Mini traité : le PS dans un maxi piège
Mini traité : le PS dans un maxi piège
Les socialistes vont tenter d'en sortir aujourd'hui, lors de leur
bureau national, mais ils sont dedans jusqu'au cou, jusqu'aux yeux,
jusqu'aux cheveux ! Dans le piège du mini traité européen que Nicolas
Sarkozy a tenu à armer avant les élections municipales. C'est pourquoi
le chef de l'Etat a réuni précipitamment les dirigeants de l'UMP
dimanche dernier après le sommet de Lisbonne. Il s'agissait de profiter
de ce grand succès diplomatique qu'est celui de la France, qui est le
sien, qui doit devenir aussi celui de la majorité… Il fallait donc
capitaliser ce succès en organisant dans tout le pays des meetings de
mobilisation et l'UMP devait en profiter pour faire éclater au grand
jour, aggraver encore les divisions du PS et de la gauche sur l'Europe.
C'est pour cette raison que la ratification de ce traité dit simplifié
sera poussée à marche forcée, de l'examen devant le Conseil
constitutionnel dès le 14 décembre après ratification par les 27, au
vote devant le Congrès, juste après les fêtes de fin d'année mais, en
tout état de cause, avant les municipales afin de placer l'opposition
devant ses contradictions. Soit le PS dit non et il s'oppose à tous les
socialistes européens et un bon nombre de ses dirigeants qui sont
favorables au texte, soit il dit oui et il se met en porte-à-faux avec
sa gauche noniste. Soit encore il s'abstient, ce qui lui sera aussi
reproché par les mêmes et de toute façon, les deux camps s'affronteront
par média interposés.
Ce piège, le PS l'avait évidemment
subodoré, puisqu'une commission s'est réunie plusieurs fois depuis
l'été sous la direction du député européen Benoît Hamon afin de tenter
de dégager une position commune qui permette d'éviter la guerre civile
avant les échéances électorales. C'est au nom de cette raison
supérieure qu'Hamon et la direction du PS espéraient non pas s'en tirer
indemnes mais dégager une position qui évite l'écartèlement. Le premier
point tient en un renoncement au référendum. Comme François Bayrou,
Ségolène Royal s'était engagée à demander une nouvelle consultation
référendaire des Français afin que ne puisse être refait sans le peuple
ce qui a été défait par lui.
Plus question d'exiger un référendum
puisque ce traité ne serait plus qu'un texte technique qui permette une
relance a minima de l'Europe sans rien régler des politiques
essentielles à inventer en matière sociale comme énergétique ou même
éducative. L'on voit ce qui pourrait faire consensus au PS selon la
direction : une abstention ou un refus de vote critique. Allez hop,
circulez, il n'y a rien ou si peu à voir. L'essentiel est ailleurs, sur
l'Europe sociale donc d'abord qu'il faudra réinventer. Ainsi
tenterait-on de s'en sortir par le haut, ou par le bas. C'est en tout
cas ce qu'a dénoncé le noniste historique Jean-Luc Mélenchon qui, en
dépit des pressions des fabiusiens favorables à une abstention
raisonnable, a déclaré qu'il n'y aurait pas de consensus sur cette
question, que « ce traité n'était ni simplifié ni démocratique ni
social ».
Mélenchon est symbolique de toute
cette gauche qui refuse toujours qu'on lui refile en contrebande ce qui
a été refusé au grand jour. Une gauche qui rassemble du monde sur le
terrain et qui refuse de mettre son drapeau rouge dans la poche. Alors
qu'en face, les ouistes eux aussi sont mal à l'aise à l'idée de
s'abstenir. Jack Lang a déjà dit que pour lui c'était oui. D'autres
députés européens comme Bernard Poignant et Pierre Moscovici ou même
l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, sont
favorables au « oui malgré tout ». Alors, bien sûr, ils ne voudront pas
faire la guerre sur ce sujet. Ils ne voudront pas porter la
responsabilité d'un clash dans le parti juste avant les municipales.
Mais c'est pour eux une sortie piteuse qui revient à porter la
responsabilité du texte qu'ils vont laisser approuver sans en tirer
aucun profit. Les ouistes abstentionnistes seront la cible des
nonistes, sans même défendre leur point de vue ni leurs convictions et
en laissant Sarkozy pêché, chaluté toujours plus dans leurs rangs.
On comprend pourquoi le chef de l'Etat
avait recruté Jean-Pierre Jouyet aux Affaires européennes. Cet ancien
proche, très proche de François Hollande, va pouvoir accompagner
partout en France pendant la campagne électorale le chef de l'Etat afin
de vanter son engagement européen qui est censément aussi à la base de
l'engagement socialiste. Et sous les applaudissements arriveront
ensuite sur scène UMP un autre europhile, Bernard Kouchner, et puis
Jean-Marie Bockel et puis Jack Lang, etc. Le maxi supplice du mini
traité est avancé.
Mardi 23 Octobre 2007 - 12:59
Nicolas Domenach