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Mon Mulhouse2
23 octobre 2007

Mini traité : le PS dans un maxi piège

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Mini traité : le PS dans un maxi piège

Par Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.



Mini traité : le PS dans un maxi piège

 

Les socialistes vont tenter d'en sortir aujourd'hui, lors de leur bureau national, mais ils sont dedans jusqu'au cou, jusqu'aux yeux, jusqu'aux cheveux ! Dans le piège du mini traité européen que Nicolas Sarkozy a tenu à armer avant les élections municipales. C'est pourquoi le chef de l'Etat a réuni précipitamment les dirigeants de l'UMP dimanche dernier après le sommet de Lisbonne. Il s'agissait de profiter de ce grand succès diplomatique qu'est celui de la France, qui est le sien, qui doit devenir aussi celui de la majorité… Il fallait donc capitaliser ce succès en organisant dans tout le pays des meetings de mobilisation et l'UMP devait en profiter pour faire éclater au grand jour, aggraver encore les divisions du PS et de la gauche sur l'Europe. C'est pour cette raison que la ratification de ce traité dit simplifié sera poussée à marche forcée, de l'examen devant le Conseil constitutionnel dès le 14 décembre après ratification par les 27, au vote devant le Congrès, juste après les fêtes de fin d'année mais, en tout état de cause, avant les municipales afin de placer l'opposition devant ses contradictions. Soit le PS dit non et il s'oppose à tous les socialistes européens et un bon nombre de ses dirigeants qui sont favorables au texte, soit il dit oui et il se met en porte-à-faux avec sa gauche noniste. Soit encore il s'abstient, ce qui lui sera aussi reproché par les mêmes et de toute façon, les deux camps s'affronteront par média interposés.

Ce piège, le PS l'avait évidemment subodoré, puisqu'une commission s'est réunie plusieurs fois depuis l'été sous la direction du député européen Benoît Hamon afin de tenter de dégager une position commune qui permette d'éviter la guerre civile avant les échéances électorales. C'est au nom de cette raison supérieure qu'Hamon et la direction du PS espéraient non pas s'en tirer indemnes mais dégager une position qui évite l'écartèlement. Le premier point tient en un renoncement au référendum. Comme François Bayrou, Ségolène Royal s'était engagée à demander une nouvelle consultation référendaire des Français afin que ne puisse être refait sans le peuple ce qui a été défait par lui.

Plus question d'exiger un référendum puisque ce traité ne serait plus qu'un texte technique qui permette une relance a minima de l'Europe sans rien régler des politiques essentielles à inventer en matière sociale comme énergétique ou même éducative. L'on voit ce qui pourrait faire consensus au PS selon la direction : une abstention ou un refus de vote critique. Allez hop, circulez, il n'y a rien ou si peu à voir. L'essentiel est ailleurs, sur l'Europe sociale donc d'abord qu'il faudra réinventer. Ainsi tenterait-on de s'en sortir par le haut, ou par le bas. C'est en tout cas ce qu'a dénoncé le noniste historique Jean-Luc Mélenchon qui, en dépit des pressions des fabiusiens favorables à une abstention raisonnable, a déclaré qu'il n'y aurait pas de consensus sur cette question, que « ce traité n'était ni simplifié ni démocratique ni social ».

Mélenchon est symbolique de toute cette gauche qui refuse toujours qu'on lui refile en contrebande ce qui a été refusé au grand jour. Une gauche qui rassemble du monde sur le terrain et qui refuse de mettre son drapeau rouge dans la poche. Alors qu'en face, les ouistes eux aussi sont mal à l'aise à l'idée de s'abstenir. Jack Lang a déjà dit que pour lui c'était oui. D'autres députés européens comme Bernard Poignant et Pierre Moscovici ou même l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, sont favorables au « oui malgré tout ». Alors, bien sûr, ils ne voudront pas faire la guerre sur ce sujet. Ils ne voudront pas porter la responsabilité d'un clash dans le parti juste avant les municipales. Mais c'est pour eux une sortie piteuse qui revient à porter la responsabilité du texte qu'ils vont laisser approuver sans en tirer aucun profit. Les ouistes abstentionnistes seront la cible des nonistes, sans même défendre leur point de vue ni leurs convictions et en laissant Sarkozy pêché, chaluté toujours plus dans leurs rangs.

On comprend pourquoi le chef de l'Etat avait recruté Jean-Pierre Jouyet aux Affaires européennes. Cet ancien proche, très proche de François Hollande, va pouvoir accompagner partout en France pendant la campagne électorale le chef de l'Etat afin de vanter son engagement européen qui est censément aussi à la base de l'engagement socialiste. Et sous les applaudissements arriveront ensuite sur scène UMP un autre europhile, Bernard Kouchner, et puis Jean-Marie Bockel et puis Jack Lang, etc. Le maxi supplice du mini traité est avancé.


Mardi 23 Octobre 2007 - 12:59

Nicolas Domenach

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