Les médias guettent le couple présidentiel
Les médias guettent le couple présidentiel
En parler ou pas, et comment ? Depuis maintenant une semaine, les
journaux se surveillent : qui, le premier osera à nouveau évoquer « le
cas Cécilia » ? Car entre la première séparation entre Nicolas Sarkozy
et le contexte actuel, la plupart des rédactions ont évolué.
D'abord, le strict respect de la vie privée, à laquelle « la grande presse »
demeure attachée, ne s'applique plus au couple présidentiel. La façon
dont, depuis des années, Nicolas Sarkozy a mis en avant son épouse et
sa famille dans sa campagne présidentielle, l'intervention de Cécilia
Sarkozy dans la libération (et sans doute dans la négociation avec le
pouvoir libyen) des infirmières bulgares, l'affectation d'une petite
équipe de conseillers aux activités de l'épouse du Président,
l'influence des médias étrangers et la pression de la presse people,
tout concourt à « traiter le sujet ». Le couple présidentiel est désormais un sujet politique.
Les rédactions se préparent donc, certaines en y mettant les moyens. Le Parisien-Aujourd'hui a, le premier « osé », en proclamant à la une dès mardi 2 octobre « Mais où est passée Cécilia ? ».
Le dossier s'appuyait sur deux faits qui n'ont échappé à personne : un,
l'absence de Cécilia Sarkozy lors du voyage officiel en Bulgarie de son
époux et sa décision de ne pas participer, comme c'était prévu à
l'émission Vivement Dimanche de Michel Drucker sur France consacrée à
Rachida Dati.
« Depuis la parution de ce dossier, analyse Dominique de Montvallon, directeur-adjoint du Parisien-Aujourd'hui, la
question reste entière, et nous sommes donc, de façon professionnelle
et raisonnable, aux aguets des rumeurs qui vont bon train, et des bouts
d'information. » Considérant qu'il ne pourra revenir sur le
sujet que sur la base d'informations nouvelles, officielles ou
d'investigations abouties, le quotidien a quasiment finalisé des pages
prêtes à éditer « au cas où ». Au Figaro, Nicolas Beytout a confié aux journalistes politiques qu'ils devaient se préparer à aborder le sujet.
VSD a mis, dès cette semaine Cécilia Sarkozy à la une, avec la manchette « Que veut Cécilia ?
» En pages intérieures, l'article ne prétend pas, toutefois, à répondre
à une telle question. Car « Cécilia », proclame l'hebdomadaire, est
bien trop « imprévisible » pour cela. VSD relate toutefois son séjour dans un hôtel genevois. Le Canard Enchaîné
de son côté a publié une information selon laquelle Claude Guéant
aurait fait effectuer une recherche sur les cas de divorce présidentiel
à l'étranger. Moins tenu par les conventions de la vie politique
française, le quotidien suisse La Tribune de Genève parle de séparation « officieuse »et révèle que « les journalistes français ont traqué Cécilia jusqu'à Genève. » Tiens donc !
Bref, chacun tourne autour du pot sans trop oser s'avancer. On comprend
pourquoi. D'abord, l'Elysée refuse d'aborder le sujet, même lorsque le
journaliste du Parisien-Aujourd'hui Ludovic
Vigogne questionne publiquement la porte-parole de Nicolas Sarkozy
David Martinon. On peut penser, si, toutefois, il y a quelque chose
dernière la rumeur, qu'en bon communicant, Nicolas Sarkozy utilise
pleinement son arme fatale, la maîtrise de l'agenda.
Deuxième élément qui fait hésiter les rédactions,
l'analyse des rumeurs conduit à penser que leur origine prend sa source
parmi quelques sarkozystes en froid depuis des mois avec l'épouse du
Président. Méfiance donc.
Les journalistes sont finalement pris
dans une sorte de « double bind » (une injonction paradoxale en
français). D'un côté, ils n'ont plus d'informations à se mettre sous la
dent. De l'autre, attendre un « communiqué » officiel de l'Elysée ou de
Cécilia fait craindre aux responsables de presse de passer pour une « presse aux ordres », qui attend le feu vert de la Cour pour évoquer la vie de « la famille impériale
». Crainte d'autant plus aiguë que certains sites Internet et journaux
people semblent bien décider à profiter de ce sujet pour stimuler leur
audience.
Dès lors, il ne reste plus qu'à préparer les commentaires prévus pour cet événement attendu. Marianne2.fr peut
d'ores et déjà révéler comment serait traitée l'information si elle se
confirmait officiellement : la nouveauté et la « modernité » que
constituerait un divorce présidentiel, le premier dans l'histoire des
présidences. Il n'y a plus qu'à attendre…. Ou à s'intéresser à des
sujets plus directement politiques.
Vendredi 12 Octobre 2007 - 07:01
Philippe Cohen