrée du Cercle militaire, place Saint Augustin, à Paris, a été quasi totalement passée sous silence. Seuls Marianne2 et deux ou trois autres sites du Net en ont rendu compte. Certes il n'y a pas eu mort d'homme : l'ancien secrétaire général de l'Elysée du temps de François Mitterrand a « juste » été aspergé de peinture rouge par une jeune femme l'accusant de complicité de génocide dans l'affaire rwandaise. Pendant ce temps, ses camarades de l'association « Génocide made in France » tendaient une banderole reprenant grosso modo la même accusation. Accusation gravissime s'il en est : Védrine, en tant que membre du conseil restreint de Défense, appartiendrait au cercle des responsables politiques et militaires français de l'époque ayant cyniquement soutenu le régime « hutu » du président Juvénal Habyarimana malgré la préparation, connue de tous, paraît-il, d'un génocide contre la minorité tutsi.

Des ONG supposées indepéendantes
Védrine est donc supposé répondre des fautes que le régime de Paul Kagamé, l'ancien chef des rebelles tutsis devenu président, reproche à la France avec le but clairement affirmé de la faire un jour condamner par une instance pénale internationale. Entreprise activement relayée depuis des années par plusieurs ONG que l'on aimerait croire totalement indépendantes.
L'accusation n'est donc pas anodine, pas plus que l'agression du petit commando de la place Saint Augustin qui, à l'image d'un Nicolas Sarkozy annonçant l'arrestation de « l'assassin du Préfet Erignac », se moque visiblement comme d'une guigne de la « présomption d'innocence.»
Quand en 1968, en plein congrès de la CDU, la grande formation conservatrice allemande, Beate Klarsfeld gifla publiquement le chancelier alors au pouvoir, Kurt Kiesinger, en le traitant de nazi, l'épouse et complice de Serge Klarsfeld n'agissait pas en fonction de vagues rumeurs. Kiesinger avait bel et bien milité au parti nazi et même travaillé sous les ordres de Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires Etrangères du Troisième Reich. « Génocide made in France », qui, même dans sa rhétorique, s'en prend aux supposés « complices », et non aux génocidaires en tant que tel, ne peut invoquer des preuves aussi incontestables concernant Védrine mais tient néanmoins sa vérité sur le génocide pour incontestable. Ils sont bien les seuls avec quelques imprécateurs cachés sous les habits du journaliste, du chercheur ou de « l'observateur impartial ».

Les autres, tous ceux qui ont plongé dans le drame rwandais, lors du génocide ou après, en sont ressortis avec beaucoup plus de questions que de certitudes. Questions effectivement sur le rôle de la France et des accords militaires passés avec un régime décrié… comme tant d'autres sur la planète. Questions sur les ambiguïtés de l'Opération Turquoise, la tardive intervention militaro-humanitaire de la France qui a permis de sauver plusieurs milliers de Tutsis (sur près de 800 000 morts) mais aussi facilité l'exfiltration de certains chefs génocidaires « Hutus » vers le Zaïre. Questions sur les auteurs de l'attentat ayant coûté la vie à l'ancien président Habyarimana, donnant ainsi un prétexte à l'effroyable chasse à l'homme. Questions enfin sur le rôle des autres puissances occidentales directement concernées alors par les tensions dans la région des Grands Lacs, la Belgique, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, autant de pays auxquels les militants de « Génocide made in France » ne semblent rien avoir à reprocher.

Kagamé accusé
Les réponses il est vrai tardent à venir. Une enquête parlementaire avait été confiée à Paul Quilès mais, le Parlement étant ce qu'il est en France, c'est-à-dire une institution sans réel pouvoir de contrôle sur l'exécutif, le résultat a été bien maigre. Des procédures judiciaires sont en cours. Le tribunal des Armées à Paris instruit toujours les plaintes de deux victimes tutsis contre la France. Parallèlement un nouveau magistrat a repris le dossier du juge Bruguière contre Paul Kagamé et plusieurs de ses proches accusés d'être les instigateurs de l'attentat contre Habyarimana. Enfin le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha en Tanzanie a déjà condamné plusieurs génocidaires et poursuit ses auditions. À la grande fureur de Kagamé et de certaines ONG, il a transféré à la justice française le soin de juger directement certains « présumés coupables » qui se sont réfugiés dans l'hexagone. Les militants de « Génocide made in France » ne laissent eux à personne d'autre le soin de mener à bien leur propre justice : il y a un procureur mais pas d'avocat.


Dimanche 02 Décembre 2007 - 00:21

Alain Léauthier

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Commentaires
F
toutes les organisations sont indépendantes…<br /> j'avais publié ceci AU CONDITIONNEL :<br /> http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2007/11/un-lien-entre-l.html<br /> développé sur un ton beaucoup plus affirmatif par le manipulé/manipulateur Thierry M…<br /> <br /> Pour ce qui concerne les affaires rwandaises, elles ne sont ni plus ni moins propres que les ivoiriennes…
Mon Mulhouse2
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