"Les vidéos auront une empreinte sur Dailymotion"

"Les vidéos auront une empreinte sur Dailymotion"

         

LE MONDE | 29.10.07 | 14h56  •  Mis à jour le 29.10.07 | 14h56         

undi 29 octobre, le site français de partage de vidéo DailyMotion devait signer un accord cadre avec l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA) avec l'objectif de "développer l'offre de programmes français disponible légalement sur Internet".

Martin Rogard, 27 ans, directeur des contenus du site et ancien responsable du pôle multimédia au ministère de la culture et de la communication, revient sur les axes de développement.

Les récents accords de partenariat signés avec Canal+ et l'USPA sont-ils une réponse aux accusations de piratage portées contre les plates-formes de partage de vidéo ?

Ces accords sont importants car ils ouvrent la voie à une collaboration avec les producteurs et les ayants droit des oeuvres. Avec ces accords, nous assurons une protection de leur contenu par le biais de la technologie "signature" développée par l'Institut national de l'audiovisuel (INA).

Concrètement, cela veut dire que les vidéos auront une empreinte sur DailyMotion. Nous pouvons ensuite la comparer avec la base d'empreintes fournie par les détenteurs des droits.

Nous avons déjà signé une charte de principe avec des grands acteurs des médias et de l'Internet comme Disney, Microsoft, MySpace, Fox, NBC ou CBS pour continuer à promouvoir la vidéo sur Internet dans le respect des droits d'auteur. Nous sommes les seuls acteurs européens à avoir fait cela.

Pour contrer le piratage et l'érosion de leur audience, les chaînes de télé développent la vidéo à la demande (VoD). Est-ce une concurrence pour un site comme DailyMotion ?

Je crois que les deux médias se nourrissent l'un l'autre. Si on regarde la coupe du monde de rugby, on voit que les audiences ont été très bonnes à la télévision.

Sur DailyMotion, les gens viennent chercher des vidéos parodiques, des contenus liés à l'événement du moment, mais plus alternatifs, moins grand public. Là où la télévision a besoin de trouver le plus petit dénominateur commun à des millions de téléspectateurs, nous pouvons nous permettre d'être pointus et spécifiques dans une multitude de domaines.

Une entreprise comme Disney a compris que les gens qui regardent de la vidéo sur Internet ne veulent pas voir des films de 90 minutes. Ils ont donc créé un studio dédié à la production de contenus adaptés à Internet.

Aujourd'hui, les diffuseurs comprennent l'intérêt de travailler sur le côté communautaire des internautes pour connaître leur avis, leurs réactions face un programme.

Comment un site comme DailyMotion peut-il atteindre sa rentabilité sachant que son accès est gratuit ?

Nous sommes dans un modèle économique fondé sur la publicité. Nous cherchons à monétiser notre audience qui atteint 750 millions de vidéos vues par mois avec 40 millions de visiteurs uniques et c'est pour cela que nous passons des accords avec les ayants droit. Nous leur offrons de la visibilité, et nous, nous pouvons exploiter les vidéos dans de bonnes conditions.

Avec le groupe américain Turner, nous avons adopté un modèle économique fondé sur le partage des revenus publicitaires. Eux nous livrent des contenus adaptés au format Internet et ensuite nous partageons les revenus que ces contenus génèrent. C'est également ce modèle que nous avons retenu avec l'USPA.

Comment encouragez-vous la création de contenu vidéo par les internautes ?

Nous avons aujourd'hui plus de 2 700 "MotionMakers" enregistrés chez nous. Ce sont des utilisateurs qui produisent des contenus que nous mettons en avant sur nos pages. Nous recevons 300 vidéos par jour de la part des "MotionMakers".

Nous sommes en train de réfléchir à la manière de les rémunérer. Mais la plupart ne cherchent pas de l'argent, ils veulent avant tout de la visibilité. Nous les accompagnons, organisons des projections dans les salles de cinéma. Nous avons une vraie relation personnelle avec eux.

Développer les courts métrages fait aussi partie de notre politique d'accompagnement des créateurs. Nous travaillons également avec les fédérations sportives qui veulent profiter du Web comme facteur de promotion pour des sports peu diffusés à la télévision.

Quels sont les autres axes de développement de DailyMotion ?

Nous réfléchissons à toutes les options. Nous sommes déjà présents chez SFR avec une déclinaison mobile de notre site, et chez Skype. Un partenariat de distribution a été signé à l'étranger avec Telecom Italia (Alice).

D'autres accords sont en préparation dans le domaine de la télévision sur ADSL. 25 millions d'euros de fonds ont récemment été levés et nous avons les moyens de notre développement.

Propos recueillis par Guillaume Fraissard

Article paru dans l'édition du 30.10.07.