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29 octobre 2007

L'UFC-"Que choisir" dénonce à nouveau les prix "abusifs" de l'eau

lemondefr_grd

L'UFC-"Que choisir" dénonce à nouveau les prix "abusifs" de l'eau
         

LE MONDE | 29.10.07 | 14h14  •  Mis à jour le 29.10.07 | 16h52

Les prix de la distribution et de l'assainissement de l'eau dans les grandes villes sont "souvent très abusifs", souligne l'UFC-Que choisir dans un nouveau rapport présenté lundi 29 octobre. Après une première étude menée en janvier 2006, qui s'appuyait sur un mode de calcul controversé, l'association de consommateurs a effectué une deuxième enquête dans les dix agglomérations déjà retenues (Paris et l'Ile-de-France, Lyon, Lille, Nantes...) et dans neuf autres villes (Marseille, Bordeaux, Toulouse...).

Sur la base de ces nouveaux calculs, l'association conclut que "les résultats varient très peu", la marge moyenne (résultat ramené au chiffre d'affaires) des opérateurs (régie ou compagnie privée) des dix villes du premier échantillon tombant de 33,2 % à 30,6 %. "Nous estimons qu'un taux raisonnable doit se situer entre 15 % et 20 % pour les réserves et les profits", indique François Carlier, directeur des études et de la communication de l'UFC-Que choisir.

On en est très loin dans certaines villes : la marge monte à 58,7 % en moyenne pour les 114 communes du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), 56,1 % à Marseille, où l'eau est "2,2 fois plus cher que ce qu'elle coûte", 47,8 % à Lyon, ou 45,7 % à Reims. En revanche, quelques villes sont dans la fourchette recommandée par l'UFC-Que choisir : Chambéry (10,4 %), Clermont-Ferrand (13,9 %), Annecy (15,9 %) et Grenoble (19,5 %) – quatre agglomérations où l'eau est gérée en régie municipale.

"PRATIQUES IRRÉGULIÈRES"

Régies publiques contre entreprises privées (Veolia Eau et Suez-Lyonnaise des eaux) ? M. Carlier se défend d'opposer systématiquement les deux et note que certaines régies – le Sedif pour la distribution dans les départements franciliens et le Siapp pour l'assainissement – présentent des factures "abusives" aux consommateurs.

Il dénonce aussi les "pratiques irrégulières" de certaines collectivités, et rappelle que la Cour des comptes a reproché au Siapp de financer la coûteuse gestion des eaux pluviales par la facture alors qu'elle relève du budget des collectivités locales. L'UFC n'en dénonce pas moins les "bénéfices faramineux" des Veolia et autres Suez.

Antoine Frérot, directeur général de Veolia Eau, reconnaît que les prix des entreprises privées sont plus élevés de 15 % à 20%. "Le service est plus complexe et mieux géré, explique-t-il. Les réseaux gérés par les entreprises perdent en général 20 % d'eau en moins que les services en régie. Les entreprises acquittent aussi une fiscalité plus lourde que les collectivités locales. Si on tient compte de ces éléments, le service est en fait un peu moins cher pour la délégation que pour la régie directe."

M. Frérot conteste que le marché de l'eau soit peu concurrentiel. "Sur les dernières années, 10 % à 12 % des contrats changent de main (d'un groupe privé à l'autre)", un taux "normal dans un système concurrentiel", juge-t-il. "Sur les 700 contrats mis en renouvellement chaque année, moins d'une dizaine revient en régie", remarque-t-il. Avec une explication : "Les élus préfèrent déléguer les responsabilités, ils redoutent les responsabilités en cas de problème sanitaire."

M. Carlier concède que les entreprises privées ont souvent des contrats plus difficiles, notamment des eaux plus polluées à traiter. Mais il dénonce "une surestimation de la sécurité" et des usines surdimensionnées au nom de la sécurisation de l'approvisionnement, un élu ne détestant rien tant qu'une coupure d'eau décidée par le préfet.

Il se demande aussi pourquoi l'effet de densité ne joue pas en faveur des grandes villes : l'eau y est plus chère alors que les frais de canalisations, très importants dans le prix de revient, sont moins importants qu'en zone rurale en raison des faibles distances pour raccorder les clients.

"ASYMÉTRIE D'INFORMATION"

De nombreux contrats d'eau arrivent à échéance et l'UFC-Que choisir demande plus de vigilance aux élus. Mais les données publiques manquent et le rapport annuel du maire sur l'eau, obligatoire depuis 1995, est trop succinct. "Dans la renégociation des contrats, l'asymétrie d'information entre l'élu et les grandes entreprises donne un avantage aux secondes", souligne M. Carlier.

L'association lance un "appel aux maires" pour qu'ils envisagent un retour à la régie publique. Au moins pour disposer d'un levier de négociation et obtenir une baisse des tarifs de Veolia et Suez. Elle propose aussi "un débat contradictoire et factuel" avec les édiles pour comparer leurs données à celles de l'UFC-Que choisir. Il n'est pas sûr qu'ils soient prêts à ouvrir la boîte noire de la gestion de l'eau – surtout à la veille des élections municipales de mars 2008.

Jean-Michel Bezat et Gaëlle Dupont

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